Le Saint-Siège a longuement plaidé pour une solution au conflit syrien, à la tribune de l’ONU : « La paix rendra tout le monde gagnant ». Il a également appelé l’attention de la communauté internationale sur « les effets dévastateurs du conflit sur la population chrétienne ».
Mgr Francis A. Chullikatt, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations-Unies de New-York, a pris la parole lors du débat sur le Moyen-Orient, le 23 juillet 2013.
L’archevêque a souhaité concentrer son intervention sur « la souffrance insupportable du peuple de Syrie », en particulier sur « les effets dévastateurs du conflit sur la population chrétienne ».
Le Saint-Siège, a-t-il rappelé, est préoccupé « pour la paix et le bien-être de tous les peuples du Moyen-Orient, quelle que soit leur ethnie ou leur religion ».
Cependant la communauté chrétienne est « confrontée à de nombreux défis pour sa survie » : d’une part « les groupes extrémistes idéologiques qui cherchent à les éradiquer de la région » et d'autre part, « l'insécurité persistante pour les familles et leurs maisons ».
Mgr Chullikatt a dénoncé « de nombreux actes odieux dont une longue série d'enlèvements de chrétiens, y compris les évêques, les prêtres et des meurtres horribles de civils innocents ».
Les exactions ont lieu également contre les lieux de culte, a-t-il ajouté, mentionnant « plus de 60 églises chrétiennes et établissements affiliés détruits » qui ont forcé les chrétiens à « chercher des moyens, dans des circonstances dangereuses et potentiellement mortelles, de protéger leurs objets sacrés, précieux témoignages de leur tradition et culture bimillénaires ».
Pour le Saint-Siège, « il ne peut y avoir de progrès social et de justice sans accorder aux minorités religieuses et ethniques la place qui leur revient en tant que membres à part entière de la société ».
D’autant que la population chrétienne, « dans ses diverses traditions, est présente dans le pays depuis 2000 ans », a-t-il rappelé, estimant que leur patrimoine était un « patrimoine mondial d’une valeur universelle pour l'ensemble de l'humanité »
Le Saint-Siège s’est également inquiété des statistiques de la situation humanitaire « catastrophique » en Syrie : 1,8 millions de réfugiés (près de 10% de la population) dans les pays voisins, 4 millions de personnes déplacées (18% de la population), 6,8 millions de victimes, 4 millions de personnes sans logement et près de 5.000 décès par mois depuis mars dernier. « À ce rythme, il pourrait y avoir plus de 100.000 décès d’ici août », a fait observer Mgr Chullikatt.
Ce conflit destructeur, a-t-il poursuivi, est « exacerbé par des influences extérieures et des groupes extrémistes qui y voient une opportunité de gains politiques ou idéologiques ».
« Le refus persistant des deux côtés du conflit à s'engager dans un véritable dialogue politique pour construire une Syrie réconciliée augure seulement plus de décès, de peur, de haine et de destruction », a-t-il mis en garde.
« Il ne peut y avoir de solution militaire au conflit syrien », a insisté le Saint-Siège : « La guerre ne peut jamais être considérée comme un moyen de résoudre les conflits… quand elle se produit, la guerre ne peut être gagnée que par la paix, oui, la paix remporté par la négociation, le dialogue et la réconciliation ».
C’est pourquoi l’archevêque a souhaité que la communauté internationale « puisse trouver le courage de réconcilier ses différences et de montrer la détermination politique nécessaire lors de la Conférence de Genève 2 – encore sans date précise à ce jour – afin d'aider toutes les parties à redécouvrir l'indispensable voie du dialogue ».
Il a invité à ce propos toutes les responsables à « s'abstenir d'entraver » les négociations : « La paix en Syrie nous rend tous gagnants, tandis que le conflit qui perdure ne garantit que des perdants », a-t-il conclu.