ROME, Jeudi 18 décembre 2008 (ZENIT.org) – Même si ces derniers mois la situation des chrétiens en Inde est très difficile en raison des persécutions qu’ils subissent depuis le mois d’août, suite au meurtre du leader hindou Swami Laxmananda Saraswati, dont ils sont accusés malgré les revendications d’un groupe maoïste, il ne faut pas oublier qu’ « avec le Seigneur la victoire est toujours présente ».
Tels sont les propos exprimés par l’archevêque de Bombay, le cardinal Oswald Gracias, dans un entretien accordé à « L’Osservatore Romano », où il appelle à « ne pas céder au découragement ».
La vague de violence contre les chrétiens a coûté la vie à près de 500 personnes et provoqué la destruction de maisons, églises et propriétés de l’Eglise dans un tourbillon qui ne semble pas vouloir s’apaiser, et risque même de s’amplifier à l’approche des élections, au point que dans certaines zones de l’Inde, des célébrations de Noël ont été annulées par crainte de nouvelles attaques (cf. ZENIT, 10 décembre 2008).
La situation est d’autant plus inquiétante que l’Eglise est connue en Inde « pour son excellent travail en matière de santé et d’éducation et pour ses activités sociales », a souligné le cardinal Gracias. « L’action missionnaire jadis concentrée uniquement dans les villes, s’est déplacée progressivement dans les villages avec l’intention précise d’aider les pauvres ».
La communauté chrétienne, ajoute-t-il, « est appréciée car elle est pacifique et portée à se tourner vers son prochain ». l’Eglise catholique « est considérée comme bien organisée et disciplinée ».
Malgré cela, une violence contre les chrétiens s’est déclenchée ces derniers mois essentiellement pour trois raisons : l’assassinat du leader hindou, un acte fermement condamné par l’Eglise qui a également nié toute responsabilité dans ce meurtre ; le fait que « certaines sectes évangéliques pourraient avoir été moins sensibles dans leurs efforts d’évangélisation » et « la situation tragique d’hommes politiques qui cherchent à s’attirer des voix, en profitant de ces conflits ».
Face à toutes ces attaques, déplore le cardinal, tant le gouvernement central que celui d’Orissa, un des Etats les plus touchés, « ont été irresponsables ».
« Au début, ils semblaient décidés à intervenir, a-t-il expliqué. Beaucoup de délégations ont eu l’occasion de rencontrer des chefs politiques tant au niveau central que local, mais au-delà des manifestations de compréhension, rien n’a vraiment été fait. Les violences vont donc de l’avant, et cela depuis plus de deux mois ».
Même si dans le dialogue interreligieux « des progrès sont enregistrés », souligne-t-il, cela « n’a pas d’effets sur les populations locales ». Le dialogue reste à un niveau de contacts entre chefs religieux.
Dans ce contexte, étant donné que « toute la Nation se trouve en état de choc et de colère » surtout depuis les récents attentats de Bombay, « il est naturel que les célébrations de Noël se voient privées de leur allégresse habituelle », commente le cardinal Gracias.
C’est pourquoi l’Eglise estime qu’il est nécessaire de mettre l’accent « sur le message d’amour et de paix que Jésus peut donner ».
« Les persécutions ne sont pas un fait nouveau dans l’Eglise, mais celle-ci a toujours triomphé. L’Evangile et le message de Jésus l’ont toujours emporté », a-t-il poursuivi.
« Cette période est une période d’épreuve, pour les évêques, les prêtres, les religieux et les fidèles en Orissa, mais avec le Seigneur la victoire sera toujours là ».
Le cardinal Gracias signale pour finir que l’Eglise en Inde a l’intention de « multiplier ses efforts de dialogue avec les autres religions », de « promouvoir la paix et l’harmonie entre les habitants » et de « tout mettre en œuvre pour que les personnes se débarrassent de tout préjugé ».
« Nous ne devons pas nous décourager, a-t-il conclu. Les paroles du Seigneur sont notre garantie ‘Je serai toujours avec vous’ ».
Traduction française : Isabelle Cousturié