Dialogue interreligieux de Nagasaki pour la paix dans le monde

De la souffrance à  la construction de la paix

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La deuxième bombe atomique lancée le 9 août 1945 surla vilel japonaise de Nagasaki, trois jours après celle d’Hiroshima, constitue une « horrible blessure infligée » au peuple japonais mais aussi à toute la famille humaine, estime le président du Conseil pontifical Justice et Paix, le cardinal ghanéen Peter Turkson.

Il s’est en effet  rendu au Japon à l’occasion de l’initiative des évêques japonais intitulée « Dix jours pour la paix », et organisée dans chaque diocèse du pays pour rappeler l’anniversaire des deux bombes atomiques.

Il s’est adressé aux représentants de différentes religions mercredi dernier, 7 août, lors d’un dîner à Nagasaki.

Nous avons publié différentes interventions de ce voyage les 3, 5 et 6 août.

Discours du card. Turkson (original en anglais)

Je suis honoré d’être avec vous pour rappeler solennellement le 68eme anniversaire de cet événement et pour participer à l’initiative « Dix jours pour la paix ». On accepte une telle invitation, non pas comme un touriste, ni même comme un invité, mais seulement en pèlerin.

Nous représentons les grandes traditions religieuses et spirituelles de l’Asie – les bouddhistes et les shintoïstes, les chrétiens (évangéliques, réformés, protestants et catholiques) ainsi que la laïcité mondiale contemporaine. Chaque tradition peut expliquer sa vision selon laquelle nous venons en pèlerinage ici pour commémorer l’horreur indicible et la destruction.

Selon la croyance catholique, Dieu a fait l’homme pour la vie, la liberté et le bonheur. C’est évidemment ce que chacun de nous veut le plus profondément.

Et pourtant notre destin sur la terre, la plupart du temps, semble consister non dans la liberté et le bonheur, mais dans la souffrance. Désorientés et découragés, nous sommes tentés de nous soumettre à la souffrance comme à une punition ou une sanction, comme à un destin cruel. Une souffrance aussi insensée peut finir par nous anéantir.

Mais ici, au Japon, en 1981, le bienheureux Jean-Paul II a défini avec justesse la souffrance apportée par la guerre, en particulier par la bombe atomique, comme le fruit du péché humain et le résultat du mal en acte. Le pape François apporte une précision similaire : « La possession de l’énergie atomique peut provoquer la destruction de l’humanité. Quand l’homme devient orgueilleux, il crée un monstre qui risque d’échapper à son contrôle ».

Les individus et les sociétés sont toujours tentés par les passions de l’avidité et de la haine, mais ils n’ont pas à succomber. Au lieu d’exclure ceux qui sont démunis, répondons à leurs besoins. Au lieu d’éviter ceux qui souffrent, accompagnons-les. Au lieu de maudire ce dont nous souffrons, offrons-le pour les autres. Au lieu de nous  cacher les problèmes d’aujourd’hui, affrontons courageusement les situations sociales et les structures qui sont source d’injustice et de conflit. « La paix, ou la survie de la race humaine, est désormais indissolublement liée au progrès, au développement et à la dignité de tous les peuples ».

Il ya cinquante ans, à un moment où la menace nucléaire était sérieuse, le bienheureux Jean XXIII a publié une encyclique historique, Pacem in terris, demandant que l’on bâtisse la paix sur des bases solides. Les papes suivants ont continué à rappeler au monde que la paix est inclusive et indivisible : une partie de la population ne peut jouir de la paix tandis que d’autres sont victimes d’exclusion, de privation, d’injustice et de violence. Car « aucune tentative de consolidation de la paix ne sera capable de durer », selon le pape François, « et, de même, l’harmonie et le bonheur ne pourront être atteints dans une société qui ignore, marginalise ou exclut une partie d’elle-même ». Qui notre partie de société ignore-t-elle, marginalise-t-elle ou exclut-elle ?

Une réelle recherche de la paix inclut et intègre même ceux qui sont dans les périphéries. Par ailleurs, selon la foi chrétienne, nous sommes unis à Jésus-Christ dans la logique du Salut par sa Croix. Avec Saint Paul, nous affirmons que « la mort a été engloutie dans la victoire » et, triomphalement, nous pouvons demander : « O mort, où est ta victoire ? O mort, où est ton aiguillon? »

De la part des victimes de la souffrance écrasées par la guerre, puis-je inviter chacun d’entre nous et chacune de nos communautés de foi, à honorer la mémoire de Nagasaki en collaborant solidairement pour construire une paix véritable ? Je vous remercie.

Traduction Hélène Ginabat

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ZENIT Staff

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