Les mamans des prêtres accèdent à une « maternité nouvelle », explique le cardinal Mauro Piacenza, et ceci grâce notamment à la proximité de leur prière discrète, mais « très efficace et d’un prix inestimable ».
Le préfet de la Congrégation pour le clergé a en effet adressé une lettre « aux mères des prêtres et des séminaristes et à toutes celles qui exercent envers eux le don de la maternité spirituelle, en la solennité de la Très sainte Vierge Marie, Mère de Dieu », le 1er janvier 2013.
« La mère d’un prêtre « « reçoit » son fils prêtre de façon tout à fait nouvelle et inattendue, au point d’être appelée à reconnaître dans le fruit de son propre sein, par la volonté de Dieu, un « père » appelé à engendrer et à accompagner à la vie éternelle une multitude de frères », peut-on lire également dans la lettre.
Lettre du card. Piacenza
« « Causa nostrae Letitiae – Cause de notre joie » !
Le peuple chrétien a toujours vénéré, avec une profonde gratitude, la Bienheureuse Vierge Marie, contemplant en elle la cause de toute vraie joie.
En effet, en accueillant la Parole éternelle en son sein immaculé, la Très sainte Vierge Marie a mis au monde le grand prêtre éternel, Jésus-Christ, unique Sauveur du monde. En lui, Dieu lui-même est venu à la rencontre de l’homme, il l’a libéré du péché et lui a donné la vie éternelle, c’est-à-dire sa propre vie. En adhérant à la volonté de Dieu, Marie a donc participé, de manière unique et inimitable, au mystère de notre rédemption, devenant ainsi Mère de Dieu, Porte du ciel et Cause de notre joie.
De la même manière, l’Eglise toute entière regarde avec admiration et profonde gratitude toutes les mamans des prêtres et de ceux qui, ayant reçu cette très haute vocation, ont entrepris un chemin de formation, et c’est avec une joie profonde que je m’adresse à elles.
Les fils qu’elles ont accueillis et éduqués, en effet, ont été choisis par le Christ de toute éternité, pour devenir ses « amis bien-aimés » et être ainsi l’instrument vivant et indispensable de sa présence dans le monde. Par le moyen du sacrement de l’Ordre, la vie des prêtres est définitivement prise par Jésus et immergée en lui de telle sorte que c’est Jésus lui-même qui, en eux, passe et œuvre parmi les hommes.
Ce mystère est tellement grand que le prêtre est appelé « alter Christus », « un autre Christ ». Sa pauvre humanité, en effet, élevée par la puissance de l’Esprit-Saint à une union nouvelle et plus haute avec la personne de Jésus, est désormais le lieu de la rencontre avec le Fils de Dieu incarné, mort et ressuscité pour nous. Quand un prêtre enseigne la foi de l’Eglise, c’est le Christ, en lui, qui parle au peuple ; quand il guide avec prudence les fidèles qui lui sont confiés, c’est le Christ qui paît ses brebis ; quand il célèbre les sacrements et, de manière éminente, la très sainte Eucharistie, c’est le Christ lui-même qui, à travers ses ministres, réalise le salut de l’homme et se rend réellement présent dans le monde.
La vocation sacerdotale, normalement, trouve dans la famille, dans l’amour des parents et dans une première éducation à la foi, ce terrain fertile dans lequel la disponibilité à la volonté de Dieu peut s’enraciner et puiser la nourriture indispensable. En même temps, toute vocation représente, y compris pour la famille au sein de laquelle elle naît, une nouveauté particulière qui échappe aux paramètres humains et appelle toujours chacun à la conversion.
Dans cette nouveauté que le Christ opère dans la vie de ceux qu’il a choisis et appelés, tous les membres de la famille, ainsi que les personnes les plus proches, sont impliqués, mais la participation qu’il est donné de vivre à la mère d’un prêtre est certainement unique et spéciale. Uniques et spéciales sont aussi les consolations spirituelles accordées à celle qui a porté en son sein celui qui est devenu ministre du Christ. Toute mère, en effet, ne peut que se réjouir de voir la vie de son propre fils non seulement accomplie mais aussi investie d’une prédilection particulière de Dieu, qui embrasse et transforme l’éternité.
Si, apparemment, en vertu de la vocation et de l’ordination, il se produit une « distance » inattendue par rapport à la vie de son fils, mystérieusement plus radicale que toute autre séparation naturelle, en réalité, l’expérience bimillénaire de l’Eglise enseigne que la mère « reçoit » son fils prêtre de façon tout à fait nouvelle et inattendue, au point d’être appelée à reconnaître dans le fruit de son propre sein, par la volonté de Dieu, un « père » appelé à engendrer et à accompagner à la vie éternelle une multitude de frères. Toute mère d’un prêtre est mystérieusement « fille de son fils ». Elle pourra alors exercer envers lui une nouvelle « maternité », dans la proximité d’une prière discrète, mais très efficace et d’un prix inestimable, et dans l’offrande de sa propre vie pour le ministère de son fils.
Cette nouvelle « paternité » à laquelle le séminariste se prépare, qui est donnée au prêtre et dont bénéficie tout le peuple saint de Dieu, a besoin d’être accompagnée par la prière assidue et par le sacrifice personnel, pour que sa liberté d’adhésion à la volonté de Dieu soit continuellement renouvelée et fortifiée ; elle en a aussi besoin pour que les prêtres ne se lassent jamais, dans le combat quotidien de la foi et qu’ils unissent toujours plus totalement leur propre vie au sacrifice du Christ et Seigneur.
Une telle mission de soutien authentique, toujours nécessaire dans la vie de l’Eglise, apparaît aujourd’hui plus urgente que jamais, surtout dans notre Occident sécularisé, qui attend et demande une annonce du Christ nouvelle et radicale, et les mamans des prêtres et des séminaristes représentent une véritable « armée » qui, de la terre, élève vers le ciel prières et offrandes et qui, du ciel où elle est encore plus nombreuse, intercède pour que chaque grâce soit reversée sur la vie des pasteurs sacrés.
C’est pour cela que je désire de tout mon cœur encourager toutes les mamans des prêtres et séminaristes et leur adresser des remerciements tout particuliers, et avec elles, je m’adresse à toutes les femmes, consacrées et laïques, qui ont accueilli, parfois suite à l’invitation qui leur a été lancée pendant l’Année sacerdotale, le don de la maternité spirituelle envers ceux qui sont appelés au ministère sacerdotal. Elles offrent leur vie, leur prière, leurs souffrances et leurs fatigues, ainsi que leurs joies, pour la fidélité et la sanctification des ministres de Dieu, devenant ainsi participantes, à titre spécial, de la maternité de la sainte Eglise, qui a pour modèle et pour accomplissement la divine maternité de la Très sainte Vierge Marie.
Enfin, mes remerciements montent vers le ciel, vers ces mères qui, déjà rappelées de cette terre, contemplent désormais pleinement la splendeur du sacerdoce du Christ, dont leur fils sont devenus participants, et qui intercèdent pour eux, de façon unique et, mystérieusement, beaucoup plus efficace.
Vous adressant mes vœux les plus chers pour une nouvelle Année de grâce, de tout cœur, je vous accorde à toutes et à chacune ma bénédiction la plus affectueuse, implorant pour vous, auprès de la bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu et Mère des prêtres, le don de lui ressembler, elle qui est la parfaite disciple et Fille de son Fils. »
Traduction d’Hélène Ginabat