CITE DU VATICAN, Vendredi 30 janvier 2004 (ZENIT.org) – « Signe d’une espérance sûre » : c’est le titre de la cinquième partie (§ 8) de la lettre adressée par Jean-Paul II aux familles spirituelles montfortaines, à l’occasion du 160e anniversaire de la publication du « Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge » de saint Louis-Marie Grignion de Montfort.
Jean-Paul II relit l’oeuvre du saint à la lumière de l’enseignement de Vatican II, principalement la constitution sur l’Eglise, Lumen Gentium (ch. VIII).
En voici une traduction rapide, de travail. Nous avons déjà publié les cinq premières des six sections (§§ 1-7, cf. ZF040113, ZF040114, ZF040115, ZF010416 et ZF040118). Nous adoptons le tutoiement de la lettre de Jean-Paul II, dans la transcription du texte de saint Louis-Marie, alors que l’édition de la « Vraie dévotion » en français (éd. du Seuil par exemple) maintient le vouvoiement, et nous traduisons littéralement les variantes introduites par l’original de Jean-Paul II en italien par rapport au texte français de cette édition.
« Signe d’une espérance sûre »
8. L’Esprit Saint invite Marie à « se reproduire » dans ses élus, en étendant en eux les racines de sa « foi invincible », mais aussi de sa « ferme espérance » (Cf. Traité de la vraie dévotion, 34). Le Concile Vatican II l’a rappelé : « Tout comme dans le ciel où elle est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus représente et inaugure l’Eglise en son achèvement dans le siècle futur, de même sur cette terre, en attendant la venue du Jour du Seigneur (Cf. 2 Pi 3, 10), elle brille déjà comme un signe d’espérance assurée et de consolation devant le peuple de Dieu en pèlerinage » (Constitution « Lumen Gentium », 68). Cette dimension eschatologique est contemplée par saint Louis Marie spécialement lorsqu’il parle des saints des « derniers temps », formé par la Sainte Vierge pour apporter dans l’Eglise la victoire du Christ sur les forces du mal (Cf. Traité de la vraie dévotion, 49-59). Il ne s’agit en aucune façon d’une forme de « millénarisme », mais du sens profond du caractère eschatologique de l’Eglise, liée à l’unicité et à l’universalité salvifique de Jésus Christ. L’Eglise attend la venue glorieuse de Jésus à la fin des temps. Comme Marie et avec Marie, les saints sont dans l’Eglise et pour l’Eglise, pour faire resplendir sa sainteté, pour étendre jusqu’aux confins du monde et jusqu’à la fin des temps l’œuvre du Christ, unique Sauveur.
Dans l’antienne Salve Regina, l’Eglise appelle la Mère de Dieu « Notre Espérance ». la même expression est utilisée par saint Louis-Marie à partir d’un texte de saint Jean damascène, qui applique à Marie le symbole biblique de l’ancre (Cf. Homélie 1 sur la Dormition de la Bienheureuse Vierge Marie, 14, Patrologia Greca (PG) 96, 719) : « Nous attachons nos âmes à toi, notre espérance, comme à une ancre ferme,. C’est à elle que les saints qui se sont sauvés se sont le plus souvent attachés, et ils y ont attachés les autres afin de persévérer dans la vertu. Heureux donc et mille fois heureux les chrétiens qui, maintenant, s’attachent fidèlement et entièrement à elle comme à une ancre ferme » (Traité de la vraie dévotion, 175). A travers la dévotion à Marie, Jésus lui-même « élargit le cœur par une sainte confiance en Dieu, le faisant regarder comme son père » (Ibid. 169).
Avec la Sainte Vierge, avec le même cœur de mère, l’Eglise prie, espère et intercède pour le salut de tous les hommes. Ce sont les derniers mots de la Constitution Lumen Gentium : « Que tous les chrétiens adressent à la mère de Dieu et des hommes d’instantes supplications, afin qu’après avoir assisté de ses prières l’Eglise naissante , maintenant encore, exaltée dans le ciel au-dessus de tous les bienheureux et les anges, elle continue d’intercéder près de son Fils dans la communion de tous les saints, jusqu’à ce que toutes les familles des peuples , qu’ils soient déjà marqués du beau nom de chrétiens ou qu’ils ignorent encore leur Sauveur, soient enfin heureusement rassemblés dans la paix et la concorde, en un seul peuple de Dieu à la gloire de la Très Sainte et indivisible Trinité » (n. 69).
En faisant à nouveau mien ce souhait que j’ai exprimé avec les Pères Conciliaires, il y a presque quarante ans maintenant, j’envoie à la famille montfortaine une Bénédiction apostolique spéciale.
Du Vatican, le 8 décembre 2003, Solennité de l’Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie
Ioannes Paul II
© Innovative Media pour la traduction en français