CITE DU VATICAN, Jeudi 22 janvier 2004 (ZENIT.org) – « Cette histoire de la Passion sous forme d’hymne « : Jean-Paul II a commenté en ces termes le cantique de l’Epître de saint Pierre, lors de l’audience générale du mercredi, le 14 janvier dernier. Voici la traduction publiée par L’Osservatore Romano hebdomadaire en langue française du 20 janvier, de cette catéchèse donnée en italien.
Lecture: cf. 1 P 2, 21.24
1. Après la pause des fêtes de Noël, nous reprenons aujourd’hui notre itinéraire de méditation sur la liturgie des Vêpres. Le Cantique qui vient d’être proclamé, tiré de la Première Epître de Pierre, s’arrête sur la Passion rédemp-trice du Christ, déjà annoncée au moment du Baptême dans le Jourdain.
Comme nous l’avons entendu dimanche dernier, Fête du Baptême du Seigneur, Jésus se révèle dès le début de son activité publique le « Fils bien-aimé » en qui le Père se complaît (cf. Lc 3, 22), et le véritable « Serviteur de Yahweh » (cf. Is 42, 1), qui libère l’homme du péché à travers sa Passion et la mort sur la Croix.
Dans l’Epître de Pierre, que nous venons de citer, dans laquelle le Pêcheur de Galilée se définit comme le « témoin des souffrances du Christ » (5, 1), le souvenir de la Passion est très fréquent. Jésus est l’agneau sacrificiel sans tache, dont le sang précieux a été versé pour notre rachat (cf. 1, 18-19). Il est la « pierre angulaire » qui donne sa cohésion à l' »édifice spirituel », c’est-à-dire à l’Eglise (cf. 2, 6-8). Il est le juste qui se sacrifie pour les injustes afin de les reconduire à Dieu (cf. 3, 18-22).
2. Notre attention se concentre à présent sur le profil du Christ, esquissé dans le passage que nous avons écouté (cf. 2, 21-24). Il nous apparaît comme le modèle à contempler et à imiter, le « modèle », comme on le dit dans l’original grec (cf. 2, 21), à réaliser, l’exemple à suivre sans hésitation, en nous conformant à ses choix.
C’est, en effet, le verbe grec qui signifie se « mettre à la suite », devenir disciple, se mettre en chemin sur les traces mêmes de Jésus qui est utilisé. Les pas du Maître divin empruntent une route escarpée et difficile, précisément comme on le lit dans l’Evangile: « Si quelqu’un veut venir à ma suite […]qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive » (Mc 8, 24).
A ce point, l’hymne pétrinien accomplit une synthèse admirable de la passion du Christ, reprenant les paroles et les images du Livre d’Isaïe appliquées à la figure du Serviteur souffrant (cf. Is 53), relue d’un point de vue messianique par l’antique tradition chrétienne.
3. Cette histoire de la Passion sous forme d’hymne est formulée à travers quatre déclarations négatives (cf. 1 P 2, 22-23a) et trois positives (cf. 1, 23b-24), dans le but de décrire l’attitude de Jésus dans cet épisode à la fois terrible et grandiose.
On commence par la double affirmation de son innocence absolue exprimée à travers les paroles d’Isaïe, 53, 9: « Lui qui n’a pas commis de faute – et il ne s’est pas trouvé de fourberie dans sa bouche » (1 P 2, 22). Suivent deux autres considérations sur son comportement exemplaire inspiré par la clémence et la douceur: « Lui qui insulté, ne rendait pas l’insulte, souffrant ne menaçait pas » (2, 23). Le silence patient du Seigneur n’est pas seulement un acte de courage et de générosité. Il s’agit également d’un geste de confiance à l’égard du Père, comme le suggère la première des trois affirmations positives: « Il s’en remettait à Celui qui juge avec justice » (ibid.). Sa confiance est une confiance totale et parfaite dans la justice divine qui guide l’histoire vers le triomphe de l’innocent.
4. On arrive ainsi au sommet du récit de la Passion qui met en évidence la valeur salvifique de l’acte suprême du don du Christ: « Lui, qui, sur le bois, a porté lui-même nos fautes dans son corps, afin que, morts à nos fautes, nous vivions pour la justice » (2, 24).
Cette deuxième affirmation positive, formulée à travers les expressions de la prophétie d’Isaïe (cf. 43, 12), précise que le Christ porta « dans son corps » « sur le bois », c’est-à-dire sur la croix, « nos péchés », pour pouvoir les détruire.
De cette façon, nous aussi, libérés de l’homme ancien, avec son mal et sa misère, nous pouvons « vivre pour la justice », c’est-à-dire dans la sainteté. La pensée correspond, bien que dans des termes en grande partie différents, à la doctrine de saint Paul sur le baptême qui nous régénère comme des créatures nouvelles, en nous plongeant dans le mystère de la passion de la mort et de la gloire du Christ (cf. Rm 6, 3-11).
La dernière phrase – « dont la meurtrissure vous a guéris » (1 P 2, 25) souligne la valeur salvifique de la souffrance du Christ, exprimée à travers les mêmes paroles utilisées par Isaïe pour exprimer la fécondité salvatrice de la douleur endurée par le Serviteur du Seigneur (cf. Is 53, 5).
5. En contemplant les plaies du Christ, par lesquelles nous avons été sauvés, saint Ambroise s’exprimait ain-si: « Je n’ai accompli aucune oeuvre dont je puisse me glorifier, je n’ai aucun motif de me vanter et donc, je me glorifierai dans le Christ. Je ne me glorifierai pas parce que je suis juste, mais parce que j’ai été racheté. Je ne me glorifierai pas car je suis exempt de péché, mais parce que mes péchés m’ont été pardonnés. Je ne me glorifierai pas parce que j’ai aidé à cela ou que quelqu’un m’a aidé, mais parce que le Christ est mon avocat auprès du Père, parce que le sang du Christ fut versé pour moi. Ma faute est devenue pour moi le prix de la rédemption, à travers laquelle le Christ est venu à moi. Pour moi, le Christ a goûté la mort. La faute de l’innocence est plus bénéfique. L’innocence m’avait rendu arrogant, la faute m’a rendu humble » (Jacob et la vie bienheureuse, I, 6, 21: SAEMO, III, Milan-Rome, 1982, pp. 251-253).
Parmi les pèlerins qui participaient à l’Audience générale du 14 janvier 2004, se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint-Père s’est adressé en français:
De France: Paroisse de la Sainte-Famille, en Bas Pays (Arras); Ecole catholique Rocroy Saint-Léon, de Paris.