Le card. Bertone préside les 900 ans de l'Ordre de Malte

Des instruments pacifiques contre la maladie et l’intolérance

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La défense de la foi et le service des pauvres traduisent le charisme fondateur de l’Ordre de Malte, souligne le cardinal Bertone, en cette Année de la foi : pendant neuf siècles, ils ont été des « instruments pacifiques » de la lutte contre la maladie ou  l’intolérance et pour la diffusion de la foi.

Le cardinal Tarcisio Bertone a e effet présidé ce samedi matin, 9 février, à 10 h 30, à l’autel de la Confession la basilique Saint-Pierre, la messe marquant le 900eanniversaire de l’Ordre souverain militaire de Malte. Il était entouré du cardinal Paolo Sardi, patron de l’Ordre, et du cardinal Angelo Sodano, doyen du Collège cardinalice.

Dans son homélie, le cardinal Secrétaire d’Etat de Benoît XVI a souligné que l’Ordre « manquerait à sa vocation si la diffusion de la foi catholique n’était pas son devoir premier » : c’est même « l’âme de sa charité ».

Union de la foi et de la charité

La vie de l’Ordre manifeste « de façon spécifique », a-t-il souligné l’union de la foi et de la charité, en encourageant tous les membres de l’Ordre pour que foi et charité puissent « continuer à animer » leur « vie » et leur « apostolat ».

« Je vous remercie, a ajouté le cardinal Bertone à l’adresse des membres de l’Ordre et de tous les bénévoles, pour ce que vous faites pour les pauvres et les malades ».

Il a évoqué l’histoire séculaire de l’Ordre  reconnu officiellement le 15 février 1113 par le pape Pascal II, dans la bulle « Piae postulatio voluntatis ».

Il a rappelé les origines et les deux premiers siècles de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, citant le frère et historien de l’Ordre,

Giacomo Bosio (1544-1627), et son ouvrage « Corona del Cavaliere Gierosolimitano » publié à Rome in 1588, qui couvre l’histoire de sa communauté jusqu’en 1571. On y trouve, a expliqué le cardinal Bertone, « les principes fondateurs du nouvel ordre hospitalier ».

Il a rappelé qu’après la libération du tombeau du Christ par Godefroy de Bouillon (1058-1100), en 1099, l’Ordre eut soin « d’offrir l’hospitalité » et de « nourrir et servir » ceux qui « visitaient lieux saints », et de les « défendre » pour leur assurer le passage au milieu de populations hostiles ou les protéger des brigands.

Le nouvel Ordre était caractérisé par un esprit caritatif et chevaleresque à la fois, dans le sillage aussi du fondateur, le bienheureux Gérard, d’abord moine bénédictin, au monastère  de Santa Maria Latina de Jérusalem. Son « intuition » était justement une « alliance spécifique entre le foi et la charité ».

Une origine bénédictine

Puis le nouvel hôpital fondé par lui devint autonome par rapport au monastère bénédictin et il fut placé sous la protection de saint Jean Baptiste, le Précurseur, avec pour vocation ensemble « la défense de la foi » et le « service des pauvres ».

Rappelant cette origine monastique, le cardinal Bertone a souligné, comme le fera ensuite Benoît XVI, l’importance des personnes consacrées : les « profès » qui sont « le centre spirituel » et la « colonne portante » de tout l’Ordre.

Leur dévouement à la « prière » et à une « vie exemplaire » fait d’eux un moteur pour attirer « vers le haut » tous les membres de l’Ordre, a insisté le Secrétaire d’Etat qui a recommandé de promouvoir « d’authentiques vocations de profès » pour « vivre selon splendides intuitions du bienheureux Gérard ».

Et effectivement, le cardinal Bertone fait observer combien au cours de ces neuf siècles, l’Ordre de Malte a été fidèle à sa vocation hospitalière de servir les pauvres – selon l’option de l’« obsequium pauperum » – de leurs « mains travailleuses et cordialement généreuses », tout en défendant la foi catholique.

Enfin, le cardinal Bertone a invité à contempler la Vierge Marie, Mère de Jésus, honorée dans l’Ordre sous le vocable de Notre Dame de Filerme, honorée au Mont Filerimos (Rhodes), et fêtée au jour de la Nativité de Marie, le 8 septembre.

Mais il a aussi relevé que la Vierge Marie est honorée par l’Ordre sous le vocable de « Cause de notre joie » et il s’est demandé le sens de ce titre avant de répondre : « Jésus est venu à nous par Marie », par l’Incarnation du Verbe, « source de la joie messianique. »

A la « douleur introduite par la désobéissance d’Eve » répond donc la « joie de l’obéissance de Marie ».

La joie de Marie

Une joie que le cardinal Bertone voit particulièrement présente lors de la Visitation de Marie à Elisabeth qui est non seulement « la rencontre de deux mères exceptionnelles » mais aussi de deux « enfants exceptionnels », Jésus et Jean Baptiste, le saint patron de l’Ordre : « Jean indique aux membres de l’Ordre le lieu où l’on rencontre la vraie Seigneurie ».

« Marie, a-t-il souligné, ne s’est pas fermée sur elle-même », mais elle s’est « élancée sur le chemin de la charité », pour apporter « une aide », répondre à un « besoin » avec une « très grande sensibilité » et une « disponibilité concrète » qui sont une « image de l’existence » chrétienne.

Et la défense de la foi, la « tuitio fidei » qui caractérise la vocation de l’Ordre  signifie la défense du « mystère contemplé dans le Fils fait homme ».

En somme, pour le cardinal Bertone, Marie offre comme un « compendium » de « toutes les béatitudes évangéliques ».

Ainsi, la Croix octogonale et ses huit pointes représentent les « vertus chrétiennes » que les membres de l’Ordre se sont engagés à cultiver : spiritualité, simplicité, humilité, compassion, justice, miséricorde, sincérité, patience, ou bien les « huit principes » qui inspiraient les chevaliers : loyauté, piété, franchise, courage, gloire et honneur, mépris de la mort, solidarité avec les pauvres et les malades, respect de l’Eglise.

« Aimer l’Eglise et la défendre contre ses ennemis cachés ou connus, est le devoir de tout chrétien, de tout baptisé, et d’autant plus s’il vit cette vertu chrétienne particulière dans le contexte d’un ordre religieux », a insisté le Secrétaire d’Etat, et d’autant plus, en cette Année de la foi.

Il a conclu sur cette double vocation des membres de l’ordre, la « tuitio fidei », la défense de la foi et le service des pauvres : « obsequium pauperum » et sur le vœu que l’Ordre puisse faire l’expérience de « la joie sans fin » grâce à la « puissance de la résurrection ».

Quatre mille membres de l’Ordre ont pris part à la célébration. Ils représentaient les 13.500 membres, 80.000 bénévoles et plus de 25 000 médecins, infirmiers, et auxiliaires, de plus de 120 pays, où ils gèrent une vingtaine d’hôpitaux, des milliers de centres de santé, 33 corps de bénévoles, et 110 maisons de repos pour les personnes âgées.

Plus de trente cardinaux et évêques ont participé à la célébration, une centaine de chapelains de l’Ordre, et, avant la fin de la messe, le Grand Maître, Frà Matthew Festing, a prié la prière des Chevaliers.

Pour en savoir plus sur l’Ordre de Malte et son histoire :

http://www.orderofmalta.int/histoire/660/histoire-ordre-de-malte/?lang=fr

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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