L’anneau du pape Benoît XVI et son sceau pontifical doivent être confiés, au moment d ela « sede vacante » au cardinal camerlingue, actuellement le cardinal Tarcisio Bertone, pour être, selon la coutume, détruits, de façon à ce que l’on ne s’en serve pas pour « usurper » l’autorité pontificale pendant la vacance du Siège apostolique. Le camerlingue doit y pourvoir.
Mais l’anneau du pêcheur, qui n’est plus le sceau, justement, pourrait-il ne pas être détruit ? Le porte-parole du Saint-Siège, le Père Lombardi a renvoyé à la décision du camerlingue.
Mais il est une voix qui s’est élevée pour que l’anneau porté par Benoît XVI depuis 2005 ne soit pas détruit. C’est celle de l’artiste – le joailler – qui l’a réalisé.
C’est un anneau de 35 g d’or, dont la forme rappelle l’ellipse de la colonnade du Bernin, place Saint-Pierre, et qui représente la scène de la pêche miraculeuse. Il porte le nom latin du pape : Benedictus XVI.
L’anneau a été réalisé par le joailler romain Claudio Franchi. L’artiste a confié à l’AFP qu’il aimerait que l’anneau ne soit pas détruit. Mais le seul anneau qui n’ait pas été détruit est celui d’un antipape Clément VII. Pourtant, si l’autorité est représentée par le sceau, l’anneau pourrait ne pas être détruit, mais conservé, qui sait, dans un musée accessible au public…
Avec le pallium – remis en 2009 – auprès du tombeau de Célestin V à L’Aquila, l’anneau est le deuxième « signe » du pontificat que Benoît XVI a commenté, dans son homélie du dimanche 24 avril 2005. Il a commenté justement l’Evangile de la Pêche miraculeuse: « Le deuxième signe par lequel la liturgie d’aujourd’hui nous présente le commencement du ministère pétrinien est la remise de l’anneau du pêcheur. L’appel de Pierre à devenir pasteur, que nous avons entendu dans l’Évangile, fait suite au récit d’une pêche abondante: après une nuit au cours de laquelle ils avaient jeté les filets sans succès, les disciples voient sur le rivage le Seigneur ressuscité. Il leur enjoint de retourner pêcher une nouvelle fois et voici que le filet devient si plein qu’ils ne réussirent plus à le ramener. 153 gros poissons: «Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré» (Jn 21,11). Cet événement, qui a lieu au terme du parcours terrestre de Jésus avec ses disciples, correspond à un récit des commencements: les disciples n’avaient alors rien pêché durant toute la nuit; Jésus avait alors invité Simon à avancer une nouvelle fois au large. Et Simon, qui ne s’appelait pas encore Pierre, donna cette réponse admirable: Maître, sur ton ordre, je vais jeter les filets ! Et voici la confirmation de la mission: «Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras» (Lc 5,1-11) ».
Le pape a actualisé le sens de cet anneau en commentant ce que signifie aujourd’hui pour l’Eglise cette « pêche miraculeuse »: « Aujourd’hui encore, l’Église et les successeurs des Apôtres sont invités à prendre le large sur l’océan de l’histoire et à jeter les filets, pour conquérir les hommes au Christ – à Dieu, au Christ, à la vraie vie. Les Pères ont aussi dédié un commentaire très particulier à cette tâche singulière. Ils disent ceci: pour le poisson, créé pour l’eau, être sorti de l’eau entraîne la mort. Il est soustrait à son élément vital pour servir de nourriture à l’homme. Mais dans la mission du pêcheur d’hommes, c’est le contraire qui survient. Nous, les hommes, nous vivons aliénés, dans les eaux salées de la souffrance et de la mort; dans un océan d’obscurité, sans lumière. Le filet de l’Évangile nous tire hors des eaux de la mort et nous introduit dans la splendeur de la lumière de Dieu, dans la vraie vie ».
Voilà donc l’image de la Nouvelle évangélisation décrite par Benoît XVI: « Il en va ainsi – dans la mission de pêcheur d’hommes, à la suite du Christ, il faut tirer les hommes hors de l’océan salé de toutes les aliénations vers la terre de la vie, vers la lumière de Dieu. Il en va ainsi: nous existons pour montrer Dieu aux hommes. Seulement là où on voit Dieu commence véritablement la vie. Seulement lorsque nous rencontrons dans le Christ le Dieu vivant, nous connaissons ce qu’est la vie. Nous ne sommes pas le produit accidentel et dépourvu de sens de l’évolution. Chacun de nous est le fruit d’une pensée de Dieu. Chacun de nous est voulu, chacun est aimé, chacun est nécessaire. Il n’y a rien de plus beau que d’être rejoints, surpris par l’Évangile, par le Christ. Il n’y a rien de plus beau que de le connaître et de communiquer aux autres l’amitié avec lui. La tâche du pasteur, du pêcheur d’hommes, peut souvent apparaître pénible. Mais elle est belle et grande, parce qu’en définitive elle est un service rendu à la joie, à la joie de Dieu qui veut faire son entrée dans le monde ».
Enfin, le pape a rapproché l’image du pasteur et du pêcheur dans le sens du travail pour l’unité du Corps du Christ: « Je voudrais encore souligner une chose: de l’image du pasteur et de celle du pêcheur émerge de manière très explicite l’appel à l’unité.«J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie; celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix: il y aura un seul troupeau et un seul pasteur» (Jn 10,16), dit Jésus à la fin du discours du bon pasteur. Le récit des 153 gros poissons se conclut avec la constatation joyeuse: «Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré» (Jn 21,11). Hélas, Seigneur bien-aimé, aujourd’hui le filet s’est déchiré, aurions-nous envie de dire avec tristesse! Mais non – nous ne devons pas être tristes! Réjouissons-nous de ta promesse, qui ne déçoit pas, et faisons tout ce qui est possible pour parcourir la route vers l’unité que tu as promise. Faisons mémoire d’elle comme des mendiants dans notre prière au Seigneur: oui Seigneur, souviens-toi de ce que tu as promis. Fais que nous ne soyons qu’un seul Pasteur et qu’un seul troupeau! Ne permets pas que ton filet se déchire et aide-nous à être des serviteurs de l’unité! »