Les relations entre Benoît XVI et les juifs, selon le rabbin Rosen

« Humilité et grande ouverture d’esprit »

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« Aucun recul sur les enseignements positifs de l’Église catholique vis-à-vis des juifs et du judaïsme », déclare le rabbin David Rosen, conseiller du Grand Rabbinat d’Israël, au lendemain de la renonciation de Benoît XVI à son ministère.

Dans un entretien au journal italien Il Messaggero, daté du 26 février dernier, le rabbin précise qu’au contraire, « dans le sillage de Jean-Paul II, Benoît XVI a confirmé les objectifs profonds de ces rapports entre les deux communautés, en les développant et en restant fidèle à la parole donnée ».

Directeur du département pour les questions interreligieuses à l’American Jewish Committee, il souligne que malgré certaines situations de crise, le pape Benoît XVI a contribué à renforcer le dialogue entre le Vatican et le monde juif, grâce surtout à cette « grande ouverture d’esprit » qui reste « l’héritage le plus important de son pontificat sur le chemin vers la paix ».

Le rabbin — qui était présent aussi bien au pèlerinage du pape en Terre sainte (8-15 mai 2009) qu’à la Journée de réflexion, de dialogue et de prière à Assise (27 octobre 2011) — relève que « Benoît XVI a poursuivi la transformation entreprise par Jean XXIII et par le Concile Vatican II, et a confirmé certaines initiatives historiques de Jean-Paul II, en allant à la synagogue de Rome mais également en Israël où il a rencontré les hautes autorités religieuses et politiques ».

David Rosen, qui est un interlocuteur privilégié dans les relations entre catholiques et juifs, affirme avoir eu la possibilité de bâtir des relations profondes, d’abord avec le cardinal Ratzinger puis avec Benoît XVI, qu’il définit comme un homme « d’une grande chaleur et douceur, avec un grand sense of humour, contrairement à ce que racontent les médias ».

Benoît XVI, ajoute-t-il, est une personne « sincèrement humble ». Le responsable juif se souvient à ce propos de l’attitude courtoise que le pape a eue à Assise, lors de la rencontre pour le 25e anniversaire de la Journée mondiale de prière pour la paix instituée par Jean-Paul II en 1986 : « Il s’était assis sur une chaise ordinaire, au milieu des autres. J’ai été frappé par cette attitude d’ouverture qu’il avait aussi envers les non-croyants, et par sa volonté de s’entretenir avec tout le monde, avec chacun, malgré l’effort physique que cela demandait. »

« Stupeur et admiration » : voilà ce que dit avoir ressenti David Rosen à l’annonce de « la démission du pape », même s’il dit qu’en « réfléchissant bien », il a compris que sa décision est en « totale cohérence avec l’homme et les paroles qu’ils avait dites par le passé ».

Dans cet entretien au quotidien italien, le rabbin parle aussi du prochain pape, de ses attentes, de ses espoirs : « Je voudrais que le prochain pape garantisse le même engagement dans les relations entre catholiques et juifs que Benoît XVI et Jean-Paul II, qu’il montre le même attachement et la même attention. Je pense que l’Église a besoin d’un cœur très grand, bien plus que d’un grand intellect. »

« Ce qu’il faut, c’est un facteur de réconciliation entre les différentes approches, les divers intérêts, les différentes aires géographiques et les différentes cultures qui sont en conflit dans l’Église d’aujourd’hui », ajoute-t-il avant de conclure : « C’est pourquoi le prochain pape devrait être surtout humain. »

Traduction d’Océane Le Gall

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ZENIT Staff

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