Dn 3: Cantique d'Azarias dans la fournaise

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CITE DU VATICAN, Mercredi 21 mai 2003 (ZENIT.org) – L’Osservatore Romano en langue française du 21 mai publie cette trduction intégrale du commentaire de Jean-Paul II en italien du cantique d’Azarias dans la fournaise, lors de l’audience du 14 mai.

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Lecture: Dn 3, 26-27.29.39.41

1. Le Cantique qui vient d’être proclamé appartient au texte grec du Livre de Daniel et il se présente comme une suppplication élevée au Seigneur avec ardeur et sincérité. C’est la voix d’Israël qui est en train de vivre la dure épreuve de l’exil et de la diaspora parmi les peuples. En effet, celui qui entonne le cantique est un juif, Azarias, inséré dans le contexte babylonien au temps de l’exil d’Israël, après la destruction de Jérusalem voulue par le roi Nabuchodonosor.

Azarias, avec deux autres fidèles juifs, se trouve « au milieu du feu » (Dn 3, 25), comme un martyr prêt à affronter la mort pour ne pas trahir sa conscience et sa foi. Il a été condamné à mort pour avoir refusé d’adorer la statue impériale.

2. La persécution est considéréee par ce Cantique comme une juste peine avec laquelle Dieu purifie le peuple pécheur: « Car c’est dans la vérité et dans le droit que tu nous as traités – confesse Azarias – à cause de nos péchés » (v. 28). Nous nous trouvons ainsi en présence d’une prière pénitentielle qui ne débouche pas sur le découragement ou la peur, mais sur l’espérance.

Bien sûr, le point de départ est amer, la désolation est grave, l’épreuve est difficile, le jugement divin sur le péché du peuple est sévère: « Il n’est plus, en ce temps, chef, prophète ni prince, holocauste, sacrifice, oblation ni encens, lieu où te faire des offrandes et trouver grâce auprès de toi » (v. 38). Le temple de Sion est détruit et le Seigneur ne semble plus demeurer au milieu de son peuple.

3. Face à la tragique situation présente, l’espérance recherche sa racine dans le passé, c’est-à-dire dans les promesses faites aux pères. On remonte donc à Abraham, à Isaac et à Jacob (cf. v. 35), auxquels Dieu avait assuré bénédiction et fécondité, terre et grandeur, vie et paix. Dieu est fidèle et ne démentira pas ses promesses. Même si la justice exige qu’Israël soit puni de ses fautes, la certitude demeure que le dernier mot sera celui de la miséricorde et du pardon. Le prophète Ezéchiel rapportait déjà ces paroles du Seigneur: « Prendrais-je donc plaisir à la mort du méchant et non pas plutôt à le voir renoncer à sa conduite et vivre?… Je ne prends pas plaisir à la mort de qui que ce soit » (Ez 18, 23.32). Certes, l’heure de l’humiliation est maintenant venue: « Seigneur, nous voici plus petits que toutes les nations, nous voici humiliés par toute la terre, aujourd’hui, à cause de nos péchés » (Dn 3, 37). Pourtant ce n’est pas l’attente de la mort, mais d’une nouvelle vie, après la purification.

4. L’orant s’approche du Seigneur en lui offrant le sacrifice le plus précieux et favorablement accueilli: « le coeur contrit » et l' »esprit humilié » (v. 39; cf. Ps 50, 19). C’est précisément le centre de l’existence, le moi renouvelé par l’épreuve qui est offert à Dieu, afin qu’il l’accueille en signe de conversion et de consécration au bien.
Avec cette disposition intérieure, la peur cesse, la confusion et la honte disparaissent (cf. Dn 3, 40), et l’esprit s’ouvre avec confiance à un avenir meilleur, lorsque s’accompliront les promesses faites aux pères.

La phrase finale de la supplication d’Azarias, telle qu’elle est proposée par la liturgie, possède une grande force émotive et une profonde intensité spirituelle: « Et maintenant nous mettons tout notre coeur à te suivre, à te craindre et à rechercher ta face » (v. 41). Il s’agit de l’écho d’un autre Psaume: « De toi mon coeur a dit: « Cherche sa face ». c’est ta face, Yahvé, que je cherche » (Ps 26, 8).

Le moment est désormais venu où nous nous détournons des chemins, des routes perverses du mal, des sentiers tortueux et des voies traverses (cf. Pr 2, 15). Nous nous acheminons à la suite du Seigneur, soutenus par le désir de rencontrer sa face. Et son visage n’est pas courroucé, mais empli d’amour, tel qu’il s’est révélé dans le père miséricordieux à l’égard du fils prodigue (cf. Lc 15, 11-32).

5. Nous concluons notre réflexion sur le Cantique d’Azarias par la prière écrite par saint Maxime le Confesseur dans son Discours ascétique (37-39), là où il s’inspire précisément du texte du prophète Daniel. « Oh! ne nous abandonne pas pour toujours, à cause de ton nom, ne répudie pas ton alliance, ne nous retire pas ta grâce (cf. Dn 3, 34-35) en raison de ta miséricorde, ô Père qui es dans les cieux, en raison de la compassion de ton Fils unique et de la miséricorde de ton Saint Esprit… N’ignore pas notre supplication, ô Seigneur, et ne nous abandonne pas pour toujours.

Nous ne nous reposons pas sur nos oeuvres de justice, mais sur ta grâce, à travers laquelle tu conserves notre lignée… Ne déteste pas notre indignité, mais sois rempli de compassion pour nous en vertu de ta grande pitié, et en vertu de la plénitude de ta miséricorde efface nos péchés, afin que sans condamnation, nous nous approchions de ta sainte gloire et soyons considérés dignes de la protection de ton Fils unique ».

Saint Maxime conclut: « Oui, ô Seigneur patron tout-puissant, exauce notre supplication, car nous ne reconnaissons personne d’autre en dehors de toi » (Humanité et divinité du Christ, Rome 1979, pp. 51-52).

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ZENIT Staff

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