CITE DU VATICAN, Dimanche 18 janvier 2004 (ZENIT.org) – « Le pèlerinage de la foi » : c’est le titre de la cinquième partie (§ 7) de la lettre adressée par Jean-Paul II aux familles spirituelles montfortaines, à l’occasion du 160e anniversaire de la publication du « Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge » de saint Louis-Marie Grignion de Montfort.
Jean-Paul II relit l’oeuvre du saint à la lumière de l’enseignement de Vatican II, principalement la constitution sur l’Eglise, Lumen Gentium (ch. VIII).
Dans ce passage, le pape rapproche en outre saint Jean de la Croix et saint Louis-Marie, pour ce qui est de leur insistance sur la « pureté de la foi ».
En voici une traduction rapide, de travail. Nous avons déjà publié les quatre premières des six sections (§§ 1-6, cf. ZF040113, ZF040114, ZF040115 et ZF010416). Nous adoptons le tutoiement de la lettre de Jean-Paul II, dans la transcription du texte de saint Louis-Marie, alors que l’édition de la « Vraie dévotion » en français (éd. du Seuil par exemple) maintient le vouvoiement, et nous traduisons littéralement les variantes introduites par l’original de Jean-Paul II en italien par rapport au texte français de cette édition.
« Le pèlerinage de la foi »
7. J’ai écrit dans « Novo millennio ineunte » : « On ne parvient vraiment à Jésus que par la voie de la foi » (n. 19). Ce fut justement la voie suivie par Marie au cours de sa vie terrestre, et c’est la voie de l’Eglise pérégrinante jusqu’à la fin des temps. Le Concile Vatican II beaucoup insisté sur la foi de Marie, mystérieusement partagée par l’Eglise, en mettant en lumière l’itinéraire de la Madone, à partir depuis le moment de l’Annonciation jusqu’au moment de la Passion rédemptrice (cf. Constitution Lumen Gentium, 56 et 57; Lettre encyclique Redemptoris Mater, 25-27).
Dans les écrits de saint Louis Marie nous trouvons le même accent sur la foi vécue par la Mère de Jésus dans un cheminement qui va de l’Incarnation à la Croix, une foi dans laquelle Marie est modèle et type de l’Eglise. Saint Louis-Marie l’exprime avec une richesse de nuances lorsqu’il expose à son lecteur les « effets merveilleux » de la parfaite dévotion mariale : « Plus donc tu gagneras la bienveillance de cette auguste Princesse et Vierge fidèle, plus la conduite de ta vie sera inspirée par la foi pure. Une foi pure qui fera que tu ne te préoccuperas guère de ce qui est sensible et extraordinaire. Une foi vive et animée par la charité qui ne te fera agir que par le motif du pur amour. Une foi ferme et inébranlable comme un rocher qui te fera demeurer ferme et constant au milieu des orages et des tourmentes. Une foi agissante et perçante qui, comme un mystérieux passe-partout, te fera entrer dans tous les mystères de Jésus-Christ, dans les fins dernières de l’homme et dans le cœur de Dieu même. Une foi courageuse qui te permettra d’entreprendre et de venir à bout de grandes choses pour Dieu et le salut des âmes sans hésiter. Enfin, une foi, qui sera ton flambeau enflammé, ta vie divine, ton trésor caché de la divine Sagesse, et ton arme toute puissante dont tu te serviras pour éclairer ceux qui sont dans les ténèbres et l’ombre de la mort, pour embraser ceux qui sont tièdes et qui ont besoin de l’or brûlant de la charité, pour redonner vie à ceux qui sont morts à cause du péché, pour toucher et renverser, par tes paroles douces et puissantes, les cœurs de pierre et les cèdres du Liban, et, enfin, pour résister au démon et à tous les ennemis du salut » (Traité de la vraie dévotion, 214).
Comme saint Jean de la Croix, saint Louis-Marie insiste surtout sur la pureté de la foi et sur son obscurité spéciale et souvent douloureuse (cf. le secret de marie, 51-52). C’est la foi contemplative qui, en renonçant aux choses sensibles et extraordinaires, pénètre dans les profondeurs mystérieuses du Christ. Ainsi, dans sa prière, saint Louis-Marie s’adresse à la Mère du Seigneur en disant : « je ne te demande ni visions ni révélations, ni goûts ni délices même uniquement spirituels… Ici-bas, je ne veux en partage que ce que tu as eu, c’est-à-dire : croire d’une foi pure sans rien goûter ni voir » (ibid., 69). La Croix est le moment culminant de la foi de Marie, comme je l’écrivais dans l’encyclique Redemptoris Mater : « Par une telle foi, Marie est parfaitement unie au Christ dans son dépouillement… C’est là, sans doute, la « kénose » de la foi la plus profonde dans l’histoire de l’humanité » (n. 18).
(Fin de la 5e et avant dernière partie : la 6e et dernière (§ 8) sera publiée dans notre bulletin de mardi 20 janvier).