Texte biblique pour la "Prière pour l’unité 2004" : "Je vous donne ma paix"

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Introduction théologique et pastorale

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CITE DU VATICAN, Jeudi 15 janvier 2004 (ZENIT.org) – Voici le
texte biblique pour la « Prière pour l’unité 2004 », sur le thème « Je vous donne ma paix » (Jn 14, 23-31) et l’introduction théologique et pastorale disponible sur le site du Vatican (www.vatican.va). En effet, ce texte de Jean nous offre un point de départ pour les réflexions des huit jours :

« Je vous donne ma paix » (Jn 14, 23-31)

«Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole, et mon Père l’aimera; nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure. Celui qui ne m’aime pas n’observe pas mes paroles; or, cette parole que vous entendez, elle n’est pas de moi mais du Père qui m’a envoyé. Je vous ai dit ces choses tandis que je demeurais auprès de vous; le Paraclet, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Ce n’est pas à la manière du monde que je vous donne. Que votre cœur cesse de se troubler et de craindre. Vous l’avez entendu, je vous ai dit: ‘Je m’en vais et je viens à vous’. Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais au Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai parlé dès maintenant, avant l’événement, afin que, lorsqu’il arrivera, vous croyiez. Désormais, je ne m’entretiendrai plus guère avec vous, car le prince de ce monde vient. Certes, il n’a en moi aucune prise; mais il vient afin que le monde sache que j’aime mon Père et que j’agis conformément à ce que le Père m’a prescrit. Levez-vous, partons d’ici!»

Traduction œcuménique de la Bible (TOB)

Introduction théologique et pastorale

Je vous donne ma paix (Jn 14, 23-31)

Nous prions rarement pour des causes qui ne nous concernent pas et nous prions avec beaucoup plus de ferveur pour ce qui nous touche profondément, qui concerne les personnes et les parties du monde que nous connaissons. Et pourtant la prière dispose le cœur humain à l’accueil de l’autre. Saint Isaac le Syrien parle du cœur miséricordieux comme d’un cœur brûlant d’une compassion infinie pour tous les êtres humains, pour toutes les choses de la création. Saisi d’une «forte et véhémente miséricorde», d’une compassion «sans mesure à l’image de Dieu», le cœur élève sa prière au milieu de toutes les souffrances, il élève sa prière même en faveur de ceux qui font du mal, pour «les ennemis de la vérité» (Homélie 81). Le monde d’aujourd’hui a besoin de ces cœurs si miséricordieux, de cette prière s’élevant des gémissements de l’humanité, de toute la création.

La recherche de la paix au Moyen-Orient, qui est la quête de nombreux autres peuples dans diverses parties du monde, est la toile de fond de la célébration et des méditations de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens de 2004. Étant donné que la paix dans le monde reste un bien qui nous échappe et qui rencontre constamment des obstacles, la recherche de la paix et l’immense espoir qui y est lié constituent une part vitale de la prière qui monte aujourd’hui de nos cœurs vers le cœur miséricordieux de Dieu.

Nous aspirons tous à la paix. Il est humain d’y trouver la sérénité et d’y aspirer du fond du cœur. Cependant, le chemin qui nous mène à la paix n’est ni évident à trouver, ni facile à parcourir. Nous espérons que le troisième millénaire soit un millénaire de paix, un millénaire de retour à la foi en Dieu. Paix en arabe se dit salaam. En hébreu, langue de la même famille sémitique, paix se dit shalom. Au Moyen-Orient comme dans d’autres régions du monde où les membres de diverses religions vivent côte à côte, les relations constructives entre les traditions religieuses – bâties sur le dialogue et une recherche commune de la paix et de la justice, enracinées dans une même reconnaissance de la dignité de tout être humain – sont une condition essentielle pour que nous soit donnée la grâce de recevoir le don de la paix. De même, il est fondamental dans la recherche de la paix que les chrétiens et les communautés chrétiennes vivent dans un esprit de réconciliation et de mission commune. Notre préoccupation commune en faveur de la paix devrait servir à nous rapprocher les uns des autres dans la communion.

