« C’est un message qui s’adresse à tous ceux qui souffrent, appellent ou espèrent », affirme Robert Hossein à propos de son spectacle Une femme nommée Marie, sur lequel il revient, en cette période où la fête de Notre Dame de Lourdes rappelle les différentes apparitions de la Vierge à Bernadette Soubirous, entre février et avril 1858 : Mgr Jacques Perrier invitait encore, le 18 février, à vivre le carême avec Bernadette (cf. Zenit du 18 février 2013).
Durant l’été 2011, l’artiste avait en effet écrit et mis en scène un spectacle qui avait été donné sur l’esplanade Notre-Dame du Rosaire à Lourdes et retransmis à la télévision, dans lequel Marie raconte à sainte Bernadette l’histoire de son Fils. « Le miracle de Lourdes, c’est Jésus ! », se plaît à rappeler Robert Hossein : si le titre appelle à Marie, explique-t-il en substance dans cet entretien, le spectacle est donné pour faire connaître le message d’amour universel du Christ.
Zenit – En 2011, vous avez mis en scène à Lourdes, un spectacle intitulé Une femme nommée Marie. Comment vous est venue l’idée de consacrer un spectacle à la Vierge Marie et à Jésus ?
Robert Hossein – De retour du festival de Gavarny, en 2009, j’ai vraiment eu comme un coup de foudre en passant à Lourdes. De là m’est venu de besoin urgent d’écrire un spectacle sur le mystère de Lourdes. J’ai ressenti ce besoin inexpliqué de raconter Jésus par Marie, en reproduisant une apparition de la Vierge à Bernadette.
Je dis souvent que je n’ai pas choisi Lourdes, mais que c’est bel et bien Lourdes qui m’a choisi !
<p>Et pourquoi ce titre?
Le titre de ce spectacle vient rappeler celui que j’avais choisi pour une pièce j’avais écrite et mise en scène avec l’aide d’Alain Decaux, il y a quelques années au Palais des Sports de Paris. Le titre de ce spectacle était Un homme nommé Jésus et avait été un grand succès puisque 900 000 personnes étaient venues le voir. Cette pièce nous avait même permis de figurer dans le Guinness des Records !
C’est un sujet à la fois simple et une prise de risque : quels ont été les défis qui se sont posés à vous pour la narration et la mise en scène ?
Ce qui a suivi n’a pas été simple ! Une des grandes difficultés a été de convaincre l’évêque de Lourdes, Monseigneur Perrier et le maire de la ville. Le projet était d’envergure ! D’autant plus que, depuis plus d’un siècle, il était interdit de représenter un spectacle sur le parvis du sanctuaire, réservé au pèlerinages et aux processions ! Une fois l’accord reçu, la plupart des répétitions avaient lieu la nuit ! C’était une grande épopée ! Près de 400 acteurs et techniciens se sont démenés pour mener de projet à bien.
Il a fallu deux ans de travail pour écrire et mettre en scène ce spectacle. Mais le soir de la représentation, le 13 août 2011, nos efforts ont été récompensés puisque près de 25 000 personnes dont 8000 malades étaient présents. Près de deux millions de téléspectateurs ont également pu suivre le spectacle depuis leur écran de télévision.
Le pari était effectivement risqué, mais le spectacle a été très bien accueilli, tant par les ovations chaleureuses du public que par la presse et la télévision. Nous avons même pu faire une représentation au Vatican et remporter un prix à Rome. Je rends grâces à Marie et Jésus !
Un autre grand défi a sans doutes été celui des décors… La scène était immense nous avons reconstruit la Grotte de Massabielle, où Marie est apparue à sainte Bernadette !
Il y a un autre gros défi… le casting! Comment vos personnages ont-ils pris corps ?
La sélection du casting a été tout autant mystérieuse sur certains points ! Pour vous donner deux exemples, j’avais rencontré une jeune fille qui voulait participer au spectacle. Cette jeune fille était atteinte d’une tumeur au cerveau. Comme elle devait se faire opérer, je lui avais évidemment dit d’attendre pour participer à la pièce. Au moment de l’opération, les médecins n’ont rien trouvé. Elle n’avait plus de tumeur… Je l’ai donc engagée : elle incarnerait Bernadette !
J’avais aussi rencontré un jeune homme, je me suis dit : « celui-là, c’est Jésus » et je l’ai pris !
