Chine : Un évêque consacré avec l’accord des autorités et en communion avec Rome

CITE DU VATICAN, Mardi 20 janvier 2004 (ZENIT.org) – Un évêque de la province chinoise du Hebei a été ordonné avec l’accord des autorités chinoises et en pleine communion avec Rome, indique « Eglises d’Asie » (EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris, dans son édition de la mi-janvier.

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Le 6 janvier dernier, le P. Pierre Feng Xinmao, âgé de 39 ans, a été consacré évêque coadjuteur du diocèse de Hengshui, dans la province du Hebei. Selon les observateurs, l’ordination de ce jeune évêque est remarquable à deux titres. Premièrement, depuis le relèvement, à partir de 1980, de l’Eglise catholique après les années de la tourmente maoïste, le diocèse de Hengshui, avec Mgr Feng, est le premier diocèse de Chine continentale à être administré par un évêque ayant été – en partie – formé à l’étranger. Deuxièmement, après avoir été retardée pendant presque deux ans, l’ordination de Mgr Feng s’est faite publiquement, les fidèles du diocèse de Hengshui sachant que leur nouvel évêque avait reçu à la fois l’accord des autorités chinoises et l’aval du pape.

La cérémonie d’ordination s’est déroulée devant une foule nombreuse, près de 1 500 personnes ayant pris place dans une vaste salle louée pour l’occasion, la cathédrale de Hengshui, située à proximité, étant trop exiguë et ne pouvant contenir qu’une centaine de fidèles. Mgr Jean Liu Dinghan, ancien évêque de Cangzhou (Xianxian), présidait l’ordination, assisté de Mgr Stéphane Yang Xiangtai, évêque de Handan, et de Mgr Li Liangui, évêque de Cangzhou. Handan et Cangzhou sont deux diocèses situés dans la province du Hebei.

Après des études en Chine, Mgr Feng a étudié en Belgique, à l’université catholique de Louvain, où il a obtenu en 1999 une maîtrise de droit canon. Ce diplôme fait de lui le seul évêque de Chine continentale à avoir reçu un diplôme à l’étranger, Mgr Zhan Silu, évêque auxiliaire de Mindong, dans le Fujian, ayant étudié au grand séminaire du Saint-Esprit à Hongkong en 1998 mais n’en étant pas diplômé. Fort de cette expérience et de celle acquise en tant que professeur d’anglais et de philosophie au grand séminaire régional du Hebei, à Shijiazhuang, Mgr Feng a déclaré vouloir faire de la formation sa priorité. Il est urgent, selon lui, d’améliorer la formation dispensée aux quatre-vingt-dix petits séminaristes et aux soixante religieuses que compte son diocèse. De même, la formation continue des vingt-six jeunes prêtres de Hengshui et des laïcs est une urgence (1). Selon un observateur de l’Eglise en Chine, l’ordination de Mgr Feng n’est que le prélude à de futures ordinations d’évêques ayant bénéficié d’une formation poussée. Dans une société en transformation rapide, l’exigence de formation est indispensable.

Nommé dans un diocèse dont l’évêque en titre, Mgr Chen Xilu, âgé de 75 ans est plongé dans un coma profond depuis deux ans à la suite d’une hémorragie cérébrale, Mgr Feng va être amené à prendre la direction effective du diocèse même s’il n’a que le titre d’évêque coadjuteur. Le prédécesseur de Mgr Chen Xilu, Mgr Fan Wenxing, aujourd’hui très âgé, vit à Hengshui et réside dans le presbytère d’une petite église. Du fait du coma de Mgr Chen, le diocèse de Hengshui attendait depuis près de deux ans un nouvel évêque. Rapidement après la perte de conscience de Mgr Chen, le P. Feng Xinmao fut élu par ses pairs du presbyterium pour assurer l’administration du diocèse. Cependant, parce que cette élection fut rapidement reconnue et validée par le Saint-Siège et que le P. Feng le fit savoir autour de lui, les autorités chinoises ont longtemps refusé de donner leur accord à sa nomination épiscopale (2). Aujourd’hui, Mgr Feng Xinmao est donc un évêque de la partie « officielle » de l’Eglise catholique, dont la nomination a été validée à la fois par le pape et les autorités chinoises. S’exprimant devant un journaliste étranger, Mgr Feng a déclaré que, pour lui, il n’y avait pas en Chine, deux Eglises séparées mais une seule, « divisée en deux communautés » dont une partie est reconnue par le gouvernement, ajoutant : « Les deux communautés sont unies à Rome et au Saint-Père. Elles diffèrent seulement à propos de la manière de coopérer avec le gouvernement » (3).
(1)Le diocèse de Hengshui compte vingt-huit prêtres au total. Avec 26 000 fidèles, il est considéré comme un relativement petit diocèse, comparé à ses voisins dans la province du Hebei qui, souvent, ont plus de 100 000 fidèles.

(2) A la fin de ses études en Belgique, le P. Feng Xinmao a servi de guide à une délégation officielle chinoise en visite en Europe. Il a en effet accompagné en Belgique et en France un cadre du Front uni et deux chercheurs de l’Académie des Sciences sociales. Selon des spécialistes de l’Eglise de Chine, le cas du P. Feng Xinmao montre qu’il est utile pour le clergé de l’Eglise de Chine d’entretenir de bonnes relations avec les autorités civiles afin de pouvoir compter sur des appuis en leur sein et contrebalancer l’influence d’autres segments de l’administration chinoise éventuellement hostiles car tenants de la politique religieuse officielle.

(3) On pourra rapprocher ces propos de ceux tenus récemment par le cardinal Etchegaray. Voir EDA 384
© EDA

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ZENIT Staff

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