Extase de Thérèse d'Avila @ WIKIMEDIA COMMONS - Sailko

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Benoît XVI souligne l’actualité de l’enseignement de Thérèse d’Avila

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Un « docteur de l’Eglise » pour aujourd’hui

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ROME, Mercredi 2 février 2011 (ZENIT.org) – L’actualité de sainte Thérèse d’Avila a été synthétisée par Benoît XVI en cinq éléments de son enseignement : « les vertus évangéliques comme base de toute la vie chrétienne et humaine », « l’écoute vivante de la Parole de Dieu », le caractère « essentiel » de la prière, le caractère « central » de l’humanité du Christ, et « la perfection ».

La vie d’un « docteur »

Le pape a tout d’abord rappelé quelques éléments biographiques : « Thérèse de Jésus est née à Avila en Espagne en 1515. Les expériences fortes de son enfance et ses lectures marqueront sa vie d’un sceau d’absolu. Thérèse veut, à 9 ans, mourir martyre pour voir Dieu et éprouve déjà la fugacité du temps. Elle entre à l’âge de 20 ans au monastère de l’Incarnation et expérimente sa faiblesse et sa médiocrité pendant des années ».

Puis c’est la « conversion » dans la conversion : « Un jour, découvrant un Christ couvert de plaies, elle est saisie par la présence de Dieu en elle. C’est le début d’un chemin de maturation de sa vie intérieure qu’elle décrira dans ses œuvres avec finesse psychologique et sûreté théologique, recherchant avant tout l’obéissance à l’Eglise. Réformatrice de l’ordre du carmel, elle sillonne l’Espagne jusqu’à sa mort en 1582, pour fonder des monastères. »

Béatifiée par le Pape Paul V en 1614 et canonisée en 1622 par Grégoire XV, elle est proclamée « Docteur de l’Eglise » par Paul VI en 1970.

Quatre œuvres majeures

« Thérèse de Jésus n’avait pas de formation universitaire, mais elle a tiré profit des enseignements de théologiens, d’hommes de lettres et de maîtres spirituels », a fait observer le pape avant de présenter quatre œuvres : l’Autobiographie, le Chemin de la Perfection, le Château intérieur et le Livre des fondations.

Thérèse d’Avila appelait son autobiographie, intitulée « Livre de la vie », le « Livre des Miséricordes du Seigneur » : « Composée au Carmel d’Avila en 1565, elle rapporte son parcours biographique et spirituel, écrit, comme l’affirme Thérèse elle-même, pour soumettre son âme au discernement du « Maître des spirituels », saint Jean d’Avila. Le but est de mettre en évidence la présence et l’action de Dieu miséricordieux dans sa vie : c’est pourquoi l’œuvre rappelle souvent le dialogue de prière avec le Seigneur. C’est une lecture fascinante, parce que la sainte non seulement raconte, mais montre qu’elle revit l’expérience profonde de sa relation avec Dieu ».

En 1566, Thérèse écrit Le Chemin de perfection, qu’elle appelle Admonestations et conseils : Thérèse de Jésus les adresse à ses moniales : « Les destinataires en sont les douze novices du carmel de saint Joseph d’Avila. Thérèse leur propose un intense programme de vie contemplative au service de l’Eglise, à la base duquel se trouvent les vertus évangéliques et la prière. Parmi les passages les plus précieux le commentaire au Notre Père, modèle de prière ».

Son « œuvre mystique la plus célèbre » demeure Le Château intérieur, écrit en 1577, « en pleine maturité », commente le pape : « Il s’agit d’une relecture de son chemin de vie spirituelle et, dans le même temps, d’une codification du déroulement possible de la vie chrétienne vers sa plénitude, la sainteté, sous l’action de l’Esprit Saint ».

Benoît XVI explique que « Thérèse fait appel à la structure d’un château avec sept pièces, comme image de l’intériorité de l’homme, en introduisant, dans le même temps, le symbole du ver à soie qui renaît en papillon, pour exprimer le passage du naturel au surnaturel » : « La sainte s’inspire des Saintes Ecritures, en particulier du « Cantique des cantiques », pour le symbole final des « deux Epoux », qui lui permet de décrire, dans la septième pièce, le sommet de la vie chrétienne dans ses quatre aspects: trinitaire, christologique, anthropologique et ecclésial ».

