ROME, dimanche 25 janvier 2004 – (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le Communiqué final de la Conférence des évêques de la région nord de l’Afrique (CERNA) qui a eu lieu à Tunis du 11 au 14 janvier 2004.
La Conférence des Évêques de la Région Nord de l’Afrique (CERNA) a tenu sa première réunion de l’année 2004 à Tunis du 11 au 14 janvier. Tous les évêques du Maghreb avec Monseigneur Augustin Kasujja, Nonce Apostolique en Algérie et en Tunisie, étaient présents, y compris l’évêque de Nouakchott en Mauritanie. Ils ont procédé au cours de leur conférence au renouvellement de leur bureau, choisissant comme Président Mgr Fouad Twal, archevêque-évêque de Tunis et comme Vice Président Mgr Vincent Landel, archevêque de Rabat, Mgr Alphonse Georger, évêque d’Oran étant le troisième membre du Comité permanent.
Les évêques ont ouvert leurs travaux par une information réciproque sur les évolutions majeures de leurs Églises et de leurs pays depuis leur dernière rencontre qui avait eu lieu à Rome à l’occasion de la Visite Ad Limina, en février 2003. Ils ont mis en évidence les changements qui se sont produits dans la région après l’attaque contre l’Iraq. Ils ont signalé d’autres évènements, suivant les pays, comme les attentats du 16 mars au Maroc, comme le séisme qui a frappé l’Algérie en mai dernier, ou comme les évolutions importantes connues par la Libye désireuse de retrouver toute sa place dans le concert des nations. Parmi ces évolutions ils se sont interrogés sur le phénomène nouveau dans plusieurs pays du développement de nouvelles communautés d’obédience évangélique.
Les évêques ont ensuite étudié le récent document du Pape : « l’évêque serviteur de l’évangile de Jésus-Christ pour l’espérance du monde ». Ils ont en particulier réfléchi sur leur engagement dans leur ministère de communion, puisqu’ils se savent chargés à la fois de la promouvoir dans leur diocèse et de maintenir leur Église particulière en lien avec l’Église Universelle et avec le Saint Père. Ils ont cherché en particulier comment cette communion pouvait être mieux assurée entre leurs Églises au Maghreb puisqu’elles sont confrontées ensemble au même type de défis et chargées ensemble de la même mission.
Appuyant toujours leur réflexion sur le document pontifical, ils ont cherché à mieux concilier leur conviction que l’Église a pour raison d’être l’annonce du salut universel en Jésus- Christ avec la découverte, chaque jour renouvelée, au Maghreb des fécondités spirituelles d’un dialogue respectueux de leurs partenaires non-chrétiens. Dans la relation islamo-chrétienne qui se vit au Maghreb nous avons de bonnes raisons de penser qu’il existe un témoignage rendu par l’Église à l’Évangile du Christ dont la société reçoit la Bonne Nouvelle sans l’éprouver comme une agression. Il s’agit d’ailleurs d’un mouvement dans les deux sens car les chrétiens, eux aussi, reçoivent souvent des témoignages d’amitié et des messages de vie de leurs partenaires non-chrétiens. Ils ont cherché comment cette expérience spécifique pourrait être mieux partagée avec les Églises qui, dans d’autres régions du monde, s’interrogent sur l’avenir de la relation islamo-chrétienne.
Les évêques ont cherché aussi comment assurer cette communion dans leurs Églises particulières avec les religieux et les religieuses. Ils rendent grâce à Dieu pour toutes les générosités que suscitent les traditions spirituelles très diverses où religieux et religieuses ressourcent leur fidélité. Mais les perspectives de l’Église diocésaine sont parfois difficilement conciliables avec les orientations des Congrégations qui, se situant sur un plan international, ont aussi d’autres priorités. Un progrès dans la concertation devrait être réalisé pour concilier la fidélité aux personnes que l’on sert avec le respect dû à l’équilibre humain et spirituel des communautés.
Pendant la Conférence, les évêques ont aussi échangé entre eux sur les problèmes de justice et paix qui sollicitent en ce moment la conscience des chrétiens et de tous les hommes de bonne volonté. Ils ont évoqué les difficultés présentes du continent africain en partant notamment des travaux du SCEAM (Symposium des Conférences d’Afrique et de Madagascar) lors de son Assemblée de Dakar (octobre 2003). Ils ont réfléchi sur les problèmes posés dans notre région par le respect de la liberté religieuse dans la relation islamo-chrétienne mais aussi, parfois, dans les relations entre les Églises. Ils ont reçu une information de leur délégué à la dernière rencontre de la CELRA (Conférence des Évêques Latins du Moyen Orient) en particulier sur la situation de l’Église en Palestine, en Iraq et dans la Péninsule Arabique. Un message de sympathie et de communion fraternelle a été envoyé au nouveau Patriarche des Chaldéens S. B. Emmanuel III DELLY, et à travers lui à toute la communauté chrétienne d’Iraq et à leurs compatriotes.
Ils se sont arrêtés aussi ensemble sur la condition des migrants sub-sahariens qui traversent les pays du Maghreb en direction de l’Europe, et vivent souvent ce passage dans des situations de plus en plus difficiles. Cette question doit être abordée au plan humanitaire avec des représentants des Églises du nord de la Méditerranée au printemps prochain.
A propos des étudiants sub-sahariens, la Conférence a souhaité une meilleure circulation de l’information entre les aumôneries des trois pays du Maghreb avec l’invitation réciproque de représentants aux sessions d’été les concernant, une relation plus étroite avec le service du laïcat du SCEAM ou la publication de nouvelles dans les bulletins de liaison entre étudiants au niveau continental.
Le délégué de la CERNA à la Conférence des Évêques Francophones pour les Traductions Liturgiques (CIFTL) a sollicité l’avis des évêques sur diverses questions en relation avec la prière liturgique des communautés et avec la publication de la nouvelle édition du Missel romain. Cette information a permis un échange entre les évêques sur la célébration eucharistique et les gestes qui en expriment le sens.
Une information a été donnée aux évêques par le nouveau directeur de l’Institut des Belles Lettres Arabes (IBLA) de Tunis et sur l’évolution de la réflexion des spécialistes tunisiens des sciences religieuses et du dialogue islamo chrétien. Un groupe d’épouses de foyer mixte a rencontré une délégation des évêques de la CERNA.
Chaque soir des rencontres avaient été organisées par des communautés de Tunis qui en accueillant les évêques et leurs vicaires généraux, assuraient cette communication des expériences pastorales entre pays du Maghreb qui est le premier bénéfice de chaque rencontre de la CERNA.
La prochaine conférence a été fixée du 13 au 16 octobre 2004. Elle aura lieu à Rome.
Mgr Henri Teissier Archevêque d’Alger
Président sortant de la CERNA
Mgr Fouad Twal
Archevêque de Tunis
Nouveau Président de la CERNA