ROME, Lundi 28 septembre 2009 (ZENIT.org) - « Dieu a voulu le prêtre comme serviteur du bonheur », a fait observer le cardinal Schönborn en commentant deux réflexions du saint curé d'Ars.
Le cardinal archevêque de Vienne, Christoph Schönborn a offert une première méditation ce lundi matin, dans le cadre de la retraite internationale sacerdotale organisée à Ars, à l'occasion de l'Année sacerdotale et pour les 150 ans de la naissance au ciel de Saint Jean-Marie Vianney. Une retraite sous la houlette de la Congrégation romaine pour le clergé et qui rassemble quelque 1200 prêtres, grâce aux efforts du diocèse de Belley-Ars et notamment du séminaire international, mais aussi à la Communauté des Béatitudes qui assure un service logistique plein de tact et d'efficacité, comme a pu le constaté ZENIT sur place.
« Jésus j'ai confiance en toi », « Jesus Ufam Tobie » : en citant cette fameuse invocation que sainte Faustine a fait connaître au monde, le cardinal viennois a invité avant tout à la confiance en ce début de retraite. Il a aussi cité cette parole de sainte Thérèse de Lisieux : « Ma voie est toute de confiance et d'amour, je ne comprends pas les âmes qui ont peur d'un si tendre ami ».
Parlant paisiblement, en français, le cardinal s'est interrompu pour remercier les traducteurs qui assurent es traductions simultanées, même en chinois, pour quelque dizaines de Chinois qui participent à cette rencontre mondiale.
« Le sacerdoce, c'est l'amour du Cœur de Jésus », disait le curé d'Ars, a rappelé le cardinal Schönborn qui a aussi cité cette fameuse anecdote : « Lorsque le saint curé arrive dans la région, il ne trouve pas le chemin d'Ars, à cause de la brume. Il s'adresse à un garçon qui garde les moutons, et le saint curé lui dit : mon petit ami, tu m'as montré le chemin d'Ars, je te montrerai le chemin du Ciel ! »
Le prédicateur a ensuite commenté ces deux paroles « toutes simples » en disant : « Le prêtre au service de l'amour du Coeur de Jésus, au service du Ciel, du bonheur, Dieu veut notre bonheur, il a voulu le prêtre comme serviteur du bonheur ».
Puis le cardinal Schönborn a fait référence au « Catéchisme de l'Eglise catholique » - pas seulement, a-t-il précisé en souriant, parce j'y ai collaboré comme secrétaire de rédaction - pour rappeler que « la vérité est symphonique » (comme le disait Urs von Balthasar).
Au premier paragraphe du Catéchisme, il est écrit, a précisé le cardinal : « Dieu infiniment parfait et bienheureux en lui-même a librement créé l'homme pour le faire participer à sa vie bienheureuse ». Et de commenter : « Le but de la vie humaine et de tout ministère de prêtre, c'est de conduire au bonheur, à la vie bienheureuse de la Très sainte Trinité, de rassembler les hommes, que le péché a dispersés, dans la famille des enfants de Dieu ».
« C'est tellement important, s'est exclamé l'archevêque de Vienne, que nous soyons saisis par cette réalité fondatrice de toute réalité ! Dieu est infiniment parfait et bienheureux en lui-même, tel est l'abîme de la réalité du Dieu vivant, Dieu est, Dieu est infiniment parfait et bienheureux en lui-même ».
Pourquoi une telle insistance ? Parce que, dit-il, « dans cette vie où rien n'est stable, où tout change... où sont angoisses et misère, c'est un réconfort que de penser que Dieu est, et qu'en lui il n'y a aucun changement, ni l'ombre d'une variation, comme le dit saint Jacques ».
Le cardinal a souligné l'importance de cette réflexion qui n'est pas « marginale », car « il existe depuis quelques décennies une façon de parler de la mutabilité de Dieu et de ses desseins, on parle de la souffrance de Dieu ».
Il répond : « Je vous invite à considérer cette vérité que Dieu est celui qui est non figé, fixé, immobile, mais le Vivant, toujours actuel, fidèle et juste, amour et vérité, infiniment parfait et bienheureux en lui-même, parce que rien ne lui manque. Son dessein de nous créer est un dessein de pure bonté, totalement libre, pure expression d'une volonté d'amour qui veut faire participer à son bonheur ».
