L'enseignement de Milan 2013, par Mgr Paglia (II/II)

Vers « Philadelphie 2015 »

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« Ce qui s’est passé à Milan est une mine précieuse « , estime Mgr Paglia. Le président du Conseil pontifical pour la Famille, Mgr Vincenzo Paglia, a présenté lundi matin au Vatican un bilan de la Rencontre mondiale des familles de Milan, en juin dernier, et la perspective de la prochaine rencontre de Philadelphie.

Voici la seconde partie de notre traduction intégrale de l’intervention de Mgr Paglia, en italien. La première partie a été publiée hier, lundi 4 février.

Milan 2013: bilan de Mgr Paglia (2nde partie)

3. Le Conseil pontifical pour la famille perçoit l’urgence d’aider à redécouvrir la valeur de la famille, au sein de l’Eglise comme à l’extérieur. Son regard est évidemment dirigé avant tout vers l’intérieur de la communauté chrétienne pour que grandisse en elle le sens de sa responsabilité pastorale envers la famille.

Le récent synode a montré de manière éclatante combien l’attention des pères synodaux était dirigée vers le caractère central de la famille comme sujet de l’évangélisation. Il est donc urgent de repenser l’action pastorale de manière intelligente et créative : de l’initiation chrétienne à l’éducation, de la préparation au mariage à l’accompagnement des jeunes familles, de l’aide aux familles blessées aux procédures canoniques de nullité, etc.

Je crois qu’il faut souligner un point important, celui du témoignage que les familles doivent donner. Il est décisif de montrer par l’exemple qu’il est possible et qu’il est beau de « monter une famille », qu’il est important pour sa propre vie et pour celle des autres de pouvoir expérimenter l’amour conjugal et l’amour familial qui, seuls, peuvent soutenir dans les difficultés qui ne manqueront pas de se présenter. En somme, il doit apparaître de manière toujours plus évidente  la prophétie que représente la famille, comme lieu où se vivent dans la joie la foi et l’amour réciproque qui permettent de dépasser les liens familiaux et de se projeter au-delà.

Il y a aussi un grand travail à entreprendre sur le plan culturel : il s’agit d’œuvrer pour redonner de la valeur à une culture de la famille, pour la rendre à nouveau attrayante et importante pour la vie de chacun et pour la société. C’est un domaine qui exige une intelligence et une créativité renouvelées. Il faut libérer le mariage et la famille de ce que j’appellerais l’autosuffisance des sentiments personnels. Il n’est pas possible de supprimer les frontières en assimilant le mariage et la famille à n’importe quelle forme d’affection. Il ne suffit pas non plus de s’aimer pour justifier le mariage. Il faut ensuite démasquer les choix erronés sous couvert d’être raisonnables.

On estime par exemple qu’il est impossible de penser à la fidélité conjugale « pour toujours ». Je me pose des questions : pourquoi peut-on dire « pour toujours » à propos de son équipe de foot et non en ce qui concerne sa femme ou son mari ? Il est évident que quelque chose ne fonctionne pas. Et que dire ensuite de la coutume, qu’elle soit voulue ou imposée, selon laquelle on peut choisir de n’avoir qu’un enfant ? Dans quelques années, qu’en sera-t-il des termes « frère » et « sœur » ? Et si l’on passe à l’expression « géniteur A » et « géniteur B », je me demande quel est le premier mot que les parents espèrent entendre prononcer par leur enfant ?

C’est là une tâche immense que le Conseil pontifical pour la famille entend poursuivre, avec humilité mais détermination. S’occuper de la famille ne signifie pas se restreindre à un segment de la vie ou de la société ; aujourd’hui, cela signifie élargir son horizon au-delà de soi et décider de participer à la construction d’une société qui soit « familiale », au point d’englober « la famille » des peuples et des nations.

En fait, nous nous trouvons devant un défi historique : d’un côté, il y a la foi et la raison qui continuent de dire « il est bon que l’individu ne soit pas seul » et, de l’autre, nous avons une culture myope mais aussi mensongère, qui répète « il est bon que l’individu soit seul ». Conscient que toute la perspective anthropologique se joue autour de ce thème, Benoît XVI ne cesse pas de rappeler le caractère central du mariage pour la vie de l’Eglise et de la société elle-même : « la famille, souligne le pape, est une institution divine qui constitue le fondement de la vie des personnes, comme prototype de tout ordre social ».

4. C’est dans cette perspective que le Conseil pontifical entend réaliser ses premiers pas concrets à la suite de l’événement de Milan. Il y a ensuite les nombreuses suggestions du récent synode, introduit par l’homélie de Benoît XVI sur le mariage chrétien, ainsi que les autres indications offertes par le pape que ce soit dans son discours à l’occasion de la présentation des vœux de Noël à la Curie romaine ou dans celui qu’il a adressé au tribunal de la Rote romaine. Le terme sera la Rencontre mondiale des familles qui se tiendra à Philadelphie en 2015.

Une série d’initiatives rythmera le chemin de 2013 avec, comme priorité, la Carte des droits de la famille, promue par le Conseil pontifical pour la famille il y a exactement trente ans. Nous la présenterons dans les jours qui viennent aux Nations-Unies, à New York, et au siège de Genève, donc aussi au Parlement européen. Un congrès international des juristes catholiques, qui aura lieu à Rome fin juin, entend solliciter les experts à réfléchir, justement, sur les « droits » de la famille en ce début de nouveau millénaire. L’Assemblée plénière du Conseil pontifical, qui se réunira en octobre prochain, portera aussi sur ce texte qui mérite sans doute d’être relu, connu et diffusé.

En outre, à partir d’avril prochain, commencera une série de séminaires d’études intitulée : « Dialogues pour la famille ». Des experts des différentes disciplines affronteront des thèmes liés aux grands défis qui se présentent à la famille et au mariage. Parmi les premiers titres : « La famille, première entreprise », le « Défi éducatif », « Le Dieu des personnes âgées », sur la spiritualité des personnes âgées, et « Les liens intergénérationnels ».

Les 26 et 27 octobre prochains, le pèlerinage des familles sur la tombe de Pierre, à l’occasion de l’Année de la foi, sera un moment important de fête et de témoignage joyeux. Un investissement notoire est fait dans le secteur de la communication, dont le nouveau site web (www.familia.va), les newsletter, les contenus périodiques multimédia, la revue et les publications sont les premiers fruits.

Traduction de Zenit: Hélène Ginabat

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Vincenzo Paglia

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