« L’histoire est et doit toujours être le lieu à aimer pour rencontrer notre Seigneur » et ce « même si elle est un terrain de scandale, un terrain ou l’on constate le silence de Dieu ou l’apostasie des hommes », déclare le cardinal Ravasi.
Le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la culture, est le prédicateur des exercices spirituels du Carême au Vatican, pour Benoît XVI et la Curie romaine, du 17 au 23 février 2013.
L'histoire pour rencontrer Dieu
Hier, mardi 19 février, le cardinal a d’abord médité sur l’histoire comme lieu de rencontre avec Dieu, rapporte Radio Vatican : Dieu se révèle aussi dans l’histoire, a-t-il dit, l’homme le rencontre dans les évènements : « l’histoire est et doit toujours être le lieu à aimer pour rencontrer notre Seigneur. Même si elle est un terrain de scandale, un terrain ou l’on constate le silence de Dieu ou l’apostasie des hommes ».
Comment aimer l’histoire malgré tout ? Pour le cardinal, c’est « l’espérance » qui est liée à « l’éternité », qui aide à comprendre que « l’histoire n’est pas une série d’évènements sans sens mais qu’elle est objet d’un projet de Dieu » : « nous sommes certains de ne pas être à la merci du sort, et que notre Dieu, qui se définit en Exode 3 comme ‘Je suis’ est une personne qui agit, à l’intérieur des évènements ».
« C’est pourquoi notre rapport avec Lui est un rapport de confiance, de dialogue, de contact », a souligné le cardinal.
Il s’est également arrêté sur la figure du Messie, qui est au cœur des psaumes : « le Messie porte en lui tout le souffle de l’Ancien testament et le porte à sa plénitude ».
L’homme appelé à représenter Dieu
En fin d’après-midi, le cardinal a médité sur l’empreinte de Dieu en l’homme : le Seigneur se révèle non seulement dans sa Parole, dans sa création, dans l’histoire, mais aussi « dans sa créature humaine », créée « à son image ».
Dès l’embryon de l’homme, « Dieu voit déjà toute son histoire, tous ces jours futurs ; il voit les splendeurs et les misères de cette créature. Elle est absolument toujours sous le regard de Dieu », a rappelé le cardinal.
« A cela s’ajoute le fait, pour nous chrétiens, que le Fils de Dieu a parcouru l’itinéraire humain, de la conception à la mort », a-t-il ajouté.
« C’est pourquoi la créature humaine doit être pour nous objet ininterrompu d’attention, de passion, d’amour », a poursuivi le cardinal, pour qui l’homme est un « lieu où intercepter la présence de Dieu ».
L’homme est appelé à « représenter son Souverain Suprême », a-t-il affirmé : « l’homme a un mandat divin à protéger, il a une alliance avec Dieu. Ceci est son devoir sur la terre : représenter son Seigneur ».
Les enfants ramènent à l'essentiel
Ce mercredi 20 février, au matin, le cardinal a médité sur la foi comme adhésion consciente, libre et passionnée, à partir du psaume 30, « symbole d’une spiritualité de l’enfance ».
Ce psaume, a-t-il fait remarquer, s’ouvre avec le contraire de la foi : « La superbe, l’orgueil, l’autosuffisance absolue, la volonté d’être Dieu. C’est le péché originel et c’est ce que l’homme essaie de faire dans sa liberté », a-t-il déploré.
Or, dans l’image du “petit enfant contre sa mère”, le psalmiste célèbre une foi qui est « adhésion et en même temps choix », c’est-à-dire une adhésion « consciente, libre, intense, passionnée ».
Cette expression, “comme un petit enfant contre sa mère”, répété à deux reprises, est une mise en garde contre « la tentation de regarder de haut », y compris « pour ceux qui ont un niveau de responsabilité dans l’Eglise », a ajouté le cardinal.
En effet, c’est en restant comme un enfant que l’on connaît la vrai foi : “les enfants mettent la main avec confiance dans celle de l’adulte, ils lui font spontanément confiance ; les écouter est une leçon car ils ramènent aux choses essentielles, ils posent ces fameux ‘pourquoi’ auxquels les adultes ne savent comment répondre, justement parce qu’ils sont importants ».
S'interroger sur la souffrance
Dans sa seconde méditation, toujours ce matin, le cardinal s’est arrêté sur l’homme comme « créature fragile », qui expérimente ses limites, dans le psaume 39 : ces paroles sont « d’une grande actualité » dans un monde où la superficialité « élimine les grandes questions », a estimé le cardinal : « à la télévision, nous savons tout sur les modes, sur la nourriture, les vêtements, etc, mais aucune voix ne nous indique la route et le sens de cette vie ».
« C’est un des grands problèmes des jeunes d’aujourd’hui qui ne trouvent plus de réponse et s’abandonnent à la dérive de la société contemporaine », a-t-il dénoncé.
En ce sens, il a encouragé à « avoir le courage de proposer les grandes réflexions », à « avoir le sens des limites pour dépasser la superficialité », à « retourner à la prière pauvre, nue, simple » et enfin à « s’interroger sur la souffrance en profondeur » : « une sorte d’éducation, de pédagogie, se réalise dans la douleur, qui est un élément de crise profonde : elle nous met en crise avec le monde et en crise avec Dieu ».
« Malgré les ténèbres, l’expérience chrétienne ouvre toujours à un horizon de lumière où l’obscurité n’a jamais le dernier mot », a-t-il conclu.