L’amitié franco-allemande toujours en devenir, ne s’impose pas en « modèle indépassable », mais en un enseignement humble, à destination d’autre peuples, comme la Corée et le Japon, désireux de s’inspirer du manuel commun d’histoire franco-allemand pour asseoir leur réconciliation.
C’est ce qui ressort d’un congrès marquant les 50 ans du traité de l’Élysée, signé à Paris le 22 janvier 1963 par le Général De Gaulle et le chancelier allemand Konrad Adenauer. Il était organisé le 7 février par les ambassades de France et d’Allemagne près le Saint Siège, à l’Université pontificale grégorienne.
Les intervenants ont souligné les racines chrétiennes de l’Europe, et retracé cinquante années de réconciliation entre la France et l’Allemagne.
Avant que ne s’expriment tour à tour Annegret Kramp-Karrenbauer, Ministre présidente de la Sarre en charge des relations culturelles franco-allemandes, et Michel Barnier, Commissaire européen pour le Marché interne et les Services financiers, ont été rappelées les racines chrétiennes de l’Europe et le rôle de premier plan d’hommes de foi dans sa construction. Il a alors été souligné que « paix, amitié et réconciliation », noyau de la foi chrétienne, on été au centre de l’amitié franco-allemande et de la construction européenne du demi siècle écoulé. L’introduction se terminait par la citation du psaume 85 : « Amour et Vérité se rencontrent, / Justice et Paix s’embrassent » donnant ainsi le ton de la conférence.
Annegret Kramp-Karrenbauer exposait ensuite quelques traits de « l’architecture de base de l’Union européenne ». Une unité reposant, selon elle, sur le socle de l’amitié franco-allemande dont le rôle, dès le début a été de « se rassembler pour construire ». Mme Kramp-Karrenbauer mettait alors en lumière plusieurs facettes de la réconciliation et l’amitié franco-allemande. Elle citait notamment une coopération universitaire privilégiée entre son Land et les régions limitrophes françaises.
Michel Barnier, quant à lui, poursuivait en expliquant la construction de l’amitié franco-allemande reposant sur un chemin de réconciliation de plusieurs décennies. Selon lui, ce chemin de réconciliation n’a pu se faire qu’en trois temps pour construire les bases d’une amitié solide capable, de soutenir les fondements d’une union internationale européenne (cf. Texte intégral ci-dessous in « documents).
Citant l’évangile selon saint Matthieu, Michel Barnier a qualifié d’« examen de conscience » la première étape de la réconciliation. Selon le Commissaire européen, un regard commun sur l’histoire était nécessaire pour construire une paix solide qui ne soit pas qu’un « espace de temps entre de deux guerre », comme la définissait Jacques Bainville. Un accord sur l’histoire – fut-elle douloureuse – se posait comme inévitable pour emprunter le chemin du pardon. Il ne s’agissait pas, selon Michel Barnier d’oublier l’histoire, pas moins que s’égarer dans les vicissitudes d’une éternelle culpabilité, mais de regarder ensemble le passé pour bâtir l’avenir. Il citait l’exemple du manuel d’histoire commun à destinations des élèves français et allemands, qui selon lui, illustre le socle de l’amitié entre les deux pays.
Dans un second temps, Michel Barnier soulignait l’importance de gestes concrets et symboliques dans la réconciliation. C’est ainsi qu’il rappelait la poignée de main entre Charles De Gaulle et le Chancelier Adenauer devant la cathédrale de Reims le 8 juillet 1962, la célèbre image du Président Mitterrand et du chancelier Kohl devant l’ossuaire de Douaumont en septembre 1984, ou encore, l’accolade de Jacques Chirac et Gerhard Schröder au mémorial de Caen en 2004 en présence du cardinal Ratzinger.
Selon Michel Barnier, ces gestes sont autant symboliques que réconciliateurs pour deux nations historiquement antagonistes. Enfin, il propose comme troisième élément intrinsèque au chemin de réconciliation la mise en place de projets communs et d’actes concrets. Pour le Commissaire européen, « l’attrition ne suffit pas, il faut faire acte de contrition ».