Benoît XVI a expliqué clairement les raisons de sa décision: le manque de forces et « l’amour de l’Eglise ». Mais il n’a pas commenté la date officielle de la décision.
Quelle est donc la date officielle de l’annonce de la démission de Benoît XVI ? Le pape a voulu annoncer sa décision aux cardinaux réunis en consistoire pour trois canonisations, et dans un message en latin.
Le consistoire et les psaumes
Le consistoire est une assemblée liturgique et s’accompagne de prière des psaumes des heures.
La « vaticaniste » chevronnée Giovanna Chirri suivait le consistoire en direct sur le téléviseur du « box » de l’agence italienne Ansa, et lorsque, dans son allocution, elle a compris le latin du pape, elle a été la première à décrypter l’annonce « coup de tonnerre » selon les paroles du doyen du Collège cardinalice, le cardinal Angelo Sodano.
C’était lundi, 11 février, fête de Notre Dame de Lourdes, chère à Benoît XVI, et Journée mondiale du malade. La nouvelle a fait le tour du monde en quelques minutes.
On en a oublié les noms et les nationalités des futurs saints, que Benoît XVI ne canonisera donc pas : une joie qu’il laisse à son successeur.
Ces bienheureux viennent d’Italie, de Colombie et du Mexique, comme nous l’annoncions le 4 février (cf. Zenit du 4 février 2013), attentifs à l’actualité de la sainteté dans l’Eglise, mais absolument ignares de la surprise que Benoît XVI avait longuement mûrie.
Des centaines de nouveaux saints
Il s’agit tout d’abord de centaines de martyrs italiens : Antonio Pezzullo dit Primaldo, simple artisan, et ses compagnons, tués le 13 août 1480 à Otrante, sur la côte adriatique, en résistant à l’invasion de la flotte ottomane.
Antonio Primaldo est inscrit au martyrologe romain au 14 août avec ses « huit cents compagnons »; le pape Benoît XVI a authentifié leur martyre en 2007; Jean-Paul II, en visite à Otrante le 5 octobre 1980, a rendu hommage au sacrifice des « huit cents »; leur culte avait été reconnu par Clément XIV en 1771. Des centaines de nouveaux saints en vue !
La future sainte colombienne est Laura de sainte Catherine de Sienne, au siècle Maria Laura de Jésus Montoya Y Upegui (1874-1949), vierge, religieuse, fondatrice de la Congrégation des sœurs missionnaires de la bienheureuse Vierge Marie Immaculée et de sainte Catherine de Sienne.
Enfin, la prochaine sainte mexicaine est Maria Guadalupe, au siècle Anastasia Guadalupe García Zavala, (1878-1963), Mexicaine co-fondatrice de la Congrégation des Servantes de Sainte Marguerite-Marie et des Pauvres.
Ces saints donnent-ils une indication sur le pays du prochain pape ? Faire un tel lien serait pour le moins hasardeux, comme toute spéculation qui voudrait anticiper sur les surprises de l’Esprit Saint : quelque journaliste, à l’annonce de l’élection de Jean-Paul II, se demandait si ce n’était pas un Africain : entendant « Ouoitioua » pour « Wojtyla ».
Et un seul journal italien avait osé titrer au matin du 19 avril 2005 « Le jour de Ratzinger », « Il giorno di Ratzinger ». L’âge du préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi l’avait fait rayer de la liste des « papabili ». Cependant, sa façon de présider les funérailles de Jean-Paul II, en tant que doyen du Collège des cardinaux, avait fait penser à cette possibilité.
Cette prémisse étant dite, revenons à la date de l’annonce. Le document officiel par lequel le pape Benoît XVI déclare qu’il se retire le 28 février à 20 h ne porte pas la date de la fête de Notre Dame de Lourdes, le 11 février 2013.
Sainte Scholastique n’est pas seule
Il est en date du dimanche 10 février. Son âme bénédictine a certainement confié la nouvelle à l’intercession de sainte Scholastique.
Mais, ce jour-là, qu’a dit le pape à l’angélus ? C’est à l’auteur que l’on peut demander une exégèse. Pourquoi le pape a-t-il voulu dater sa déclaration solennelle et historique de la veille, en dépit de son amour de la Vierge Marie ?
Il n’a pas dit la raison. Mais ses paroles indiquent pourtant la direction de son regard pour l’avenir de l’Eglise. Puisque, il l’a redit à l’audience du mercredi, sa décision est inspirée par « l’amour de l’Eglise ».
Relisons ce qu’écrivait Anne Kurian le 10 février (cf. Zenit du 10 février 2013). Après la prière de l’angélus, le pape Benoît XVI, a dit son souci pour une partie du monde où l’Evangile n’est pas encore assez annoncé, et qui fêtait le Nouvel an « lunaire » ou « chinois ».
Il a souhaité une vie « heureuse et prospère » aux peuples d’Extrême Orient pour l’Année du Serpent, de la sagesse, exprimant ses vœux en ces termes: « Que l’aspiration à une vie heureuse et prospère puisse s’accomplir pour ces Peuples ».
Le regard du pape
« Cette circonstance joyeuse, a souligné le pape – et ces paroles prennent tout leur poids rétrospectivement -, célèbre les valeurs universelles de la paix, de l’harmonie et de la reconnaissance envers le Ciel, valeurs désirées par tous pour construire sa famille, la société et la nation ».
Benoît XVI a adressé également un salut spécial « aux catholiques de ces pays, afin qu’en cette Année de la foi, ils se laissent guider par la sagesse du Christ ».
La sagesse du Serpent d’Orient devient le symbole de la sagesse du Christ, Seigneur et Sauveur.
Ce n’est qu’un détail. Mais significatif : au moment où il décide de quitter la charge de Successeur de Pierre, le pape Benoît XVI dit son souci des catholiques en Asie et de tous ces peuples d’un continent où se concentre la majorité de la population mondiale, avec plus de quatre milliards d’habitants et leur mosaïque incroyable de cultures.
Voilà où se portait le regard du pape de la Nouvelle évangélisation ce dimanche 10 février 2013, depuis la fenêtre de son bureau qui donne place Saint-Pierre.