Enfin, à son activité de fondatrice des carmels réformés, Thérèse consacre « le Livre des fondations », écrit en 1573 et 1582, dans lequel elle parle de la vie du groupe religieux naissant » : « Comme dans son autobiographie, le récit tend à mettre en évidence l’action de Dieu dans l’œuvre de fondation des nouveaux monastères ».

Les cinq piliers de la vie spirituelle thérésienne

Le pape résumé ensuite l’enseignement de Thérèse d’Avila en soulignant tout d’abord qu’elle « propose les vertus évangéliques comme base de toute la vie chrétienne et humaine : en particulier, le détachement des biens ou pauvreté évangélique, et cela nous concerne tous; l’amour des uns pour les autres comme élément essentiel de la vie communautaire et sociale; l’humilité comme amour de la vérité ; la détermination comme fruit de l’audace chrétienne ; l’espérance théologale, qu’elle décrit comme une soif d’eau vive. Sans oublier les vertus humaines : amabilité, véracité, modestie, courtoisie, joie, culture ».

« En deuxième lieu, ajoute-t-il, sainte Thérèse propose une profonde harmonie avec les grands personnages bibliques et l’écoute vivante de la Parole de Dieu. Elle se sent surtout en harmonie avec l’épouse du Cantique des Cantiques et avec l’apôtre Paul, outre qu’avec le Christ de la Passion et avec Jésus Eucharistie ».

La prière, essentielle

« La sainte souligne ensuite à quel point la prière est essentielle : prier, dit-elle, « signifie fréquenter avec amitié, car nous fréquentons en tête à tête Celui qui, nous le savons, nous aime» (Vie 8, 5). L’idée de sainte Thérèse coïncide avec la définition que saint Thomas d’Aquin donne de la charité théologale, comme amicitia quaedam hominis ad Deum, un type d’amitié de l’homme avec Dieu, qui le premier a offert son amitié à l’homme; l’initiative vient de Dieu (cf. Summa Theologiae II – II, 21, 1). La prière est vie et se développe graduellement en même temps que la croissance de la vie chrétienne: elle commence par la prière vocale, elle passe par l’intériorisation à travers la méditation et le recueillement, jusqu’à parvenir à l’union d’amour avec le Christ et avec la Très Sainte Trinité ».

« Il ne s’agit évidemment pas, fait observer le pape, d’un développement dans lequel gravir les plus hautes marches signifie abandonner le type de prière précédent, mais c’est plutôt un approfondissement graduel de la relation avec Dieu qui enveloppe toute la vie. Plus qu’une pédagogie de la prière, celle de Thérèse est une véritable «mystagogie»: elle enseigne au lecteur de ses œuvres à prier en priant elle-même avec lui; en effet, elle interrompt fréquemment le récit ou l’exposé pour se lancer dans une prière. »

L’humanité du Christ

« Un autre thème cher à la sainte est le caractère central de l’humanité du Christ, ajoute le pape. En effet, pour Thérèse la vie chrétienne est une relation personnelle avec Jésus, qui atteint son sommet dans l’union avec Lui par grâce, par amour et par imitation. D’où l’importance que celle-ci attribue à la méditation de la Passion et à l’Eucharistie, comme présence du Christ, dans l’Eglise, pour la vie de chaque croyant et comme cœur de la liturgie. Sainte Thérèse vit un amour inconditionné pour l’Eglise: elle manifeste un vif sensus Ecclesiae face aux épisodes de division et de conflit dans l’Eglise de son temps. Elle réforme l’Ordre des carmélites avec l’intention de mieux servir et de mieux défendre la «Sainte Eglise catholique romaine», et elle est disposée à donner sa vie pour celle-ci (cf. Vie 33, 5). »

Enfin, Benoît XVI voit « un dernier aspect essentiel de la doctrine thérésienne » dans la « perfection », comme « aspira
tion de toute la vie chrétienne et objectif final de celle-ci » : « La sainte a une idée très claire de la «plénitude» du Christ, revécue par le chrétien. A la fin du parcours du Château intérieur, dans la dernière «pièce», Thérèse décrit cette plénitude, réalisée dans l’inhabitation de la Trinité, dans l’union au Christ à travers le mystère de son humanité. »

Anita S. Bourdin

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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