Le concept biblique de paix est riche et comprend de multiples facettes. Il peut signifier plénitude et bien-être, bonheur et sécurité, intégrité et justice. Notre foi chrétienne nous dit que la vraie paix ne peut nous être donnée que si nous suivons les chemins de Dieu, comme nous le disent les Écritures, et seulement si nous parcourons le chemin de paix proclamé et vécu par Jésus Christ. «Il est notre paix» (Ep 2, 14) et en tant que disciples du Christ, notre unité doit être une réconciliation en lui. Le témoignage en faveur de la paix d’une Communauté chrétienne divisée est lourd d’ambiguïtés. Cette contradiction interne diminue nos possibilités de répandre la paix du Christ. Par contre, l’unité entre les Églises donne puissance et crédibilité à notre témoignage, proposant de façon convaincante au monde la vision d’une réconciliation universelle en Christ. La réconciliation entre les Églises est une manière de parvenir à la paix et confère un caractère d’intégrité à sa proclamation. Nous sommes tous coresponsables de la recherche de l’unité qui offrira un témoignage authentique de la paix du Christ. Pareillement, nous sommes tous appelés, de manières diverses mais inspirés et encouragés par le même Esprit, à être artisans de sa paix et de sa réconciliation dans le monde.

Les Églises orientales ont traversé des périodes historiques difficiles qui ne peuvent être comparées à aucune autre. Ces anciennes Églises et les pays qui sont le berceau du christianisme ont très rarement connu la paix. De génération en génération, elles y ont aspiré et ont prié ardemment pour qu’elle vienne. Aujourd’hui plus que jamais, ces Églises désirent la paix et elles possèdent un patrimoine, un héritage, des traditions et des rites qui les incitent à implorer avec ferveur cette paix dans leurs prières. C’est pour cela qu’elles ont choisi le thème de la paix pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens de cette année.

En effet pour les Églises orientales qui vivent côte à côte et sont minoritaires au sein de leur culture, compte tenu de leur multiplicité et des nombreux mariages mixtes qui ont lieu entre leurs fidèles, l’œuvre œcuménique n’est pas un idéal abstrait mais une nécessité vitale. Seule la promotion d’un esprit œcuménique peut donner un sens à leur existence. L’unité et la paix sont leur plus grande aspiration, leur rêve suprême. Un défi commun les a rassemblées et leur aspiration à un avenir meilleur les unifie. La paix est leur souci quotidien, leur constante espérance.

Au tout début du christianisme, la Communauté chrétienne était «Une» et, bien que l’incarnation de cette unité n’ait jamais été aisée, l’Église primitive est apparue tout au long des siècles comme le modèle fondamental d’une communauté pouvant vivre en paix et proclamer cette paix de manière efficace. Il n’en est pas ainsi actuellement: nous ne sommes pas encore totalement unis et notre témoignage en faveur de la paix en souffre. Ceux qui la désirent devraient prier pour l’unité et la rechercher. Consciente de cette relation, l’Église est appelée à prier pour la paix dans l’unité et pour l’unité dans la paix.

Le choix du thème de cette année a également été dicté par le fait que les Églises du Moyen-Orient sont convaincues que si les chrétiens du monde entier se rassemblent pour cette prière œcuménique, ils seront solidaires de
s espérances et des souffrances des populations de cette région. Cette attente nous rappelle l’apôtre Paul qui, au cours de ses voyages, récoltait des dons pour l’Église-mère de Jérusalem. Aujourd’hui le don que nous recherchons est celui de la prière et du soutien spirituel de nos sœurs et frères unis dans un commun désir de paix.

