Il y a trois ans, le pape Benoît XVI a commenté l’évangile de ce dimanche, lors de l’angélus du 14 mars 2010, également dimanche du « Laetare »: il invitait à faire l’expérience de la miséricorde.
Voici ce que disait Benoît XVI en ce dimanche qui était en effet aussi le 4e dimanche de carême, dimanche qui revêt les prêtes d’ornements liturgiques roses pour marquer l’appel à la joie chrétienne signifée par la liturgie.
Dom Robert le Gall indique, dans son Dictionnaire de la liturgie (Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD) que cette joie est indiquée par le premier mot latin de l’Introït du quatrième dimanche de Carême : « Réjouissez-vous » (« Laetare »).
« Comme au dimanche « Gaudete » au milieu de l’Avent, l’Église fait une pause dans la pénitence quadragésimale, pour mieux se hâter vers les joies pascales. En vue de mieux le signifier, on peut porter en ce jour des ornements roses, mettre des fleurs dans le sanctuaire, jouer de l’orgue », précise-t-il.
Benoît XVI a proncé ces paroles avant la prière de l’Angélus, depuis la fenêtre de son bureau, en présence de plusieurs milliers de pèlerins rassemblés place Saint-Pierre.
Allocution de Benoît XVI avant l’angélus:
Chers frères et sœurs,
En ce 4e dimanche de carême, on proclame l’évangile du père et des deux fils, plus connue comme parabole du « Fils prodigue » (Lc 15, 11-32). Cette page de saint Luc constitue un sommet de la spiritualité et de la littérature de tous les temps. En effet, que serait notre culture, l’art, et plus généralement notre civilisation sans cette révélation d’un Dieu Père plein de miséricorde ? Elle ne cesse pas de nous bouleverser, et à chaque fois que nous l’écoutons, ou que nous la lisons, elle est en mesure de nous suggérer toujours de nouvelles significations. Surtout, ce texte évangélique a le pouvoir de nous parler de Dieu, de nous faire connaître son visage, mieux encore, son cœur. Après que Jésus nous a parlé du Père miséricordieux, les choses ne sont plus comme auparavant, maintenant, nous connaissons Dieu : Il est notre Père qui, par amour, nous a créés libres et nous a dotés de conscience, qui souffre si nous nous perdons et qui fait la fête si nous revenons. C’est pourquoi, la relation avec lui nous construit à travers une histoire, de façon analogue à ce qui arrive à tout enfant avec ses parents : au début, il dépend d’eux ; puis, il revendique son autonomie ; et finalement – si le développement est positif -, il arrive à un rapport mûr, fondé sur la reconnaissance et sur l’amour authentique.
Dans ces étapes, nous pouvons lire aussi les moments du chemin de l’homme dans son rapport avec Dieu. Il peut y avoir une phase qui est comme l’enfance : une religion animée par le besoin, la dépendance. Peu à peu, l’homme grandit et s’émancipe, veut s’affranchir de cette soumission et devenir libre, adulte, capable d’agir tout seul et de faire ses choix de façon autonome, en pensant aussi pouvoir se passer de Dieu. Cette phase, justement est délicate, elle peut conduire à l’athéisme, mais cela aussi, souvent, cache l’exigence de découvrir le vrai visage de Dieu. Heureusement pour nous, Dieu ne manque jamais d’être fidèle, et, même si nous nous éloignons et que nous nous perdons, il continue à nous suivre par son amour, en pardonnant nos erreurs et en parlant intérieurement à notre conscience pour nous rappeler vers lui.
Dans la parabole, les deux fils se comportent de façon opposée : le cadet s’en va et tombe de plus en plus bas, alors que l’aîné reste à la maison, mais lui aussi a une relation immature avec le Père ; en effet, lorsque son frère revient, l’aîné n’est pas heureux – comme le Père l’est au contraire -, et même, il se fâche et ne veut pas rentrer chez lui. Les deux fils représentent deux modes immatures de relation avec Dieu : la révolte et une obéissance infantile.
Ces deux formes se surmontent grâce à l’expérience de la miséricorde. Ce n’est qu’en faisant l’expérience du pardon, en nous reconnaissant aimés d’un amour gratuit, plus grand que notre misère, mais aussi que notre justice, que nous entrons finalement dans une relation vraiment filiale et libre avec Dieu.
Chers amis, méditons cette parabole. Regardons-nous dans les deux fils et surtout, contemplons le cœur du Père. Jetons-nous dans ses bras, et laissons-nous régénérer par son amour miséricordieux. Que la Vierge Marie, Mère de Miséricorde, nous y aide.
© Copyright du texte original : Libreria Editrice Vaticana
Traduction de l’italien : Zenit