CITE DU VATICAN, Dimanche 27 avril 2003 (ZENIT.org) – Sous le titre: « La victoire définitive du Christ sur la violence, la haine, la mort et le sang », L’Osservatore Romano en français du mardi de Pâques, 22 avril, publie cette traduction intégrale de l’allocution de Jean-Paul II en italien lors de l’audience du Mercredi Saint,16 avril.
1. C’est demain après-midi, lors de la Messe in Cena Domini, que commence le Triduum pascal, centre de toute l’année liturgique.
L’Eglise se recueille en silence
Au cours de ces journées, l’Eglise se recueille en silence, prie et médite le mystère de la passion, de la mort et de la résurrection du Seigneur.
En participant aux rites du Jeudi Saint, du Vendredi Saint et de la Veillée pascale, nous re-parcourrons les dernières heures de la vie terrestre de Jésus, au terme de laquelle resplendit la lumière de la Résurrection.
Dans le cantique que nous venons de proclamer, nous avons entendu que le Christ s’est fait « obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix! Aussi Dieu l’a-t-il exalté » (Ph 2, 8-9). Ces paroles résument le dessein mystérieux de Dieu, que nous revivrons les jours prochains, un mystère qui donne un sens et un accomplissement à l’histoire humaine.
Jeudi Saint: La Lettre encyclique Ecclesia de Eucharistia
2. Alors que la Messe chrismale, qui est normalement célébrée le matin du Jeudi Saint, met particulièrement en évidence le Sacerdoce ministériel, les rites de la Messe in Cena Domini constituent une invitation pressante à contempler l’Eucharistie, mystère central de la foi et de la vie chrétienne. C’est précisément pour souligner l’importance de ce Sacrement, que j’ai voulu écrire la Lettre encyclique Ecclesia de Eucharistia, que j’aurai la joie de signer au cours de la Messe in Cena Domini. Dans ce texte, j’entends remettre à chaque croyant une réflexion organique sur le Sacrifice eucharistique, qui contient tout le bien spirituel de l’Eglise.
Dans le Cénacle, en même temps que l’Eucharistie, le Seigneur a institué le Sacerdoce ministériel, afin que soit toujours rendu présent au cours des siècles son unique Sacrifice: « Faites cela en mémoire de moi » (Lc 22, 19). Il nous a ensuite laissé le commandement nouveau de l’amour fraternel. A travers le lavement des pieds, il a enseigné aux disciples que l’amour doit se traduire en service humble et désintéressé envers le prochain.
Vendredi Saint: de la Croix naît une vie nouvelle
3. Le Vendredi Saint, journée de pénitence et de jeûne, nous ferons mémoire de la passion et de la mort de Jésus, en demeurant prosternés dans l’adoration de la Croix. « Ecce lignum Crucis, in quo salus mundi pependit – voici le bois de la Croix, sur lequel fut accroché Celui qui est le salut du monde ». Le Fils de Dieu, sur le Calvaire, a pris sur lui le poids de nos péchés, s’offrant au Père en victime expiatoire. De la Croix, source de notre salut, naît la vie nouvelle des fils de Dieu.
Samedi Saint: un silence chargé d’attente et d’espérance
Au drame du Vendredi succède le silence du Samedi Saint, une journée chargée d’attente et d’espérance. Avec Marie, la Communauté chrétienne veille en prière à côté du sépulcre, en attendant que s’accomplisse l’événement glorieux de la Résurrection.
Au cours de la Nuit Sainte de Pâques tout se renouvelle dans le Christ ressuscité. De chaque lieu de la terre s’élèvera vers le ciel le chant du Gloria et de l’Alléluia, alors que la lumière brisera les ténèbres de la nuit. Le Dimanche de Pâques, nous nous réjouirons avec le Ressuscité en accueillant son vœu de paix.
La Passion du Christ se poursuit dans les événements dramatiques de notre existence
4. Très chers frères et sœurs, préparons-nous à célébrer dignement ces jours saints, et à contempler l’œuvre merveilleuse accomplie par Dieu dans l’humiliation et dans l’exaltation du Christ (cf. Ph 2, 6-11).
Faire mémoire de ce mystère central de la foi comporte également l’engagement de le rendre présent dans la réalité concrète de notre existence. Cela signifie reconnaître que la passion du Christ se poursuit dans les événements dramatiques qui, malheureusement, à notre époque également frappent tant d’hommes et de femmes dans toutes les parties du monde.
Le mystère de la Croix et de la résurrection nous assure cependant que la haine, la violence, le sang et la mort n’ont pas le dernier mot dans l’existence humaine. La victoire définitive est celle du Christ et c’est de Lui que nous devons repartir, si nous voulons construire pour tous un avenir de paix authentique, de justice et de solidarité.
Que la Vierge, qui participe intimement au dessein salvifique, nous accompagne sur le chemin de la passion et de la croix jusqu’au sépulcre vide, pour rencontrer son Fils Divin ressuscité. En nous laissant guider par Elle, entrons dans l’atmosphère spirituelle du Saint Triduum.
Avec ces sentiments, je souhaite de tout cœur à tous une sereine et sainte Pâque.
© L’Osservatore Romano