La paix, c’est replacer les choses selon leur ordre naturel, celui que Dieu leur donna. Elle concerne toutes les relations et tous les types de relations. Le paradis a souvent été dépeint comme un lieu où règne la paix entre Dieu et son peuple, entre chaque individu et son prochain, entre la race humaine et la création. La paix n’existe que là où est la justice. À l’inverse, le péché est à l’origine des désaccords. Il disperse, la justice unifie. Nos actions quotidiennes et nos choix ont des répercussions sur notre vie car ils nous font opter pour le bien ou pour le mal. Inévitablement ils nous éloignent ou nous rapprochent de Dieu et de notre prochain. Nous trouvons la paix et la répandons, ou bien nous la chassons et la détruisons. En Orient, les personnes se saluent en se souhaitant la paix parce que c’est le plus beau souhait que l’on peut échanger, la meilleure relation que l’on peut entretenir avec son prochain, le droit que l’on doit défendre le plus résolument.

Dieu le Père est le Dieu de la paix qui nous a réconciliés par le sang de son Fils unique (2 Co 13, 11). Dans l’anaphore eucharistique des Églises orientales, les fidèles proclament «une miséricorde de paix, un sacrifice de louange», rappelant ainsi la miséricorde de Dieu qui s’est manifestée à nous par la révélation et le don de soi-même à travers le Christ, lequel nous fait accéder à la paix que seul Dieu peut nous donner. Jésus est venu pour bâtir sa paix sur la terre et pour nous la donner (Jn 14, 27) et il appelle son Église à être le levain d’un nouveau paradis en répandant cette vraie paix qu’il désire si profondément donner au monde. Les rites et célébrations liturgiques et l’adoration dans leur immense variété, tous aspirent à la réconciliation de l’être humain avec Dieu, avec le prochain, avec l’univers et avec lui-même. Or la prière pour la paix implique une forte dimension intérieure: elle appelle à la conversion et à l’ouverture des cœurs, afin que chacun puisse porter en lui la miséricorde de Dieu; elle encourage à la confiance pure que Dieu accomplit pour et par nous ce que nous ne pouvons créer pour nous-mêmes; elle porte des fruits à travers les œuvres de charité réalisées comme action de grâce à Dieu et pour favoriser la réconciliation et la vie pacifique avec nos prochains; elle invite à la persévérance dans l’ascétisme et dans la purification intérieure. Enfin, comme nous l’avons déjà dit, la prière pour la paix est nécessairement liée à la recherche de l’unité dans toutes les sphères de la vie humaine.

La prière pour la paix nous prépare également, en tant que chrétiens et en tant qu’Église, à entreprendre la mission prophétique intrinsèquement liée au corps du Christ: être des instruments et des artisans de paix et de justice, d’une nouvelle humanité dans notre monde déchiré et en proie aux guerres. L’engagement actif en faveur de la paix et de la justice est le fruit de l’Esprit Saint agissant en nous. Il ne s’agit pas d’un projet humain mais de l’œuvre de Dieu et comme les Écritures nous le disent avec ardeur, la paix de Dieu n’est pas la paix du monde. Les prophètes Isaïe (2, 4) et Michée (4, 3) nous parlent d’un temps où les nations «martelant leurs épées […] en feront des socs, de leurs lances [elles] feront des serpes». Cette vision de la transformation d’armes en outils qui serviront à édifier la communauté, continue à inciter les chrétiens à apprendre à manier avec habilité les instruments du dialogue et de la solution non violente des conflits dans la recherche de la paix et de la justice, n’ayant recours qu’à des moyens parfaitement cohérents avec le but qu’ils veulent atteindre, comme le fit le Christ. Michée et Jérémie témoignent également d’une tradition prophétique qui est celle de s’élever contre l’hypocrisie et la fausse rhétorique de la paix, en injuriant ceux qui disent «‘tout va bien! tout va bien!‘ Et rien ne va» (Jr 6, 14), ceux qui, «[s’ils] peuvent mordre à belles dents […] proclament la paix; mais à qui ne leur met rien dans la bouche, ils déclarent la guerre sainte» (Mi 3,5). Aujourd’hui, de nombreux chrétiens et communautés chrétiennes prennent part au débat public sur les moyens de parvenir à la paix, défiant parfois les plates-formes politiques et idéologiques et les politiques de «paix» basées sur la violence, l’injustice, l’oppression des autres. Dans certaines parties du monde, le témoignage prophétique, qui consiste en une confrontation de définitions étroites ou fausses de la paix avec la vision biblique, est impossible ou peut faire courir des risques très élevés aux personnes comme aux communautés. Ces régions occupent une place spéciale dans notre prière pour la paix.