« Dieu n'a pas besoin de nous - Dieu n'a pas besoin de se réaliser dans ses oeuvres -, cela ne veut pas dire que nous n'avons aucune valeur », au contraire, notre valeur vient de « sa volonté de nous créer et de se communiquer à nous, par pure liberté, gratuité, amour » et c'est ce que manifeste le fait qu'il ait envoyé pour nous son Fils Rédempteur et Sauveur.
Autrement dit, ce premier paragraphe du Catéchisme est un « condensé du projet de Dieu », il dit aussi que « l'Eglise est une convocation de l'humanité à devenir famille de Dieu ».
Le cardinal Schönborn a fait le lien avec la constitution conciliaire sur l'Eglise « Lumen Gentium » qui, au chapitre 2, donne cette « grande vision de l'Eglise comme famille de Dieu », de « façon admirable et dense ».
« Le Père éternel, par une disposition libre a créé univers, a décidé d'élever les hommes à communion vie divine » : ce dessein de Dieu se réalise en cinq étapes : « l'Eglise a été préfigurée dès origine du monde, dès avant création » ; elle a été « merveilleusement préparée dans histoire Israël et Ancienne Alliance », elle a été « instituée en ces temps qui sont les derniers » ; et, « au terme des siècles elle sera consommée dans la gloire. Cette 5e étape a déjà commencé mais est encore en même temps devant nous ».
En résumé avant de faire une pause, le cardinal Schönborn a dit : « Notre identité de prêtre peut se résumer ainsi : le prêtre est l'amour du Cœur de Jésus. Pourquoi ? Pace qu'il a vocation de servir l'amour du Coeur de Jésus, le prêtre est serviteur de l'amour de Dieu ».
Le « Caté » - a ajouté le cardinal de Vienne - dit encore au paragraphe 2 : « Pour que cet appel retentisse par toute la Terre, Dieu envoie des apôtres ». C'est une réponse à la parole du Christ : « Faites des disciples, les baptisant, leur apprenant à observer ce que je vous ai prescrit (...). Comme le Père m'a envoyé, je vous ai envoyés. Tel est le fondement de la mission de l'Eglise, du ministère ordonné ».
Et au paragraphe 3 le même « Caté » souligne que c'est, certes, « la vocation de tout baptisé ». « Alors qu'en est-il du ministère du prêtre ? Cela bouleverse ! Les « vieux soixante-huitards se souviennent ». On contestait tout : Jésus n'a pas voulu le sacerdoce, etc. On incriminait une « hellénisation » du message évangélique, sa « sacerdotalisation », une « décadence helléniste », ou bien une « rechute dans la conception vétérotestamentaire du sacerdoce ».
On préférait une « conception purement fonctionnelle du sacerdoce, confié à un ancien de la communauté, délégué par la communauté pour la guider, « à temps partiel », une conception « assaisonnée par la mise en question du célibat du prêtre », a diagnostiqué le cardinal qui confie : « J'ai été ordonné en 1970 ! »
Il a au contraire tenu à rendre hommage au P. Marie Joseph Le Guillou, op, son « patron de thèse, théologien du concile, défenseur inaliénable de la spécificité sacerdotale », notamment pendant le synode de 1971, ce qu'il a « payé cher par une grave maladie de parkinson ».
Or, aujourd'hui, fait observer l'archevêque, le contexte est différent, « les discussions du passé semblent dépassées », la spécificité du sacerdoce ministériel est « reconnue », mais il existe « un autre danger » dont il n'hésite pas à parler : une « certaine résurgence de cléricalisme », dont il faut être conscients, « fraternellement ».
Dans ce domaine, il souligne le « bon équilibre doctrinal de Vatican II », et sa « parfaite justesse ». Il a confié que le pape Benoît XVI en a dit un mot à ses anciens élèves à Castel Gandolfo, fin août, ces anciens doctorands qu'il réunit depuis 25 ans » : il faut « promouvoir l'enseignement de Vatican II, susciter une nouvelle initiative pour Vatican II ».
Anita S. Bourdin
(à suivre)