Revue de presse de la Fondation Lejeune de mai: USA, 400.000 embryons congelés

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CITE DU VATICAN, Jeudi 29 mai 2003 (ZENIT.org) – La Lettre mensuelle de mai 2003 d’information et d’analyse sur l’actualité bioéthique de la fondation Jérôme Lejeune est disponible à l’adresse: www.genethique.org

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Au sommaire de cette Lettre n°41 de mai :

USA : 400 000 embryons congelés
Commander le sexe de son bébé
Produire des ovocytes à partir des cellules embryonnaires
Un espoir avec les cellules adultes pour soigner la myopathie

En plus de la Lettre mensuelle, la Fondation propose une sélection d’articles extraits de la revue de presse quotidienne :

Greffe : priorité de santé publique
OGM
Comité d’éthique italien : la recherche sur l’embryon est « inacceptable » Délit d’interruption involontaire de grossesse repris par l’Assemblée nationale
Grande-Bretagne : scandale autour de cerveaux humains
Euthanasie : les chiffres aux Pays Bas, refus de la Hongrie

Lettre n°41 de mai 2003

USA : 400.000 embryons congelés

Il existe environ 400.000 embryons congelés dans les 430 cliniques de procréation assistée des Etats-Unis, selon la première enquête nationale sur le sujet, rapportée dans le Washington Post du 8 mai 2003. Ce nombre est largement plus élevé que les estimations selon lesquelles le nombre d’embryons congelés variait entre plusieurs dizaines de milliers et 200 000.
87% des embryons conçus dans le cadre de la procréation assistée sont utilisés pour des « traitements contre l’infertilité », 4% pour la recherche et des études de qualité, 2% sont donnés, et 2% au moins sont détruits.
Selon l’étude, les couples qui ont en réserve des embryons dits « surnuméraires », trouvent difficile de se résoudre à les détruire.

Commander le sexe de son bébé

En septembre dernier, le Dr Frank Comhaire, andrologue à l’université de Gand (Belgique), annonçait qu’il avait une méthode permettant à un couple de choisir le sexe de son enfant moyennant une somme de 6 300 ?. Ce mois-ci il annonce la première naissance d’un enfant issu de cette technique, naissance qui a eu lieu en février dans le sud de l’Europe. C’est une petite fille. Trois autres femmes européennes seraient enceintes selon cette méthode.

Un tri des chromosomes
Développée il y a une dizaine d’années par le ministère américain de l’Agriculture pour sélectionner les animaux selon leur sexe, cette technique a été baptisée MicroSort. Elle a été adaptée à l’homme en 1998 par des chercheurs travaillant pour le compte de l’Institut de génétique et de fécondation in vitro, en Virginie. Elle a ensuite fait l’objet d’essais cliniques sous le contrôle de la Food and Drug administration, avec le concours de nombreux médecins américains, canadiens et belges.

La méthode consiste à trier les spermatozoïdes en repérant ceux porteurs de chromosome X (féminin) et ceux porteurs de chromosome Y (masculin). L’équipe utilise un laser qui est capable de différencier ces deux types de chromosome afin de les répartir dans deux tubes. Ensuite, le sperme ainsi obtenu et « enrichi » est inséminé dans le ventre de la mère ou fertilisé in vitro.

Une technique à l’essai
La méthode a une efficacité limitée, puisque l’éradication des spermatozoïdes indésirables est particulièrement difficile à opérer. La technique a été testée sur un millier de couples aux Etats-Unis et a donné naissance à 400 enfants. Les chances de réussite seraient donc de 88% pour une fille et de 73% pour un garçon. Pour prouver sa fiabilité il est prévu de la tester encore sur 3 500 couples.

Vers l’équilibre familial ?
En France, la sélection du sexe d’un embryon est possible pour éviter une maladie génétique grave, comme la myopathie de Duchenne ou la maladie de l’X fragile, etc.
Les lois de bioéthique de 1994 n’autorisent pas le choix du sexe de son enfant pour d’autres motifs.
De même en Belgique, l’article 5 de la loi relative à la recherche sur les embryons in vitro interdit les recherches ou les traitements permettant de sélectionner un embryon sauf s’il s’agit d’éviter une maladie génétique grave. Mais le professeur Comhaire ne se considère pas dans l’illégalité estimant qu’il n’entre pas dans le champ de la loi qui réglemente la seule manipulation d’embryons in vitro. « Nous, nous pratiquons la sélection de spermatozoïdes, avant même toute formation d’embryons. » Il bénéficie d’un vide juridique que doit prochainement combler un projet de loi à l’étude.

