« Nous vous sommes reconnaissants de votre Message pour la Paix », par M. Giovanni Galassi

Allocution du doyen du corps diplomatique accrédité près le Saint Siège

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CITE DU VATICAN, Lundi 12 janvier 2004 (ZENIT.org) – « Nous vous sommes reconnaissants de votre Message pour la Paix de cette année », déclare le doyen du corps diplomatique accrédité près le Saint Siège, l’ambassadeur de Saint-Marin, le Prof. Giovanni Galassi, dans son allocution au nom de ses collègues dont voici le texte intégral (original en français).

Très Saint Père,

Au nom du Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, il m’est agréable de vous adresser nos vœux les plus sincères pour la nouvelle Année, mais je désire aussi vous exprimer notre regret que, malgré tous les efforts, votre vœu le plus cher n’ait pas pu être exaucé, à savoir le vœu que vous nous aviez adressé en janvier dernier, lorsque vous nous invitiez avec fermeté à dire NON à la mort, NON à l’égoïsme, NON à la guerre.

En effet, durant l’année 2003, les opérations militaires en Iraq, encore en cours, avec la perte quotidienne de jeunes vies, les nombreux conflits qui, de manière insidieuse ou manifeste, se poursuivent sur le Continent africain, les foyers de tension dans le Caucase, dans de nombreux Pays d’Asie et en Amérique latine, la situation dramatique et encore non résolue en Terre Sainte et dans d’autres pays du Moyen-Orient, ainsi que l’assassinat brutal et choquant de Monseigneur Courtney, Nonce apostolique au Burundi, ont malheureusement démontré que nous sommes encore loin de notre idéal, à savoir vouloir créer une véritable famille humaine, que vous souhaitez ardemment, famille capable de garantir une existence pacifique entre les divers peuples, en nous préservant du danger toujours imminent d’un affrontement dramatique entre cultures et entre religions.

Vous-même, Sainteté, dans votre homélie de la Nuit de Noël, vous l’avez souligné: «Trop de sang coule encore sur la terre ! Trop de violence et de conflits troublent les relations sereines entre les nations !». Il s’agit d’un constat grave et réaliste, mais qui, en même temps – nous osons l’espérer –, devra stimuler la diplomatie internationale, dont nous faisons partie nous aussi, dans ses tentatives déterminées d’inventer des voies nouvelles et de trouver des solutions de manière à RECHERCHER, avec davantage de dialogue, et plus d’audace et de créativité, le Bien commun, à CONSTRUIRE «de nouveaux ponts», selon votre propre expression, entre individus, entre peuples et entre cultures, et à ENDIGUER la spirale néfaste d’égoïsme, de haine, de soif de domination et de désir de vengeance, qui semblent envahir l’humanité entière.

Nous vivons dans un monde qui se trouve de plus en plus immergé dans la violence aveugle du terrorisme international qui, ne respectant pas même les lieux de culte, comme cela est survenu à Istanbul, atteint lâchement des civils sans défense, créant un sentiment d’insécurité des peuples et des personnes, et convenant mal à une société technologiquement avancée comme la nôtre, qui a le devoir de poursuivre la lutte contre un tel fléau avec des mesures appropriées et partagées par tous.

Tous engagés dans une situation aussi complexe, nous vous sommes reconnaissants, Sainteté, de votre Message pour la Paix de cette année, par lequel, avec une foi solide, vous nous exhortez de nouveau à considérer que la PAIX EST POSSIBLE, ET QU’ELLE EST MÊME UN DEVOIR, nous montrant que certains des fondements sur lesquels construire notre avenir sont l’éducation à la paix, le respect réciproque du Droit international qui refuse de manière catégorique le recours unilatéral et sans discrimination à la force, un rôle de l’O.N.U. plus actif, plus compétent et plus adapté à la période actuelle pour être davantage en mesure de faire valoir le respect de ses propres finalités institutionnelles; dans cet avenir, chacun de nous, avec le droit de garantir sa propre dignité humaine, a aussi le devoir de respecter dans une égale mesure la dignité d’autrui.

En vue de la recherche d’une paix durable, les principes de justice et d’égalité sociales ne revêtent pas une moindre importance dans la perspective d’une solidarité active entre les peuples, qui ne peut être seulement de l’assistanat, toutefois nécessaire en certains cas, mais qui consiste en un soutien durable aux Nations les plus défavorisées, afin que, elles aussi, elles puissent progresser de manière autonome et devenir partie intégrante d’un développement global, dans lequel il n’y ait plus des protégés et des protecteurs, mais des partenaires à part égale. En ce sens, la Doctrine sociale de l’Église, qui a eu un élan énorme durant votre pontificat, pourra être un solide point de référence pour un commerce international plus équitable, qui a marqué, à Cancún, un temps d’arrêt, pour le respect de la nature, auquel le récent forum de Kyoto a peu contribué, pour la lutte contre la faim, en particulier dans l’hémisphère Sud où des millions d’êtres humains meurent par manque de nourriture et d’eau, pour l’éradication de maladies endémiques, tel le SIDA qui a contaminé dans certaines régions de l’Afrique une grande partie de la population, pour le soutien humanitaire aux migrants, pour une évaluation plus objective des organismes génétiquement modifiés et des techniques parfois aventureuses dans le domaine de la biologie, pour la défense des plus faibles, souvent les femmes et les enfants, brutalisés par des trafiquants d’êtres humains.

Enfin, nous vous savons gré, Très Saint Père, de la grave invitation à réfléchir sur le fait qu’une civilisation véritable et durable ne peut être édifiée seulement sur la base des conquêtes scientifiques et technologiques, ou soumise aux exigences du marché, mais qu’elle doit trouver son soutien dans le partage convaincu de valeurs et d’idéaux communs.

Pour corroborer cela, vous avez poursuivi votre ministère par vos pèlerinages dans le monde (Espagne, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Slovaquie), par votre encyclique sur l’Eucharistie, par les exhortations apostoliques post-synodales «Ecclesia in Europa» et «Pastores gregis», par l’indiction de l’Année du Rosaire, par les fréquentes rencontres en faveur de l’unité des chrétiens, par la proclamation de nombreux saints et bienheureux, parmi lesquels Mère Teresa de Calcutta, première bienheureuse de la vingt-sixième année de votre pontificat, nous suggérant encore une fois que les plus petits sont les premiers d’entre nos frères.

Une grande partie de l’humanité regarde constamment vers vous, Sainteté, comme un symbole vivant de la vraie paix, de la fraternité et de l’amour, et elle vous a manifesté pour le vingt-cinquième anniversaire de votre pontificat son affection et sa reconnaissance, qui trouvent sans aucun doute leur expression la plus pure et la plus spontanée dans une petite poésie de quelques enfants de la classe de troisième élémentaire d’un petit village italien, qui se terminait dans une extrême simplicité par ces mots: «Le monde t’admire, les jeunes t’aiment et nous, les enfants, nous souhaitons avec sincérité que tu restes encore pour de nombreuses années. Sois fort Jean-Paul !»

Je crois que, aujourd’hui encore, nous pourrions, avec déférence, vous redire les mêmes paroles. Bonne Année, Très Saint Père !

[Texte original: Français]
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ZENIT Staff

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