CITE DU VATICAN, Jeudi 8 janvier 2004 (ZENIT.org) – Une société fondée sur la discrimination et sur le critère de l’efficacité ne serait pas digne de l’humanité, déclare le pape Jean-Paul II dans son message sur les personnes handicapées mentales: il faut leur garantir les mêmes droits qu’à tout autre personne.
« Le monde des droits ne peut être le seul apanage des personnes en bonne santé », déclare le pape dans un message aux participants du symposium international organisé à Rome par la congrégation pour la Doctrine de la foi sur le thème: « Dignité et droits de la personne porteuse d’un handicap mental ».
La personne porteuse d’un handicap est, affirme le pape, « un sujet pleinement humain avec des droits sacrés et inaliénables propres à toute créature humaine ». C’est pourquoi la qualité de vie à l’intérieur d’une communauté se mesure en bonne partie par l’engagement dans l’aide aux plus faibles.
Le pape avertit: « Une société qui ne ferait place qu’à des membres pleinement fonctionnels, tout à fait autonomes et indépendants, ne serait pas une société digne de l’homme. La discrimination sur la base de l’efficacité n’est pas moins méprisable que celle fondée sur la race ou le sexe ou la religion ».
« La reconnaissance des droits doit donc être suivie, recommande Jean-Paul II, par un engagement sincère de tous pour créer des conditions concrètes de vie, des structures de soutien, des protections juridiques capables de répondre aux besoins et aux dynamiques de croissance de la personne handicapée et de ceux qui partagent sa situation, à commencer par sa famille,… même si cela implique une surcharge économique et sociale ».
Mais Jean-Paul II évoque aussi l’importance des dimensions affectives et sexuelles de la personne handicapée: « un aspect souvent évacué ou affronté de façon superficielle et réductrice ou même idéologique », déplore-t-il.
« Le présupposé pour l’éducation affective et sexuelle de la personne handicapée est dans la conviction qu’elle a un besoin d’affection au moins égal à celui de tout autre. Elle aussi a besoin d’aimer et d’être aimée, a besoin de tendresse, de proximité, d’intimité ».
Les expériences acquises dans certaines communautés chrétiennes, écrit le pape, ont montré qu’une vie communautaire intense et stimulante, un soutien éducatif continuel et discret « réussissent souvent à rééquilibrer affectivement le sujet porteur d’un handicap mental et à le conduire à vivre des relations interpersonnelles riches, fécondes et apaisantes ».
« Il ne fait pas de doute, ajoute le pape, que les personnes handicapées qui dévoilent la fragilité radicale de la condition humaine, sont une expression du drame de la douleur et, dans notre monde, assoiffé d’hédonisme et fascinée par la beauté éphémère et trompeuse, leurs difficultés sont souvent perçues comme un scandale et une provocation, et leurs problèmes comme un fardeau à enlever ou a résoudre en hâte. Elles sont au contraire des icônes vivantes du Fils crucifié ».
Les personnes handicapées, continue Jean-Paul II dans son message, sont « la beauté mystérieuse de Celui qui s’est « vidé » pour nous et s’est fait obéissant jusqu’à la mort. Elles nous montrent que la consistance ultime de l’être humain, au-delà de toute apparence, est placée en Jésus-Christ. C’est pourquoi il a été dit à bon droit que les personnes handicapées sont des témoins d’humanité privilégiés. Elles peuvent enseigner à tous ce que c’est que l’amour qui sauve et elles peuvent devenir annonciatrices d’un monde nouveau, non plus dominé par la force, la violence et l’agressivité, mais par l’amour, la solidarité, l’accueil, un monde nouveau transfiguré par la lumière du Christ, le Fils de Dieu incarné pour nous les hommes, crucifié et ressuscité ».
« Dieu, insiste Jean-Paul II, est toujours du côté des petits, des pauvres, des souffrants, et des marginaux. En se faisant homme et en naissant dans la pauvreté d’une étable, le Fils de Dieu a proclamé en lui-même la béatitude des affligés. Après le Calvaire, la Croix, embrassée par amour, devient le chemin de la vie et enseigne à chacun que, si nous savons marcher avec un abandon confiant sur le chemin fatiguant et ardu de la douleur humaine, la joie du Christ vivant, fleurira pour nous et pour nos frères, dépassant tout désir et toute attente ».