Monsieur l’Ambassadeur,
1. C’est avec plaisir que j’accueille Votre Excellence en cette circonstance solennelle de la présentation des Lettres qui l’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Moldavie près le Saint-Siège.
J’ai été sensible aux paroles que vous m’avez adressées et je vous saurais gré de transmettre mes salutations à Son Excellence Monsieur Vladimir Voronine, Président de la République. Je salue très cordialement le peuple moldave tout entier et je forme des vœux fervents pour que, grâce à ses efforts de solidarité et de concorde entre toutes les composantes de la nation, il trouve les chemins d’un véritable épanouissement humain et spirituel.
2. Je vous remercie pour la présentation de la situation de votre pays, indépendant depuis 1991, qui s’efforce de trouver sa place dans l’Europe et dans le concert des nations.
Après la tragique expérience des deux guerres mondiales au cours du siècle qui vient de s’achever, le millénaire qui commence n’a pu éviter ni le déchaînement du terrorisme ni le recours à la guerre. Comme je l’ai rappelé dans mon Message pour la Journée mondiale de la paix 2003, à l’occasion du quarantième anniversaire de Pacem in terris, l’encyclique de mon bienheureux prédécesseur le Pape Jean XXIII, la construction de la paix est une œuvre de longue haleine, jamais achevée, qui s’appuie sur «les quatre exigences précises de l’esprit humain : la vérité, la justice, l’amour et la liberté» (n. 3). C’est pourquoi elle doit mobiliser les énergies des responsables politiques des nations, pour lutter contre le terrorisme et sa violence aveugle, pour dénoncer le commerce des armes et la compétition militaire entre les États, mais aussi pour encourager à la réconciliation entre les peuples partout où il y a des foyers de tension. «La négociation honnête, patiente et respectueuse des droits et des aspirations des parties en présence peut ouvrir la voie à une résolution pacifique des situations les plus complexes» (Message à l’occasion du cinquantième anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale en Europe, n. 9); elle est toujours préférable à la guerre et à tous les maux qu’elle engendre, comme on le voit trop souvent.
En union avec tous les partenaires de bonne volonté, le Saint-Siège entend apporter sa contribution en faveur de l’unité du Continent européen, pour que les peuples qui le composent se développent harmonieusement, dans la coopération et le respect mutuels, et qu’ils soient ouverts aux échanges avec les autres nations du monde, afin de faire bénéficier chacun des fruits de la paix et du développement.
3. Vous avez souligné, Monsieur l’Ambassadeur, l’attachement de votre nation aux valeurs européennes ainsi qu’à ses racines chrétiennes, et vous avez exprimé votre gratitude à l’Église catholique pour le soutien qu’elle apporte à la consolidation de la paix, en particulier pour son aide en vue de la résolution pacifique des conflits et pour son action en faveur des droits humains. Je suis sensible à cette attention.
L’Église fonde son engagement en faveur de l’homme et de sa dignité sur la Révélation dont elle est dépositaire : la tradition biblique enseigne en effet que l’homme est créé à l’image de Dieu, animé du souffle divin et capable, malgré la blessure du péché, d’agir librement en vue du bien (cf. Gaudium et Spes, n. 17). C’est à la lumière de cette conviction de foi, et aussi avec la sagesse de l’expérience qui vient des leçons de l’histoire, que l’Église a appris à considérer la vie humaine «comme la réalité la plus sacrée et la plus intangible qui est présente sur la scène du monde» (Message pour la Journée mondiale de la Paix, 1er janvier 2001, n. 19). Notre devoir est de la défendre et de la respecter. Aussi, au début de ce nouveau millénaire, l’Église catholique entend-elle encourager les hommes à construire une civilisation de l’amour, qui privilégie les valeurs de la rencontre entre les personnes et entre les cultures, ainsi que le dialogue entre les protagonistes de la société civile.
Pour édifier une société vraiment humaine, qui honore la dignité de chacun et qui permet un authentique dialogue entre toutes ses composantes, il est nécessaire de donner une formation aux citoyens, en particulier aux jeunes. C’est l’éducation qui leur permettra d’acquérir un véritable humanisme, ouvert à la dimension éthique et religieuse, à une juste conception de la démocratie et des droits humains, à la connaissance et à l’estime des cultures et des valeurs spirituelles des diverses civilisations. Je forme le vœu que les responsables des nations et les personnes qui participent à cette noble mission éducative soient pénétrés d’un esprit de service de l’homme.
4. Monsieur l’Ambassadeur, en cette circonstance solennelle, je suis heureux de saluer à travers votre personne les membres de la communauté catholique de Moldavie. Unie autour de son Évêque et des prêtres qui sont à son service, elle montre un vrai dynamisme et je sais qu’elle entretient des relations fraternelles avec les membres des autres Églises et communautés ecclésiales. Qu’elle garde vif le désir de l’unité entre les chrétiens et qu’elle y contribue par ses initiatives ! La communauté catholique entretient également de bonnes relations avec les Autorités civiles et je m’en réjouis; je souhaite que, par leur participation active à la vie du pays et par leur solidarité avec les plus pauvres, les catholiques éprouvent toujours davantage la joie de servir et de partager, coopérant ainsi au développement humain et spirituel de leur pays.
5. Au moment où vous inaugurez votre mission auprès du Saint-Siège, je vous offre mes vœux fervents pour l’accomplissement de votre mission. Je tiens à vous assurer du soutien cordial et attentif que vous trouverez toujours ici, auprès de mes collaborateurs.
Sur votre Excellence et sur sa famille, ainsi que sur le peuple moldave et sur ses dirigeants, j’invoque de grand cœur l’abondance des Bénédictions divines.