ROME, Mercredi 9 septembre 2009 (ZENIT.org) - « Pierre Damien développe une profonde théologie de l'Eglise comme communion », a expliqué Benoît XVI dans sa catéchèse de ce mercredi sur saint Pierre Damien, à l'occasion de l'audience du mercredi.

Benoît XVI est venu en hélicoptère de Castel Gandolfo pour cette audience qu'il a tenue en la salle Paul VI du Vatican, une salle comble et enthousiaste.

« Théologien éminent, Pierre Damien, à partir de sa réflexion trinitaire et christologique enracinée dans l'Écriture, sut mettre en lumière l'Église comme communion , a expliqué le pape en français.

« La communion avec le Christ crée l'unité d'amour entre les chrétiens. Dans la lettre 28, qui est un traité d'ecclésiologie de génie, Pierre Damien développe une profonde théologie de l'Eglise comme communion », a expliqué le pape en italien.

« Toutefois, a fait observer Benoît XVI, l'image idéale de la «sainte Eglise» illustrée par Pierre Damien ne correspond pas - il le savait bien - à la réalité de son temps. C'est pourquoi il ne craint pas de dénoncer l'état de corruption existant dans les monastères et parmi le clergé, en raison, avant tout, de la pratique de laisser les autorités laïques remettre l'investiture des charges ecclésiastiques : plusieurs évêques et abbés se comportaient en gouverneurs de leurs propres sujets plus qu'en pasteurs des âmes. Souvent leur vie morale laissait beaucoup à désirer ».

Le pape explique ainsi la décision de Pierre Damien de quitter le monastère, « avec une grande douleur et tristesse », en 1057, et « bien qu'avec difficulté, la nomination comme cardinal évêque d'Ostie, entrant ainsi pleinement en collaboration avec les papes dans l'entreprise difficile de la réforme de l'Eglise ».

On perçoit une sympathie particulière de Benoît XVI pur ce moine-évêque lorsqu'il explique encore : « Il a vu que la contemplation n'était pas suffisante et il a dû renoncer à la beauté de la contemplation pour apporter son aide à l'œuvre de renouveau de l'Eglise. Il a ainsi renoncé à la beauté de l'ermitage et avec courage il a entrepris de nombreux voyages et missions ».

Mais dix ans plus tard, « il obtient la permission de retourner à Fonte Avellana, en renonçant au diocèse d'Ostie », or, « à peine deux ans plus tard, il est envoyé à Francfort dans la tentative d'éviter le divorce d'Henri IV et de sa femme Berthe ; et de nouveau deux ans plus tard, en 1071, il se rend au Mont Cassin pour la consécration de l'église abbatiale et au début de 1072 il va à Ravenne pour rétablir la paix avec l'archevêque local, qui avait soutenu l'antipape en frappant la ville d'interdiction ».

Et, pendant le voyage de retour à son ermitage, un maladie subite le contraint à s'arrêter à Faenza dans le monastère bénédictin de « Santa Maria Vecchia foiri porta », et il y meurt dans la nuit du 22 au 23 février 1072 », a rappelé le pape.

Benoît XVI a souligné l'actualité de ce grand théologien contemplatif en disant : « c'est une grande grâce que dans la vie de l'Eglise le Seigneur ait suscité une personnalité aussi exubérante, riche et complexe que celle de saint Pierre Damien et il n'est pas commun de trouver des œuvres de théologie et de spiritualité aussi aiguës et vives comme celles de l'ermite de Fonte Avellana ».

« Il fut moine jusqu'au bout, a-t-il fait observer, avec des formes d'austérité qui aujourd'hui pourraient presque nous sembler excessives. Mais de cette manière, il a fait de la vie monastique un témoignage éloquent du primat de Dieu et un rappel pour tous à cheminer vers la sainteté, libres de tout compromis avec le mal. Il se consuma, avec une lucide cohérence et une grande sévérité, pour la réforme de l'Eglise de son temps. Il donna toutes ses énergies spirituelles et physiques au Christ et à l'Eglise, en restant toujours, comme il aimait se définir, Petrus ultimus monachorum servus, Pierre, le dernier serviteur des moines ».

« Il est, pour nous, un témoin éloquent de l'absolu de Dieu qui nous appelle tous à la sainteté, libres vis-à-vis des compromissions avec le monde », a déclaré le pape en français.