La pauvreté a des causes morales, pas seulement matérielles

Message de Benoît XVI pour la Journée mondiale de la Paix 2009

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ROME, Jeudi 11 décembre 2008 (ZENIT.org) – La pauvreté a des causes morales, pas seulement matérielles, c’est pourquoi Benoît XVI invite les nations à une « courageuse autocritique », dans son message pour la Journée mondiale de la Paix 2009 qui a pour titre : « Combattre la pauvreté, construire la paix ».

Dans ce message, en date du 8 décembre 2008, Benoît XVI souligne que la lutte pour la paix doit s’accompagner de la lutte contre la pauvreté, mais pas seulement la pauvreté matérielle. Le message a été présenté ce matin au Vatican par le président du Conseil pontifical justice et paix, Renato Raffaele Martino, et par le secrétaire de ce dicastère, Mgr Giampaolo Crepaldi.

Implications morales et pauvreté 

Le message se présente en deux parties, a souligné le cardinal Martino : « Dans la première partie, on met en évidence les implications morales liées à la pauvreté ; dans la seconde, la lutte contre la pauvreté est mise en relation avec l’exigence d’une plus grande solidarité globale ».

Dans chacune des deux parties du message du pape, le thème de la lutte contre la pauvreté dans le contexte de la mondialisation, est traité, a expliqué le cardinal Martino, « progressivement, en relation avec les différents aspects de la promotion de la paix ».

La première partie du message (paragraphes 3-7) « affronte de façon exemplaire et emblématique, certains noeuds dramatiques de la pauvreté aujourd’hui », a précisé le président de Justice et Paix.

« La seconde partie du document pontifical, a-t-il ajouté, s’arrête au thème de la lutte contre la pauvreté et de la solidarité globale » (paragraphes 8-13).

« Il s’agit, a insisté le cardinal Martino, d’une partie très significative parce qu’elle contient des réflexions stimulantes et des propositions sur les thèmes de la mondialisation, sur le commerce international, sur la finance et sur la crise financière actuelle, et sur l’exigence d’une gouvernance mondiale sous le signe de la solidarité ».

Lutte contre la pauvreté et pour la paix

Le cardinal Martino met en évidence que « la lutte contre la pauvreté et pour la paix s’appellent mutuellement dans une circularité féconde qui constitue l’un des présupposés les plus stimulants pour donner corps à une approche adéquate culturelle, sociale et politique, des thématiques complexes relatives à la réalisation de la paix dans notre temps, marqué par le phénomène de la mondialisation ».

« Ce phénomène, a analysé le cardinal Martino, est approfondi par le Saint-Père, qui en met en évidence la signification méthodologique et de contenu, en permettant de cette façon, une approche ample et articulée au thème de la lutte contr la pauvreté ».

Il cite en particulier le paragraphe 2 du message où le pape prend en considération « le rôle des sciences pour mesurer les phénomènes de la pauvreté ». Cela permet d’acquérir « des données avant tout quantitatives », fait observer le cardinal Martino.

Du « quantitatif » au « qualitatif »

Or le message du pape offre un passage du « quantitatif » au « qualitatif ». En effet, explique le cardinal Martino, « si la pauvreté était seulement de type matériel et quantitatif, les sciences sociales seraient suffisantes pour en éclairer les principales caractéristiques ».

« Mais nous savons, rectifie le président de Justice et Paix, qu’il n’en est pas ainsi ».

Voilà donc l’apport spécifique de l’analyse de Benoît XVI en la matière : « Il existe, affirme le cardinal Martino, des pauvretés immatérielles qui ne sont pas une conséquence directe ni automatique des pauvretés matérielles ».

Sous-développement moral

Il a pris deux exemples, tout d’abord celui de la « pauvreté relationelle, morale et spirituelle » des « sociétés dites riches et avancées ». Et de préciser : « De nombreuses personnes sont aliénées et vivent des formes de malaise en dépit du bien-être économique général ». Il s’agit du « sous-développement moral » et des « conséquence négatives » du « sur-développement ».

Le second exemple est que dans les sociétés « dites pauvres », la croissance économique « est souvent freinée par des obstacles culturels, qui ne permettent pas un usage adéquat des ressources ».

« La pauvreté matérielle n’explique jamais, toute seule, les pauvretés imatérielles, a résumé le cardinal Martino, alors que ce qui est vrai c’est plutôt le contraire ».

Pour sa part, le pape écrit dans son message, à propos de la dimension morale de la pauvreté : « La référence à la mondialisation devrait, également, revêtir un sens spirituel et moral, car elle nous pousse à considérer les pauvres dans la perspective consciente que nous participons tous à un unique projet divin, celui de la vocation à construire une unique famille dans laquelle tous – individus, peuples et nations – règlent leurs comportements en les basant sur les principes de fraternité et de responsabilité ».

Au paragraphe 8, le pape en appelle, en citant Jean-Paul II et saint Paul, à un « code éthique » commun qui soit une référence pour toute la famille humaine en disant : «  L’une des voies maîtresses pour construire la paix est une mondialisation ayant pour objectif les intérêts de la grande famille humaine. Cependant pour gérer ainsi la mondialisation, il faut une forte solidarité globale entre pays riches et pays pauvres, de même qu’au sein de chaque pays, même s’il est riche. Un « code éthique commun » est nécessaire, dont les normes n’auraient pas seulement un caractère conventionnel, mais seraient enracinées dans la loi naturelle inscrite par le Créateur dans la conscience de tout être humain (cf. Rm 2, 14-15). »

Une autocritique courageuse

La pauvreté est la manifestation de toute façon d’u manque de « respect de la dignité humaine », souligne le pape en disant : « Toute forme de pauvreté non choisie prend racine dans le manque de respect envers la dignité transcendante de la personne humaine. Quand l’homme n’est pas considéré dans l’intégralité de sa vocation et que les exigences d’une véritable « écologie humaine » ne sont pas respectées, les dynamiques perverses de la pauvreté se déclenchent aussi ».

Des dynamiques que le message analyse, pour mieux mettre en évidence les remèdes.

A propos de la course aux armements, le pape dit notamment : « Les États sont appelés à réfléchir sérieusement sur les raisons les plus profondes des conflits, souvent allumés par l’injustice, et à y remédier par une autocritique courageuse ».

Le cardinal Martino a conclu sa présentation par une remarque sur ce passage du « quantitatif » au « qualitatif » en disant : « Ce qui est particulièrement intéressant c’est l’originalité de l’apporche de la mondialisation établie par la doctrine sociale [de l’Eglise] : elle accueille l’élargissement de la question sociale à la globalité, pas seulement comme une extension qualitative, mais plutôt comme l’urgence d’un approfondissement qualitatif sur l’homme et sur les besoins de la famille humaine ».

« C’est pour cela, a ajouté le cardinal Martino, que l’Eglise s’intéresse aux phénomènes actuels de la mondialisation, et à leur incidence sur les pauvretés humaines et elle indique les nouveaux aspects, non seulement en extension, mais aussi en profondeur, de la question sociale actuelle, qui est la question de l’homme et de son rapport à Dieu. Dans ce contexte, le Saint-Père invite la communauté catholique à ne pas manqu
er de la soutenir ».

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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