« Nous avons cherché à servir le Christ et son Eglise d’un amour profond et total, qui est l’âme de notre ministère », déclare Benoît XVI qui transmets aux cardinaux son enseignement sur l’Eglise : « L’Eglise vit, elle grandit et se réveille dans les âmes ».
Le pape Benoît XVI a rencontré les cardinaux présents à Rome, pour la cérémonie de congé, ce 28 février, à 11h, dernier jour de son pontificat, dans la Salle Clémentine du palais apostolique du Vatican.
Au cours de l’audience, le cardinal Angelo Sodano, doyen du Collège des cardinaux, a adressé au pape un discours d’hommage au nom de tous les cardinaux présents. Benoît XVI a ensuite prononcé les paroles suivantes, avant de saluer personnellement chacun des cardinaux. La devise du bienheureux cardinal Newman a fait le lien entre tous.
Paroles de Benoît XVI :
Bien chers et vénérés frères,
Je vous accueille avec une grande joie et j’adresse à chacun de vous mes salutations les plus cordiales. Je remercie le cardinal Angelo Sodano qui, comme toujours, a su se faire l’interprète des sentiments du Collège tout entier : Cor ad cor loquitur. Merci de tout cœur, Eminence. Et je voudrais dire, en reprenant l’allusion à l’expérience des disciples d’Emmaüs, que, pour moi aussi, cela a été une joie de cheminer avec vous pendant ces années, dans la lumière de la présence du Seigneur ressuscité.
Comme je l’ai dit hier, devant les milliers de fidèles qui remplissaient la place Saint-Pierre, votre proximité et vos conseils m’ont été d’une grande aide dans mon ministère. Pendant ces huit années, nous avons vécu dans la foi de très beaux moments d’une lumière radieuse sur le chemin de l’Eglise, et des moments où quelques nuages se sont amoncelés dans le ciel. Nous avons cherché à servir le Christ et son Eglise d’un amour profond et total, qui est l’âme de notre ministère. Nous avons donné l’espérance, espérance qui nous vient du Christ qui, seul, peut éclairer le chemin.
Ensemble, nous pouvons remercier le Seigneur qui nous a fait grandir dans la communion et ensemble nous pouvons le prier de vous aider à grandir encore dans cette unité profonde, en sorte que le Collège des cardinaux soit comme un orchestre où les diversités, expression de l’Eglise universelle, concourent toujours à une concorde et à une harmonie supérieures.
Je voudrais vous laisser simplement une pensée, qui me tient beaucoup à cœur : une pensée sur l’Eglise, sur son mystère, qui constitue pour nous tous, pourrions-nous dire, la raison et la passion de notre vie. Je m’appuie sur une expression de Romano Guardini écrite précisément l’année où les Pères du concile Vatican II ont approuvé la Constitution Lumen gentium, dans son dernier livre, avec une dédicace personnelle à mon intention ; c’est pourquoi les paroles de ce livre me sont particulièrement chères.
Guardini dit ceci : l’Eglise « n’est pas une institution imaginée et construite sur le papier…, mais une réalité vivante… Elle vit dans le cours du temps, en devenir, comme tout être vivant, en se transformant… Et pourtant dans sa nature, elle demeure toujours la même, et son cœur est le Christ ».
C’est l’expérience que nous avons faite hier, me semble-t-il, sur la Place : voir que l’Eglise est un corps vivant, animé par l’Esprit-Saint et qu’elle vit réellement de la force de Dieu. Elle est dans le monde, mais elle n’est pas du monde : elle est à Dieu, au Christ, à l’Esprit. Nous l’avons vu hier. En ce sens, une autre expression connue de Guardini est aussi vraie et éloquente : « L’Eglise se réveille dans les âmes ».
L’Eglise vit, elle grandit et se réveille dans les âmes qui, comme la Vierge Marie, accueillent la Parole de Dieu et la conçoivent par l’opération du Saint Esprit ; elles offrent à Dieu leur propre chair et c’est justement dans leur pauvreté et leur humilité qu’elles deviennent capables d’engendrer le Christ aujourd’hui dans le monde. Dans l’Eglise, le mystère de l’Incarnation demeure présent à jamais. Le Christ continue de cheminer à travers les temps et à travers tous les lieux.
Chers frères, restons unis dans ce mystère, dans la prière, en particulier dans l’Eucharistie quotidienne, et servons ainsi l’Eglise et l’humanité tout entière. C’est notre joie que personne ne peut nous enlever. Avant de vous saluer personnellement, je désire vous dire que je continuerai de vous être proche par la prière, spécialement dans les prochains jours, afin que vous soyez pleinement dociles à l’action de l’Esprit-Saint lors de l’élection du nouveau pape. Que le Seigneur vous montre celui qui est voulu par lui. Et parmi vous, au sein du Collège cardinalice, se trouve aussi le futur pape auquel dès aujourd’hui je promets une révérence et une obéissance inconditionnelles. Dans cette intention, avec affection et reconnaissance, je vous donne de tout cœur la bénédiction apostolique.
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Traduction de Zenit, Hélène Ginabat