ROME, Jeudi 11 décembre 2008 (ZENIT.org) - Il y a quelques semaine près de 4000 personnes, dont 550 européens de l'est, ont répondu présent à l'appel de la 83ème semaine sociale de France.
Invités à réfléchir, mais aussi à proposer, les acteurs de la société, publics et associatifs, laïcs et religieux, ont marqué leur disponibilité à évaluer « sans détours » la place et la légitimité des religions dans l'espace public.
« Un fait plutôt inhabituel » pour les Semaines Sociales de France, souligne Gaston Pietri, prêtre du diocèse d'Ajaccio, où « la religion, la conviction religieuse est en général plus indirecte ».
Après plusieurs thèmes en lien avec l'économie, c'est en effet celui des religions qui a été retenu pour cette session 2008. « Les religions, menace ou espoir pour nos sociétés ? » telle était la question posée durant ces journées.
Gaston Pietri, auteur du livre « Le catholicisme à l'épreuve de la démocratie » aux Editions du Cerf (1997) est un habitué de ces Semaines sociales. Il revient volontiers sur les temps forts qui ont marqué ces récentes journées.
« Majoritaires dans cette assemblée, les chrétiens auraient pu accentuer l'espoir et occulter la menace. Si tentation il y a eu, elle a été surmontée », relève Gaston Pietri, rappelant que des sociologues et des théologiens tels que Danièle Hervieu-Léger, Jean-Louis Schlegel, Paul Valadier et Jean-Paul Willaime, ont mis en lumière « le potentiel de violence que comporte toute affirmation religieuse qui ne s'inscrit pas délibérément dans les règles du jeu démocratique ».
L'utilisation politique des religions a été dénoncée sans réserve. Toutefois, note Gaston Pietri, « il aurait été facile de s'en tenir à l'islamisme. Or le fondamentalisme religieux sous toutes ses formes porte en lui le danger de l'exclusivisme et donc de l'intolérance ».
« Danger public a osé dire une sociologue consciente de choquer par là une partie de l'auditoire, relève-t-il, mais pouvait-on jouer à cache-cache ? »
L'islam prône-t-il une confusion du politique et du religieux ? La question ne pouvait être éludée. Gaston Pietri observe que sur ce point « l'intervention de Mustapha Cherif, intellectuel algérien, était attendue. Il a été applaudi quand il a voulu montrer qu'il n'y avait pas confusion dans les textes du Coran, mais une recherche systématique de cohérence ».
« Peut-être, juge Gaston Pietri, ce propos était-il quelque peu irénique au regard de la situation de minorités religieuses dans bon nombre de pays musulmans »
Autre moment fort de cette 83ème semaine sociale : la déclaration commune de neuf représentants lyonnais de confessions religieuses. « Il était bon, remarque à ce propos Gaston Pietri, d'entendre ces représentants déclarer que ‘la condition sine qua non d'une vie politique et d'une vie religieuse apaisées est la juste distinction du politique et du religieux ».
« Visiblement, assure-t-il, l'assemblée se disait ‘pourvu que les actes suivent'. Dans ce domaine la laïcité en sa version française a été reconnue pour l'essentiel comme l'un de ces acquis susceptibles, avec des nuances bien sûr, d'inspirer d'autres pays », a-t-il ajouté, mais « encore faut-il que l'on prenne davantage au sérieux la portée véritable de la charte européenne des Droits fondamentaux », a-t-il dit pour reprendre les paroles d'Elisabeth Guigou durant ces journées.
Autre constat de Gaston Pietri : « le religieux est de moins en moins relégué dans la sphère strictement privée », les « vieux clichés », selon l'expression du message final de la session, « sont en recul », et la politique est « de plus en plus souvent dans le court terme ».
Gaston Pietri dit avoir été frappé par l'appel aux « ressources de conviction » que représentent les religions. « Singulier progrès », pense-t-il, par rapport aux mentalités d'il y a dix ans.
Cela dit, Gaston Pietri se dit inquiet malgré tout de la faible représentation des jeunes générations dans cette assemblée. « Est-elle à l'image de leur faible présence dans l'Eglise ? Est-elle le signe d'un déficit de perception des rapports entre vie spirituelle et problèmes de société ? » s'est-il interrogé en conclusion.
Isabelle Cousturié