ROME, Lundi 14 février 2011 (ZENIT.org) – La canonisation de la bienheureuse espagnole, Bonifacia Rodríguez Castro (1837-1905), fondatrice des Servantes de saint Joseph, sera annoncée par Benoît XVI lundi prochain, 21 février. C’est une sainte qui met en évidence la dignité des travailleuses et des artisans et a lutté pour donner du travail aux femmes. Mais la fondation sera incomprise et s’effectuera dans des conditions douloureuses.
Sa biographie complète a été publiée par le Vatican à l’occasion de sa béatification par Jean-Paul II, en 2003.
Bonifacia Rodríguez Castro était une travailleuse simple qui, dans le quotidien, s’ouvrait au don de Dieu et avait le souci du progrès chrétien et social des femmes par la prière et le travail.
Elle avait compris les risques de la condition sociale des travailleuses qu’elle côtoyait, et elle trouva dans la vie simple et cachée de la sainte Famille de Nazareth, un modèle de spiritualité du travail, respectant la dignité de la personne et un moyen de sanctification.
Elle naît à Salamanque (Espagne) le 6 juin 1837 au sein d’une famille artisane. Ses parents, Juan et María Natalia, profondément chrétiens, éduquèrent dans la foi leurs six enfants dont Bonifacia était l’aînée. Juan, tailleur, avait installé son atelier de couture à la maison.
Bonifacia apprit le métier de passementière et commença à gagner sa vie à l’âge de quinze ans, à la mort de son père. Puis elle monta son propre atelier de « passementerie, et d’autres ouvrages », où elle travaillait dans le recueillement en imitant la vie cachée de la sainte Famille.
Ses frères et sœurs moururent encore enfants sauf Augustine qui se maria en 1865. Bonifacia et sa mère menèrent alors une vie spirituelle intense, et fréquentèrent l’église de la Clerecía confiée aux jésuites.
Un groupe de jeunes-filles de Salamanque, amies de Bonifacia, attirées par le témoignage de sa vie, commencent à fréquenter sa maison-atelier le dimanche et les jours de fête. Bientôt, elles formèrent l’ « Association de l’Immaculée et de saint Joseph », appelée plus tard « Association Joséphine ».
L’événement qui changea le cours de sa vie fut la rencontre d’un jésuite catalan, le P. Francisco Javier Butinyà i Hospital, originaire de Bañolas-Girona (1834-1899), qui arriva à Salamanque en octobre de 1870. Il était en train d’écrire « La lumière de l’artisan : collection de vies d’illustres fidèles qui se sont sanctifiés dans des professions humbles ».
Bonifacia le choisit comme conseiller spirituel et lui confia son désir de devenir dominicaine, mais le P. Butinyà lui proposa de fonder la congrégation des Servantes de Saint-Joseph. Bonifacia accepta. Avec six autres femmes, membres de l’Association Joséphine – dont la mère de Bonifacia -, la vie de la communauté commença, dans l’atelier, le 10 janvier 1874.
Le 7 janvier, l’évêque de Salamanque, Mgr Joaquin Lluch i Garriga, avait signé le décret d’érection du nouvel institut. L’évêque, catalan comme le P. Butinyà, originaire de Manrèse-Barcelone (1816-1882), avait dès le début accueilli la nouvelle fondation avec enthousiasme.
Dans leur atelier les Servantes de Saint-Joseph offraient du travail aux femmes pauvres qui en manquaient. C’était une forme de vie religieuse audacieuse qui suscita des oppositions.
Le P. Butinyà sera exilé, Bonifacia destituée. Sans aucun mot de revendication, elle proposa au nouvel évêque de Salamanque, Mgr Narciso Martínez Izquierdo, de partir fonder une nouvelle communauté à Zamora. La proposition sera acceptée par lui et par l’évêque de Zamora, Mgr Tomás Belestá y Cambeses.
Bonifacia et sa mère quittèrent Salamanque pour Zamora, le 25 juillet 1883 : elles y firent revivre leur atelier et à Salamanque on commença à « rectifier » le projet incompris. Et lorsque, le 1er juillet 1901, le pape Léon XIII accorda l’approbation pontificale aux Servantes de Saint-Joseph, la maison de Zamora fut exclue.
On ne lui permettra pas de revenir parler à ses sœurs de Salamanque. Mais elle était sûre que la réunification aurait lieu après sa mort. De fait, elle s’éteignit le 8 août 1905, et le 23 janvier 1907 la maison de Zamora s’unit au reste de la congrégation.
Anita S. Bourdin