Un souvenir vous a t-il particulièrement marqué ?
Un des souvenirs les plus forts a été le nombre de malades présents. Pendant la représentation du spectacle, nous avons distribué du pain et de l’eau de Lourdes aux malades. Ce moment reste pour moi l’un des plus forts de cette aventure.
Cela m’a rapproché de Dieu et des hommes : je crois dans les hommes parce que je crois en Dieu !
Lourdes est un lieu d’espérance pour tous les malades et de solidarité pour ceux qui les y accompagnent -le 11 février, c’est la Journée mondiale des malades -: ils peuvent se retrouver dans Une femme nommée Marie ? Qu’avez-vous voulu transmettre par ce spectacle ?
J’ai particulièrement voulu dédier ce spectacle à tous ceux qui souffrent, appellent et espèrent, à ceux qui ont soif d’une justice universelle. C’est un message d’espérance pour ceux qui souffrent. Plus largement, ce spectacle est dédié à tous, croyants et non croyants. Je ne voulais pas imposer quoi que ce soit à quiconque, la démarche a toujours été dans le respect de tous. Afin que chacun puisse se sentir toucher librement, quelque soit sa religion ou sa croyance. Le message est celui de l’espoir et de l’amour.
Par ce spectacle, je n’ai aucune prétention personnelle, je ne cherche qu’a susciter le partage et l’amour ainsi qu’une prise de conscience envers les personnes qui souffrent : afin de montrer qu’ils existent.
Que vous a apporté l’écriture de ce spectacle ?
Je peux dire que ce spectacle a changé ma vie ! Avant je jouais le gangster, on se souvient de mes rôles, ou de mes spectacles ! Mais, ce qui a vraiment changé avec l’écriture d’Une femme nommée Marie est que je ai appris à ne pas travailler dans un but lucratif. Et, si quelques fois cela m’apporte quelque difficulté, je ne regrette rien.
La représentation de ce spectacle, à Lourdes en 2011 était gratuite, tout comme je désire que le soient toutes les autres représentation de cette pièce. Je n’ai là aucune prétention personnelle, mais désire seulement propager un message d’espérance. Au delà du monde des croyants, je désire diffuser un message d’amour et de respect.
Néanmoins, tous les acteurs et techniciens ont été payés. Et, même si je n’ai pas désiré être payé à la suite d’Une femme nommée Marie, nous avons dû trouver des fonds pour la mise en place de cette représentations gigantesque… Je ne m’explique toujours pas comment cela a été possible !
De manière plus personnelle, quel a été votre cheminement de foi qui vous a conduit jusqu’à Lourdes, ce 13 août 2011?
Pour ce qui est de mon chemin de foi, j’ai été baptisé à 40 ans. Mon père voulait laisser à ses enfants une entière liberté dans leur choix. Il ne voulait pas imposer telle ou telle appartenance. C’est en faisant baptiser mon fils que je me suis fait baptiser. Pour moi, c’est un choix absolu : pour preuve mes enfants n’ont pas tous la même religion.
L’écriture et la mise en scène de ce spectacle ont été une démarche de foi mais cela n’a pas été facile pour autant. Cela s’est opéré dans la réflexion, et, quelque fois même dans la douleur… Je me souviens m’être cassé un genou en tombant dans un escalier : ce qui m’a valu de monter sur scène en boitant ! Lourdes aura été pour moi une véritable révélation. De mon attachement à Lourdes, beaucoup demeur
e sans explication. Je dois reconnaître qu’il s’est passé quelque chose d’inexplicable ! La révélation m’a portée jusqu’à la fin, tout au long de ce défi. Cela me dépasse ! Comme Jeanne d’Arc : c’est »mes voix » !
Enfin, le message de Lourdes est-il encore, selon vous, d’actualité à l’heure où la science et la médecine connaissent de notables progrès ?
Rien à voir avec la science et la médecine, qui connaissent d’ailleurs de grands et beaux progrès. Je me réjouis profondément de ces avancées notamment pour le traitement de la souffrance. Néanmoins, le message de Lourdes n’est absolument pas en contradiction avec la science, au contraire. Il me semble que ce message est simplement différent. En effet, face aux recherches médicales et scientifiques, le message de Lourdes est un message de grand amour au service de l’humanité toute entière. C’est un message d’espoir et de justice universelle.