Là où Dieu est oublié, pas de paix

Benoît XVI, homélie de la nuit de Noël

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« Avons-nous vraiment de la place pour Dieu, quand il cherche à entrer chez nous ? Avons-nous du temps et de l’espace pour lui ? », a interrogé Benoît XVI lors de son homélie de la messe de la nuit de Noël, le 24 décembre 2012, en la basilique Saint-Pierre (Cf. Zenit du 24 décembre pour le texte intégral).

Il a invité à une conversion, afin « qu’il se crée au fond de nous-mêmes un espace pour lui et qu’ainsi nous puissions aussi le reconnaître en ceux par qui il s’adresse à nous », l’enjeu de cette question étant entre autres « la paix », car « là où Dieu est oublié ou même renié, il n’y pas non plus de paix ».

Quelle « place » pour Dieu?

Évoquant les circonstances bibliques de la naissance du Christ, le pape s’est arrêté sur la mention « il n’y avait pas de place dans la salle commune ».

« Comment se passeraient les choses, si Marie et Joseph frappaient à ma porte : Y aurait-il de la place pour eux ? », a-t-il interrogé : « avons-nous vraiment de la place pour Dieu, quand il cherche à entrer chez nous ? Avons-nous du temps et de l’espace pour lui ? ».

« Dieu a-t-il vraiment une place dans notre pensée, dans notre sentiment et dans notre vouloir ? », a poursuivi Benoît XVI, constatant qu’ « il n’y a pas de place pour lui » car « la pensée, pour être considérée comme sérieuse, doit être construite de façon à rendre superflue l’“hypothèse Dieu” ».

De même, dans la volonté, « nous nous voulons nous-mêmes. Nous voulons les choses tangibles, le bonheur expérimentable, la réussite de nos projets personnels et de nos intentions. Nous sommes totalement « remplis » de nous-mêmes, si bien qu’il ne reste aucun espace pour Dieu ».

Et c’est pourquoi « il n’y a pas d’espace non plus pour les autres, pour les enfants, pour les pauvres, pour les étrangers » : pour Benoît XVI, la question de l’accueil du Christ est en effet liée à celle « de savoir comment chez nous se passent les choses concernant les personnes déplacées, les réfugiés et les immigrés ».

Il s’agit donc pour l’homme de se « convertir » « jusqu’aux profondeurs de son rapport avec la réalité » : il s’agit d’être « vigilants envers sa présence, afin que nous entendions comment il frappe » et pour « qu’il se crée au fond de nous-mêmes un espace pour lui et qu’ainsi nous puissions aussi le reconnaître en ceux par qui il s’adresse à nous : dans les enfants, dans les personnes qui souffrent et dans celles qui sont abandonnées, dans les personnes marginalisées et dans les pauvres de ce monde ».

Cette conversion est une “traversée”, par laquelle l’homme sort « de ses habitudes de pensée et de vie et dépasse le monde purement matériel pour arriver à l’essentiel, au-delà, vers ce Dieu qui, pour sa part, est venu ici, vers lui ».

Là où Dieu est oublié, pas de paix

La question de la place de Dieu chez l’homme est fondamentale pour la paix, a souligné Benoît XVI : « la paix sur la terre entre les hommes est en relation avec la gloire de Dieu au plus haut des cieux. Là où on ne rend pas gloire à Dieu, là où Dieu est oublié ou même renié, il n’y pas non plus de paix. »

Le pape a levé immédiatement l’objection soulevée par certains courants de pensée qui soutiennent que « les religions, en particulier le monothéisme, seraient la cause de la violence et des guerres dans le monde » : « la foi dans le Dieu unique, serait tyrannie, cause d’intolérance, car, en fonction de sa nature, il voudrait s’imposer à tous avec la prétention de l’unique vérité ».

Cette vision erronée, a-t-il expliqué, résulte d’un détournement de la religion qui sert « de prétexte à l’intolérance et à la violence ». Cela arrive, a-t-il ajouté, « quand l’homme pense devoir prendre lui-même en main la cause de Dieu, faisant ainsi de Dieu sa propriété privée ».

Condamnant « ces travestissements du sacré », le pape a fait observer pourtant que « des forces de réconciliation et de bonté sont toujours venues de nouveau de la foi en ce Dieu qui s’est fait homme ».

En définitive, « il n’est pas vrai que le « non » à Dieu rétablirait la paix ». Au contraire, a-t-il estimé, « si la lumière de Dieu s’éteint, la dignité divine de l’homme s’éteint aussi ».

En effet, si Dieu est oublié, alors l’homme « n’est plus l’image de Dieu, que nous devons honorer en chacun, dans le faible, dans l’étranger, dans le pauvre ». Par conséquent, a-t-il insisté, « nous ne sommes plus tous frères et soeurs, enfants de l’unique Père ».

Pour preuve, les idéologies athées du siècle dernier, où « l’homme déprécie et écrase l’homme », a rappelé le pape, affirmant que c’est « seulement si la lumière de Dieu brille sur l’homme et dans l’homme, seulement si chaque être humain est voulu, connu et aimé par Dieu, seulement alors, quelle que soit sa situation de misère, sa dignité est inviolable ».

Benoît XVI a souhaité « qu’à la place des armements pour la guerre succède de l’aide pour ceux qui souffrent ».

Priant pour que « les personnes qui croient devoir exercer la violence au nom de Dieu apprennent à comprendre l’absurdité de la violence », le pape a cité les pays du Moyen-Orient, « où notre foi a trouvé son origine », formulant le vœu « que les chrétiens et les musulmans construisent ensemble leurs pays dans la paix de Dieu ».

Il a appelé la paix sur « tous les lieux où le Seigneur a vécu, agi et souffert », afin « qu’Israéliens et Palestiniens puissent mener leur vie dans la paix du Dieu unique et dans la liberté », mais aussi sur les « pays environnants, pour le Liban, pour la Syrie, pour l’Iraq et ainsi de suite ».

Dieu se fait petit enfant, a-t-il déclaré par ailleurs, afin que l’homme « puisse l’aimer », et même « ose l’aimer ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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