ROME, mercredi 15 février 2012 (ZENIT.org) – L’Eglise fait aujourd’hui mémoire de celui que Benoît XVI a salué comme un témoin de la miséricorde divine : le bienheureux Michal Sopocko (1888-1975), conseiller spirituel de sainte Faustine Kowalska, rencontré à Vilnius.
A Vilnius, capitale de la Lituanie, on peut ainsi faire tout un « pèlerinage de la miséricorde » dans les lieux marqués par la présence de sainte Faustine et du bienheureux Michal qui l’a accompagnée sur cette voie extraordinaire et s’est consacré lui aussi à répandre le culte de la miséricorde. On découvre notamment cette petite maison de bois, transformée par l’archevêque, le cardinal Audrys Backis, en sanctuaire, où Faustine a bénéficié une centaine de fois des visites du Christ.
Etrangement, la maison a été épargnée par l’époque soviétique, tandis que les maisons de bois qui se trouvaient sur le même site, à droite et à gauche, ont été remplacées par des barres de béton. On peut s’y recueillir en présence de reliques de sainte Faustine et du bienheureux Sopocko.
On découvre aussi aux portes de Vilnius le souvenir des dizaines de milliers de juifs massacrés par les nazis lors de la « Shoah par balles », tandis qu’un « musée » conserve les traces des salles de torture soviétiques et rappelle la longue résistance héroïque de la Lituanie chrétienne au communisme. Pour Jean-Paul II, la Miséricorde divine, c’est justement la limite imposée par Dieu au mal. Ainsi, les tragédies du XXe s. n’ont pas arrêté la diffusion du message de l’amour miséricordieux, aujourd’hui répandu dans le monde entier, comme pour signifier que l’amour a le dernier mot.
Le P . Michal – Michel – Sopocko est un prêtre polonais, fondateur de la Congrégation des sœurs de Jésus miséricordieux, béatifié en Pologne, à Bialystock, non loin de la frontière lituanienne, sur le parvis de l’église de la Miséricorde divine, le 28 septembre 2008, à 15 h, heure de la miséricorde.
Ce dimanche-là, Benoît XVI a souligné, à l’angélus, que le P. Sopocko a été « le confesseur et le guide spirituel » de sainte Faustine, et que c’est à sa demande que la sainte « a décrit ses expériences mystiques et les apparitions de Jésus miséricordieux dans son fameux ‘Journal’ ».
« J’ai confiance en toi »
C’est aussi « grâce à ses efforts », a ajouté le pape, que l’on a peint et transmis au monde « l’image avec l’inscription : « Jésus, j’ai confiance en toi » », dont sainte Faustine a suivi la réalisation, semaine après semaine, attentive à chaque détail. Caché en Biélorussie pendant la période de l’oppression soviétique, ce « puits » mystérieux où le Christ a invité à venir puiser la miséricorde est aujourd’hui exposé dans le sanctuaire de l’église de la Sainte-Trinité de Vilnius. Avec l’icône peinte ensuite à Cracovie, ce sont deux instruments de la miséricorde, un peu comme l’Evangile a été transmis sous quatre formes différentes : aucune n’épuise le mystère de la présence du Christ manifestée par cet humble instrument fait de main d’homme.
Le P. Sopocko s’est fait connaître, a expliqué Benoît XVI, « comme un prêtre zélé, comme un éducateur et un propagateur du culte de la Miséricorde divine ».
« Je m’unis à la joie des diocèses de Bialystok et de Vilnius, et de ceux qui ont à cœur dans le monde le message de Jésus miséricordieux », a souligné le pape, avant d’évoquer Jean-Paul II – qui n’était pas encore béatifié – en disant : « Dans la maison du Père, mon bien-aimé prédécesseur, le serviteur de Dieu Jean-Paul II, se réjouit de cette béatification. C’est lui qui a confié le monde à la divine miséricorde, et c’est pourquoi je répète à tous son vœu : ‘Que le Dieu riche en miséricorde vous bénisse’ ». Cette bénédiction a été prononcée par Jean-Paul II à l’aéroport de Cracovie-Balice, le 19 août 2002.
Michel Sopocko est né à Nowosady, près de Vilnius. Il a fait sa théologie à l’université de Vilnius, puis à Varsovie : des études couronnées par un doctorat en théologie morale, en 1926. Il a ensuite été directeur spirituel au séminaire de Vilnius, à partir de 1934, tout en enseignant la théologie pastorale à la Faculté de Théologie de l’Université Étienne Bathory à Vilnius et au séminaire de Bialystok, jusqu’en 1962. Entre 1918 et 1932, il a été aumônier de l’armée polonaise à Varsovie et à Vilnius.
