Le P. Adolfo Nicolàs, S.J., supérieur général des jésuites, a fait parvenir une lettre intitulée “Avec le pape François au début de son pontificat”, à toute la Compagnie de Jésus, en date du 26 mars. Il y précise l’attitude de la Compagnie envers le nouveau pape issu de ses rangs : disponibilité, humilité, obéissance.
Le P. Nicolàs explique qu’il a « senti le besoin d’écrire à nouveau à la Compagnie » après avoir concélébré la messe d’inauguration du pape François au côté du Ministre Général des franciscains, le 19 mars dernier.
L’attente de l’Eglise
Il fait observer que toute l’Eglise est en train de scruter les paroles et les actions du nouveau pape « avec une grande attente », dans « un climat général d’espérance » auquel correspond le choix du nom François « tel une annonce de renouvellement et de réforme que l’Eglise même désire pour nous tous ».
Le Supérieur général des jésuites, qui a déjà été contacté deux fois au téléphone par le nouveau pape et qui l’a rencontré au Vatican le 17 mars, réaffirme que « la Compagnie continue à être unie au Saint-Père en la personne du pape François » et qu’elle lui offre « sans conditions » toutes ses « ressources », autant « dans le domaine théologique que scientifique, administratif ou spirituel », pour l’aider « face aux questions complexes et aux problèmes qu’il devra affronter ».
Pas de triomphalisme
Mais bien que « le pape François se sente profondément jésuite et l’ait manifesté à diverses occasions » et que « partout dans le monde il y ait de nombreux signes d’affection et de gratitude envers les jésuites », le supérieur appelle cependant à bannir le « triomphalisme ».
D’ailleurs, aux cardinaux qui le félicitaient le 19 mars pour cette l’élection, le P. Nicolàs répondait, dans « une note d’humour de de légèreté », que « ce sont les cardinaux, éclairés par l’Esprit-Saint, qui ont donné ce pape à l’Eglise ».
« Nos forces sont limitées et nous portons le poids de l’histoire de péché avec l’humanité », rappelle-t-il en soulignant qu’il « serait arrogant de prétendre que le pape doive confirmer nos opinions, comme si nous jésuites n’avions pas besoin de conversion, correction et renouveau spirituel ».
Ainsi, la Compagnie doit rendre « explicite » sa proximité avec le pape, mais dans « une attitude d’humilité », afin de « coopérer à la construction d’une Eglise pauvre pour les pauvres ».
Une lumière nouvelle
Pour le supérieur, c’est le moment de répondre à la demande du pape François : « prier avec lui et pour lui ». Il s’agit de « l’accompagner dans son chemin de croix et de vie » et de se mettre à sa disposition « selon notre spiritualité ecclésiale ».
« Dieu nous invite, comme saint Ignace à Manresa, à regarder le futur et à voir toute chose sous une lumière nouvelle », ajoute le P. Nicolàs qui invite à « ne pas se laisser prendre par les fautes du passé, qui peuvent paralyser nos cœurs et nous faire interpréter la réalité à partir de valeurs qui ne s’inspirent pas de l’Evangile ».
Le supérieur exhorte donc à « l’obéissance », c’est-à-dire à « écouter avec un cœur ouvert » les indications du pape pour la mission de la Compagnie, afin d’être « témoins d’une vie dédiée totalement au service de l’Eglise … et levain évangélique du monde ».