Six fois plus de saints que pendant 400 ans
La fête de tous les saints est ainsi en quelque sorte la fête privilégiée de Jean-Paul II, le « pape de la sainteté », comme le disait récemment le cardinal Jose Saraiva Martins (cf. Entretien ci-dessous), préfet de la congrégation à laquelle le pape a donné un énorme travail: la congrégation pour les causes des saints.
Jean-Paul II a proclamé en 25 ans, au 16 octobre, 1792 saints et bienheureux, soit près de six fois plus que ces prédécesseurs, en quatre siècles, depuis Clément VIII, qui est mort en 1605.
Le pape a présidé à Rome où dans d’autres pays 142 cérémonies de béatifications, donnant à l’Eglise 1315 nouveaux bienheureux, en majorité des martyrs (1031). Chiffre qui atteindra 1320 bienheureux le 9 novembre.
Modèles de vie chrétienne pour tous
Car le pape a le souci de donner des modèles de vie chrétienne aux Nations, aux peuples, aux Eglises, ou aux états de vie qui n’avaient pas ou peu de modèles de sainteté. C’est le cas des Gitans qui ont leur premier bienheureux dans le Zepherino JimenezMalla , martyr de la Guerre civile espagnole.
C’est le cas des enfants qui ont désormais en Jacinta et Francisco Marto, les pastoureaux de Fatima, les premiers enfants bienheureux non-martyrs.
C’est le cas des foyers: Luigi et Maria Beltrame Quattrocchi sont les premiers époux béatifiés ensemble par un pape et leur fête liturgique à été fixée à la date anniversaire de leur mariage, le 25 novembre.
C’est le cas de l’Eglise gréco-catholique d’Ukraine, autrefois supprimée et persécutée par Staline.
Le pape a aussi présidé 50 célébrations de canonisations, donnant à l’Eglise 477 saints, dont 402 martyrs.
Ces canonisations et béatifications sont une occasion de faire la vérité sur notre histoire, aussi n’apparaissent-elles pas toutes à l’opinion publique comme « politiquement correctes » : le pape a béatifié de nombreux martyrs de la révolution française, oubliés dans les cérémonies du bi-centenaire, les martyrs de la guerre civile espagnole, oubliés par la plupart des manuels d’histoire, les martyrs du nazisme et ceux du communisme, comme le cardinal Stepinac en Croatie, en 1998, en dépit des polémiques.
Les nouveaux saints et bienheureux d’octobre et novembre
Le pape a placé le mois d’octobre qui s’achève – mois du Rosaire et mois des missions – sous le signe de trois nouveaux saints missionnaires, proclamés le 5 octobre: Daniele Comboni, Arnold Janssen et Josef Freinademetz (cf. ZF031005).
Le pape a placé la béatification de Mère Teresa de Calcutta le 19 octobre dernier, en la Journée mondiale des missions, au cœur des célébrations du XXV ans de pontificat , mettant encore plus explicitement le pontificat sous le signe de la sainteté, et une sainteté contagieuse: le pape soulignait combien Mère Teresa a été « missionnaire » par la charité.
Or, et ce pourrait sembler un paradoxe, Jean-Paul II a insisté tout au long de ce pontificat sur la reconnaissance du péché dans la vie de l’Eglise, et n’a eu de cesse de demander pardon pour les péchés passés des fils de l’Eglise, comme à Paris en 1997, avec la demande de pardon pour la saint Barthélémy. Et surtout, avec la demande de pardon placée au cœur du Jubilé, le 12 mars 2000, en la basilique Saint-Pierre. Le pape invitait à une purification de la mémoire, pour l’entrée de l’Eglise dans le IIIe millénaire. Luigi Accatoli a pu recueillir toutes les demandes de pardon dans son livre: « Quand le pape demande pardon ».
Or, cette purification vise la sainteté. Car, le pape n’a de cesse de le rappeler, par exemple aux évêques lorsqu’ils viennent en visite ad limina, l’appel universel à la sainteté est au coeur de l’Evangile, au cœur du message du concile Vatican II, et au cœur de toute action pastorale de l’Eglise.
Le Successeur de Pierre donne lui-même un exemple particulièrement éloquent de sainteté : les procès de béatification de Paul VI et Jean-Paul Ier sont ouverts. Jean-Paul II a béatifié le Bon pape Jean XXIII.
Et dans le sillage de la Toussaint, le pape s’apprête à donner 5 nouveaux bienheureux à l’Eglise, dimanche 9 novembre.
Il s’agit:
– de SrRosalie Rendu (1786-1856), fille de la charité de St Vincent de Paul, apôtre de la rue Mouffetard, à Paris.
– du Franciscain belge Valentin Paquay mort en1905 à 76 ans: il fut un assidu du confessionnal, rivalisant avec le saint Curé d’Ars auquel il fut parfois comparé.
– du prêtre espagnol de Grenade, Jean Nepomucène Zegrí y Moreno mort également en 1905, après avoir fondé une communauté religieuse au service des plus démunis pour les aider à se libérer des esclavages modernes;
– de Luigi Maria Monti (1825-1900) qui fut d’abord un fidèle laïc de Milan, consacré à l’Église de Dieu, sans couvent et sans habit. Plus tard il fonda une “Congrégation au service des malades” à Rome. Il mourut épuisé et presque aveugle, à 75 ans.
– et enfin de Mère Boniface Rodríguez Castro (1837-1905) originaire de Salamanque, en Espagne, et initiatrice d’un nouveau projet de vie religieuse féminine, insérée dans le monde du travail à la lumière de la contemplation de la Sainte Famille, devant recréer dans les maisons de la Congrégation l’Atelier de Nazareth. Cet Atelier des Servantes de Saint Joseph offrait du travail aux femmes pauvres.
La fête du « saint inconnu »
L’an dernier, le pape a lui-même indiqué trois dimensions de la fête de la Toussaint. Tout d’abord, par leur exemple, disait Jean-Paul II, les saints proclamés par l’Eglise montrent que « tous les fidèles – comme l’enseigne le concile – sont appelés à la plénitude de la foi chrétienne et à la perfection de la charité » en tendant au « haut degré » de la vie chrétienne ordinaire.
Ensuite, pour Jean-Paul II, la Toussaint est aussi la fête du « saint inconnu ». Citant la liturgie de la Toussaint, le pape soulignait qu’en cette fête l’Eglise a « la joie de célébrer en une fête unique les mérites et la gloire de tous les saints, non seulement de ceux qu’elle a proclamés au cours des siècles, mais aussi des innombrables hommes et femmes dont la sainteté, cachée en ce monde, est bien connue à Dieu et resplendit dans son Royaume éternel ».
Enfin, la Toussaint , disait encore le pape, « nous invite à tourner le regard vers la Ciel, but de notre pèlerinage terrestre. C’est là que nous attend la fête de la communion des saints. Là, nous retrouverons nos chers défunts, pour lesquels s’élèvera la grande commémoraison liturgique » du 2 novembre.
Le signe de notre espérance
« Dans la gloire du paradis, concluait Jean-Paul II, resplendit la Vierge Marie, que le Christ a couronnée Reine des Anges et des Saints. C’est vers Elle, signe sûr de l’espérance et de la consolation (Lumen gentium, 68), que regarde l’Eglise pérégrinante, désireuse de s’unir à l’Eglise triomphante dans la patrie céleste. A la Très Sainte Vierge Marie, nous confions tous les défunts, afin que leur soit accordée la béatitude éternelle ».