En 2004, les chrétiens du monde entier vont à nouveau célébrer la fête de Pâque à la même date. Le Mystère pascal est source de notre espérance et de notre mission, promesse d’une paix qui est possible. Il nous rappelle que si la violence, l’injustice et la haine peuvent grandir, c’est la puissance de Dieu qui transforme la mort en vie et qui apporte la réconciliation parmi ceux qui semblaient vouloir anéantir cette vie qui en définitive l’emportera. Étant donné que cette année nous fêterons ensemble la Pâque, faisons en sorte que nos célébrations soient durant cette sainte période un encouragement à partager plus profondément l’espérance et la joie ainsi que la mission qui jaillit du tombeau avec notre Seigneur ressuscité. L’année 2004 se trouve par ailleurs en pleine Décennie «Vaincre la violence» promue par le Conseil œcuménique des Églises, initiative qui nous invite à la prière et nous appelle à nous engager dans la recherche de la paix.

À travers la célébration œcuménique et grâce aux textes bibliques et aux méditations pour les huit jours, nous mettrons en évidence la vision biblique de la paix et nous réfléchirons sur ce thème selon divers angles, dans l’espoir de rassembler les chrétiens en découvrant ensemble les trésors infinis de notre héritage commun afin de mieux servir la paix renouvelante du Christ dans le monde. Le passage de l’Évangile choisi pour la célébration est Jn 14, 23-31, qui fait partie du discours d’adieu de Jésus à ses disciples avant d’être mis à mort. Dans ce contexte pascal, il les assure que s’ils conservent sa parole, lui et le Père demeureront parmi eux. Il leur offre le don et la promesse de la paix: «Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix». En prenant congé de ses disciples, Jésus leur dit comment ils doivent être porteurs de cette paix dans le monde, guidés par l’Esprit Saint.

Ce même texte de Jean nous offre un point de départ pour les réflexions des huit jours:

Il nous expose et nous permet en effet de réfléchir sur les implications de la compréhension chrétienne de la paix. Toute la paix, au sein de l’Église et dans le monde, se fonde sur l’amour créateur et vivifiant de Dieu pour nous (1er jour).

En nous révélant l’amour du Père, Jésus promet à ses disciples de leur donner la paix intérieure et la sérénité même face aux difficultés (2e jour).

Ceux qui écoutent les paroles du Christ et les laissent pénétrer dans leur cœur deviennent porteurs de sa paix (3e jour).

C’est l’œuvre de l’Esprit Saint qui apporte la paix et le pardon et qui nous pousse à mettre notre esprit et notre cœur au service d’un monde aspirant à la paix (4e jour).

Tandis que le monde cherche la paix et la sécurité par l’usage de
la force et l’exercice de la puissance, la paix du Christ descend en nous grâce à l’humilité et à travers le service aux autres, lorsque nous cherchons à combattre le mal en faisant le bien (5e jour).

Suivre le chemin des disciples du Christ veut dire se libérer toujours plus de la peur et de l’anxiété, avoir toujours plus conscience que l’amour de Dieu est plus grand que tout ce qui nous oppose (6e jour).

Dans la confiance en la résurrection du Christ et dans l’attente de son retour dans la gloire, le chrétien doit vivre en regardant vers un horizon d’espérance et se montrer solidaire de ceux qui vivent dans le doute, la peur et la peine (7e jour).

La paix authentique, la paix que Dieu veut nous donner, nous apporte la joie mais nous oblige aussi à nous dévouer aux autres afin que chacun ait part à cette paix (8e jour).

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ZENIT Staff

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