Vendredi Saint : la mort est une porte, et non pas un mur

Prédication du P. Cantalamessa

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« La mort n’est plus un mur contre lequel se brise toute espérance humaine ; elle est devenue un pont vers l’éternité », déclare le P. Cantalamessa.  

Le P. Raniero Cantalamessa, ofmcap, prédicateur de la Maison pontificale, a prononcé l’homélie de ce Vendredi Saint, 29 mars 2013, lors de la célébration de la Passion en la basilique Saint-Pierre. Il a médité sur le thème « Justifiés gratuitement par la foi et par le sang de Jésus-Christ ».

C’est en effet la tradition que, le Vendredi Saint, l’homélie de la célébration de la Passion, soit prononcée par le Prédicateur de la Maison pontificale.

La mort, une porte et non pas un mur

Pour le P. Cantalamessa, à travers la mort et la résurrection de Jésus, « une chose surtout paraît différente, vue avec les yeux de la foi: la mort », qui n’est plus « un mur contre lequel se brise toute espérance humaine » mais qui est devenue « un pont vers l’éternité » 

Même si elle est « un pont des soupirs », parce que « personne n’aime mourir », elle n’est plus cependant « un abîme qui avale tout ».

En effet, a-t-il rappelé, « le Christ est entré dans la mort comme on entre dans une sombre prison; mais il en est sorti en passant par l’autre mur. Il n’est pas retourné là d’où il était venu, comme Lazare qui se remet à vivre pour mourir à nouveau. Il a ouvert une brèche vers la vie que personne ne pourra refermer, et pour laquelle tous peuvent le suivre. »

En outre, « en Jésus-Christ mort et ressuscité le monde a atteint sa destination finale », a poursuivi le P. Cantalamessa : « les cieux nouveaux et la terre nouvelle ont déjà commencé ».  

Et ce, a-t-il ajouté, « malgré toutes les misères, les injustices, les monstruosités, présentes sur terre. Ainsi, « ce que nous voyons de nos yeux peut nous suggérer le contraire, mais le mal et la mort sont en réalité battus à jamais ».

La décision la plus importante de la vie

Le Vendredi Saint est « le sommet de l’année de la foi » mais aussi « son moment décisif », a estimé le P. Cantalamessa : « nous avons la possibilité de prendre, ce jour-là, la décision la plus importante de toute notre vie, celle qui ouvre grand les portes de l’éternité : croire ! »

En effet, a-t-il expliqué en citant une homélie pascale du IVème siècle : « Pour chaque homme, le début de la vie est celui à partir duquel le Christ s’est immolé pour lui. Mais le Christ s’est immolé pour lui au moment où il a reconnu la grâce et où il est devenu conscient de la vie qui lui a été donnée par cette immolation ».

Il s’agit donc de « croire que « Jésus est mort pour nos fautes et ressuscité pour notre justification » (Rm 4, 25) ». Ainsi, « la « nouvelle alliance éternelle » est scellée par une poignée de main entre Dieu et l’homme » : « D’un côté il y a la main tendue de Dieu qui offre sa grâce à l’homme; de l’autre la main de l’homme qui se tend pour l’accueillir avec foi. »

« Ce Vendredi Saint célébré durant l’Année de la foi et en présence du nouveau successeur de Pierre, pourrait être, si nous le voulons, le début d’une nouvelle vie », a insisté le prédicateur, précisant que « la seule chose qu’on nous demande c’est d’être « juste », de reconnaître que nous avons besoin d’être justifiés ; que nous ne nous justifions pas nous-mêmes », car « c’est l’unique chose dont Dieu a besoin pour agir ».

L’évangélisation est un don de Dieu

Le P. Cantalamessa a souligné par ailleurs « l’urgence » de l’évangélisation, par laquelle « se vérifie une mystérieuse, mais réelle venue du Seigneur qui apporte le salut ».

« L’évangélisation chrétienne n’est pas « conquête », n’est pas « propagande » ; c’est un don de Dieu au monde en son Fils Jésus », a-t-il ajouté.

Pour que le message du Christ reste « libre et joyeux », le P. Cantalamessa a invité l’Eglise à se débarrasser de ce qui l’encombre : « les  murs diviseurs, à commencer par ceux qui séparent les différentes Eglises chrétiennes entre elles, l’excès de bureaucratie, les restes d’apparats, lois et controverses passées, devenus désormais de simples détritus ».

Tout en gardant à l’esprit que « ce n’est pas que de nous-mêmes nous soyons capables de revendiquer quoi que ce soit comme venant de nous ; non, notre capacité vient de Dieu, qui nous a rendus capables d’être ministres d’une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’Esprit ; car la lettre tue, l’Esprit vivifie » (2 Co 2, 16; 3, 5-6).

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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