Benoît XVI envisage un ajustement législatif et liturgique à propos du conclave, entre la Constitution apostolique « Universi dominici gregis » et le Rituel du conclave, suggère le porte-parole du Saint-Siège.
« Le pape est en train d’envisager la publication ces prochains jours d’un motu proprio, évidemment avant la vacance du Siège apostolique, pour préciser certains points particuliers de la constitution apostolique sur le conclave qui lui avaient été présentés ces dernières années », a déclaré le père Federico Lombardi aux journalistes présents dans la salle de presse du Saint-Siège ce 20 février.
« Je ne sais, a-t-il ajouté, s’il jugera nécessaire ou opportun de préciser la question du temps de début du conclave. Nous le verrons quand le document sera publié. Il me semble, par exemple, qu’il s’agissait d’étudier un point de détail concernant l’harmonisation avec un autre document concernant le conclave : l’Ordo rituum conclavis. En tous cas, la question dépend de l’évaluation du pape, et s’il y a lieu, on vous fera connaître ce document de façon opportune ».
Rappelons que les 117 cardinaux électeurs devront en effet observer l’« Ordo rituum conclavis » qui explique les rites du conclave : il a été rédigé selon la Constitution apostolique de Jean-Paul II « Universi dominici gregis » (22 février 1996) qui contient les normes relatives à l’élection du Pontife romain. Mais il resterait des détails à ajuster.
Une assemblée de prière
Il s’agit d’un rituel, d’un texte liturgique, le conclave étant avant tout une assemblée de prière des cardinaux électeurs.
Une messe « pour l’élection du Pontife romain » doit être célébrée, en la basilique Saint-Pierre par les cardinaux électeurs : en avril 2005, elle avait été présidée par le cardinal doyen, Joseph Ratzinger. Elle devrait être présidée par l’actuel cardinal doyen du collège cardinalice, le cardinal Angelo Sodano. Les autres cardinaux et les fidèles qui le souhaitent peuvent y participer.
Les cardinaux électeurs se rendront ensuite en procession de la Salle des bénédictions jusqu’à la Chapelle Sixtine. Ils seront précédés de la croix, des chanteurs et des cérémoniaires, du secrétaire du collège des cardinaux et du cardinal auquel il sera demandé une méditation pour aider la préparation spirituelle des cardinaux électeurs. En 2005, c’est le cardinal Tomas Spidlik, s.j., qui avait eu cette charge.
Les cardinaux seront placés selon l’« ordre » auquel ils appartiennent dans le collège cardinalice : les cardinaux « diacres », « prêtres » et « évêques ». Ces titres, cette hiérarchie, reflètent le clergé de Rome dans toutes ses composantes : le clergé de Rome est en effet à l’origine du collège cardinalice. Puis viendra le diacre portant le livre des Evangiles, et enfin le cardinal doyen, accompagné du maître des célébrations liturgiques pontificales, actuellement, Monseigneur Piero Marini.
Au cours de la procession on chantera les litanies des saints – d’Orient et d’Occident, pour souligner le caractère universel du conclave au cours duquel est élu le pasteur de toute l’Eglise -.
Arrivés à la Chapelle Sixtine, les cardinaux occuperont la place indiquée pour chacun d’eux. Le livre des Evangiles sera placé dans un lieu adapté de manière à présider le vote des cardinaux jusqu’à l’élection du pontife romain.
Après le chant des litanies, le cardinal doyen entonnera en latin le chant du « Veni Creator », invocation solennelle à l’Esprit-Saint sur ce « cénacle ».
Le serment des cardinaux électeurs
En présence de tous ceux qui ont participé à la procession solennelle, et en direct grâce au Centre de télévision du Vatican, les cardinaux électeurs prêteront serment.
Le cardinal doyen lira à haute voix la formule suivante :« Nous tous et chacun de nous, Cardinaux électeurs présents à cette élection du Souverain Pontife, promettons, faisons le voeu et jurons d’observer fidèlement et scrupuleusement toutes les prescriptions contenues dans la Constitution apostolique du Souverain Pontife Jean-Paul II, Universi Dominici gregis, datée du 22 février 1996. De même, nous promettons, nous faisons le voeu et nous jurons que quiconque d’entre nous sera, par disposition divine, élu Pontife Romain, s’engagera à exercer fidèlement le munus Petrinum de Pasteur de l’Église universelle et ne cessera d’affirmer et de défendre avec courage les droits spirituels et temporels, ainsi que la liberté du Saint-Siège. Nous promettons et nous jurons surtout de garder avec la plus grande fidélité et avec tous, clercs et laïcs, le secret sur tout ce qui concerne d’une manière quelconque l’élection du Pontife Romain et sur ce qui se fait dans le lieu de l’élection et qui concerne directement ou indirectement les scrutins ; de ne violer en aucune façon ce secret aussi bien pendant qu’après l’élection du nouveau Pontife, à moins qu’une autorisation explicite en ait été accordée par le Pape lui-même ; de n’aider ou de ne favoriser aucune ingérence, opposition ni aucune autre forme d’intervention par lesquelles des autorités séculières, de quelque ordre et de quelque degré que ce soit, ou n’importe quel groupe, ou des individus voudraient s’immiscer dans l’élection du Pontife Romain ».
Il est ensuite prévu que les cardinaux viennent en procession, un à un pour prêter serment selon la formule suivante : « Et moi, N. Cardinal N., je le promets, j’en fais le voeu et je le jure », et il ajoutera en posant la main sur l’Évangile : « Que Dieu m’aide ainsi que ces saints Évangiles que je touche de ma main ».
Après que le dernier des cardinaux électeurs aura prêté serment, « l’extra omnes » (« tous dehors ») sera proclamé par le Maître des Célébrations liturgiques pontificales, et toutes les personnes étrangères au Conclave devront quitter la Chapelle Sixtine.
Resteront le Maître des célébrations et le cardinal (non-électeur) pour la méditation. A la fin de cette méditation, tous deux sortiront également. Les portes seront fermées et des gardes seront placés à toutes les entrées de la Chapelle, pour veiller à la sécurité et à l’indépendance du vote. Un premier vote pourrait avoir lieu dès le premier après midi du conclave, et donc la première fumée, noire ou blanche, dès le premier soir.
Le date de l’ouverture du conclave ne sera fixée par les cardinaux qu’une fois le siège apostolique vacant : donc, à partir du 28 février 20 h.