Il a, par ses écrits, posé les bases théologiques des nouvelles formes du culte de la Miséricorde divine. Il était aussi engagé dans de nombreuses activités sociales, tout en étant le confesseur de différentes communautés.
Humilité et courage
Il a notamment écrit des lettres de formation pour les Soeurs de Jésus Miséricordieux, cette nouvelle congrégation religieuse dont il a ensuite rédigé les constitutions, selon les indications reçues du Christ par sainte Faustine. A partir des textes de soeur Faustine, il a aussi composé des prières à la Miséricorde.
Faustine a entendu ces paroles du Christ, à propos du P. Sopocko : « Voilà l’aide visible pour toi sur la terre. Il t’aidera à accomplir ma volonté sur la terre », comme elle le rapporte dans son « Petit Journal » (PJ 53).
Elle explique combien le P. Sopocko a été un apôtre de la miséricorde en dépit des oppositions: « Ô mon Jésus, Tu vois quelle immense gratitude j’ai pour l’abbé Sopocko qui a mené Ton œuvre si loin. Cette âme si humble a su supporter tous les orages, et elle ne s’est pas laissé décourager par les contrariétés, mais elle a répondu fidèlement à l’appel de Dieu » (PJ 1586).
Elle entrevoit que la miséricorde suscitera un nouveau printemps dans l’Eglise : « Alors que je parlais avec le directeur de mon âme, je perçus intérieurement son âme en proie à une grande souffrance, à un supplice tel que rares sont les âmes que Dieu touche d’un pareil feu. Cette œuvre en était la cause. Un jour viendra où cette œuvre tant recommandée par Dieu paraîtra presque totalement détruite – et alors Dieu commencera à agir avec une grande force qui témoignera de sa vérité. Cette œuvre donnera une nouvelle splendeur à l’Église, bien qu’elle y existe depuis longtemps déjà ».
Le bienheureux Michel et saint Claude
Dans son journal, le P. Sopocko décrit sa re-découverte de la miséricorde, grâce à sainte Faustine : « Il y a des vérités que l’on connaît, dont on entend parler et dont on parle souvent, mais que l’on ne comprend pas. Il en était de même pour moi, en ce qui concerne la vérité sur la miséricorde divine. Tant de fois je mentionnais cette vérité dans les homélies, j’y pensais pendent les retraites, je la répétais dans les prières de l’Eglise – surtout dans les psaumes – mais je ne comprenais pas la signification de cette vérité et je n’entrais pas dans son contenu, c’est-à-dire qu’elle était un attribut suprême de l’activité de Dieu à l’extérieur. Il fallait qu’une simple religieuse, S. Faustine, de la Congrégation des Soeurs de Notre-Dame de la Miséricorde, guidée par une intuition, m’en parle. Elle me le répétait brièvement et souvent, en me poussant à examiner, à étudier cette vérité et à y réfléchir fréquemment ».
Il évoque ses tâtonnements : « Tout au début, je ne savais pas trop bien de quoi il s’agissait, j’écoutais, je doutais, je me posais des questions – ce n’est que quelques années plus tard que j’ai compris l’importance de cette oeuvre, l’immensité de cette idée, et je me suis persuadé moi-même de l’efficacité de ce culte vivifiant et ancien, c’est vrai, mais négligé et nécessitant donc d’être renouvelé à notre époque ».
Sa décision est prise: « La confiance en cette Miséricorde Divine,
la propagation du culte de cette miséricorde parmi les hommes, et le fait de lui consacrer toutes mes pensées, paroles et actions, sans une ombre d’y rechercher ma propre gloire sera dorénavant le fondement essentiel de ma vie, avec l’aide de cette miséricorde incommensurable ».
Après la mort de sainte Faustine, il a cherché à accomplir fidèlement ce que le Christ avait demandé par elle. Il disait : « L’Évangile ne consiste pas à prêcher que les pécheurs devraient devenir bons, mais que Dieu est bon pour les pécheurs ».
Sa « naissance au Ciel », le 15 février 1975, année sainte, correspond aussi à la date de la naissance au ciel du conseiller spirituel de sainte Marguerite Marie Alacoque, saint Claude La Colombière (1641-1682), jésuite, confident du message du Cœur du Christ à Paray-le-Monial, et fêté également aujourd’hui. Béatifié par Pie XI en 1929, Claude La Colombière a été canonisé par Jean-Paul II le 31 mai 1992.
Pour la canonisation du bienheureux Michal Sopocko, il faudra la reconnaissance d’un « miracle » dû à son intercession et survenu après sa béatification.
Anita Bourdin