ROME, Vendredi 4 février 2011 (ZENIT.org) – Une « décision surprenante dont la cause principale est à attribuer à une mauvaise traduction ou à l’interprétation erronée de ce qu’a dit le Saint-Père » : c’est en ces termes que le cardinal Antonios Naguib, patriarche d’Alexandrie des coptes (Egypte) a commenté l’annonce faite le 20 janvier dernier par la plus haute autorité de l’islam sunnite, l’Académie de recherches islamiques d’Al-Azhar, dont le siège est au Caire, en Egypte, de vouloir « geler » le dialogue avec le Vatican.
« L’erreur a été commise par une des chaines de télévision arabe puis reprise par tous les médias, a déclaré dans un entretien à Zenit le cardinal qui a été rapporteur général au récent synode des évêques pour le Moyen-Orient. Et « les autorités religieuses, politiques et culturelles ont alors réagi sur la base de cette fausse interprétation ».
Pour le cardinal Naguib, « geler le dialogue ne veut pas dire rompre les relations entre le Vatican et Al-Azhar, ce que confirme aussi le porte-parole d’Al-Azhar, l’ambassadeur Mohamed Refaat ».
« Al-Azhar a pris cette décision, estimant que les positions du pape concernant l’islam étaient négatives, en référence aussi à des épisodes du passé », a-t-il ajouté, mais là aussi, précise-t-il, « ses interventions ont été mal interprétées ».
Le cardinal Naguib pense que cette situation sera peut-être « l’occasion d’éclaircir ce qui a créé cette escalade » et de « revenir à un dialogue fructueux des deux côtés ».
Le patriarche d’Alexandrie était à Rome ces derniers jours pour prendre part à la rencontre de la commission des travaux post-synodaux, dont le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, est également membre.
A l’issue de la rencontre, le cardinal Naguib a rapporté que le cardinal Tauran avait confirmé que le Conseil pontifical, qu’il préside, n’avait pas encore reçu de communiqué officiel de la part d’Al-Azhar, si bien que pour le dicastère le dialogue est toujours en cours.
La prochaine rencontre du Comité conjoint entre l’université d’Al-Azhar et le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, est normalement prévue le 8 février prochain.
Interrogé sur l’attitude adoptée par l’Eglise catholique en Egypte en ce moment, le patriarche a rappelé le communiqué diffusé par le nonce apostolique Mgr Michael Louis Fitzgerald, qui explique avec précision les paroles du pape, soulignant que celles-ci ne constituaient en rien une ingérence dans les affaires intérieures du pays ni ne contenaient d’appels aux gouvernements étrangers pour défendre les chrétiens du Moyen-Orient. Le pape a tout simplement demandé aux gouvernements et aux Etats de protéger leurs citoyens chrétiens.
Par ailleurs, deux des évêques auxiliaires, accompagnés du directeur du Bureau de presse de l’Eglise copte catholique, ont eu une rencontre avec le grand imam d’Al-Azhar, auquel ils ont remis le texte authentique du pape. Le patriarche de l’Eglise melkite a lui aussi rencontré le ministre des affaires religieuses pour lui remettre le discours du Saint-Père.
« Pour ma part, a jouté le patriarche, j’ai adressé aussi un appel à tous les catholiques en Egypte afin qu’ils s’emploient à favoriser et à promouvoir un esprit d’accueil, de proximité, de fraternité et de collaboration ».
Tony Assaf