Le comité de bioéthique belge est partagé sur cette question de sélection sexuelle des embryons. Certains n’étant pas opposés au principe du « family-balancing » c’est à dire la possibilité pour un couple de choisir le sexe de son enfant afin de rééquilibrer le nombre de filles ou de garçons dans la fratrie…

Produire des ovocytes à partir des cellules embryonnaires

Les cellules souches embryonnaires (cellules ES) en culture étaient généralement considérées comme pluripotentes, c’est à dire capables de générer de multiples types cellulaires, mais aucune expérience n’avait montré leur capacité à se différencier in vitro en cellules sexuelles. Une équipe franco-américaine vient de montrer que ces cellules seraient en réalité totipotentes, c’est à dire capables de donner tous les types cellulaires dans des conditions de différenciation adaptées.

Produire des ovocytes
Les auteurs de cette étude, récemment publiée dans la version en ligne du journal Science1, ont obtenu des cellules ayant les caractéristiques d’ovocytes en cultivant des cellules embryonnaires de souris, mâles ou femelles. Une partie des cellules en culture a pris la structure de précurseurs d’ovocytes puis est entrée en méiose (division cellulaire particulière au cours de laquelle les cellules reproductrices perdent un lot de chromosomes). Le développement de ces cellules a pu être suivi visuellement grâce à un marqueur fluorescent identifiant l’expression d’un gène spécifique des cellules germinales. De plus, ces ovocytes produisent de grandes quantités d’oestradiol, une hormone féminine.
Cependant, même si ces cellules obtenues in vitro présentent les caractéristiques d’ovocytes, l’étude ne montre pas si les remaniements chromosomiques se sont faits correctement lors de la méiose. Il faudrait maintenant prouver que ces ovocytes peuvent être fécondés et donner des souris sans anomalies.

Les applications attendues
Cette obtention in vitro de cellules germinales ouvre des perspectives intéressantes en recherche fondamentale, notamment pour l’étude de la méiose et celle des interactions entre les cellules somatiques et germinales. Elle faciliterait par ailleurs le génie génétique.

Au delà de ces intérêts scientifiques, ces résultats ont été largement répercutés dans la presse grand public, à cause des applications à l’homme qu’une telle découverte laisse imaginer :
– la production in vitro d’un grand nombre d’ovocytes rendrait le clonage humain plus facile. Elle permettrait en particulier de lever des barrières pratiques et politiques au clonage humain en évitant le recours aux femmes pour se procurer les ovocytes nécessaires.
– pour ceux qui acceptent le principe du clonage thérapeutique, elle permettrait à des femmes infertiles d’avoir des enfants. On pourrait obtenir des cellules embryonnaires après clonage d’une cellule de la mère et les faire se différencier en ovocytes, eux-mêmes fécondables par le sperme du père. La même technique supprimerait pour les femmes la limite d’âge de procréer.
– enfin, cette production d’ovocytes in vitro à partir de cellules embryonnaires permettrait à des homosexuels d’avoir des enfants par reproduction sexuée, l’un des pères donnant son sperme, l’autre des ovules à partir d’un clone d’une de ses cellules.

Limites scientifiques et éthiques
Cependant, toutes ces extrapolations vont largement au delà des résultats publiés. Les auteurs de l’étude n’ont pas démontré que ces ovocytes obtenus en boîte de culture à partir de cellules embr
yonnaires sont fonctionnels et sans anomalies chromosomiques. Et si c’était le cas, rien ne prouve qu’une telle découverte soit applicable aux cellules humaines.

Enfin, les approches proposées n’évitent aucunement les problèmes éthiques. Cette production d’ovocytes in vitro nécessite au départ d’obtenir des cellules embryonnaires humaines, provenant soit d’embryons surnuméraires soit d’embryons clonés et de les utiliser comme produit de laboratoire.

1 : K. Hubner et al. Derivation of ovocytes from mouse embryonic stem cells. Science 2003 May

Un espoir avec les cellules adultes pour soigner la myopathie

Une équipe française du laboratoire de neuro-génétique de l’Inserm et belge de l’université catholique de Louvain a montré l’effet protecteur des cellules souches musculaires de l’adulte, appelées cellules satellites, dans des cas de maladie musculaire dégénérative d’origine génétique. Judith Melki qui dirigeait cette étude avait isolé en 2000 avec son équipe un gène de survie des neurones moteurs directement responsable des amyotrophies spinales. Or une mutation de ce gène, le gène Smn, peut entraîner différents types de myopathies. Une mutation sévère peut entraîner une paralysie progressive et la mort.
Les chercheurs ont démontré l’influence positive des cellules souches musculaires sur l’amélioration des performances motrices et la survie de souris présentant une myopathie chronique d’origine génétique.
Ces cellules identifiées il y a quelques années ont permis une régénération musculaire très active chez les animaux atteints. Ces cellules ont montré qu’elles ont la capacité de contrecarrer la progression d’une myopathie progressive.
Selon l’équipe de recherche, ces résultats sont prometteurs pour développer une stratégie thérapeutique des myopathies.
Cette étude démontre une fois encore le formidable potentiel thérapeutique des cellules souches présentes dans les organes adultes.
S. Nicole et coll., « The Journal of Cell Biology » du 12 mai 2003

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ZENIT Staff

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