CITE DU VATICAN, Dimanche 20 avril 2003 (ZENIT.org) – Paix en Iraq, paix en Terre Sainte, Paix en Afrique, dans le Caucase, en Asie, en Amérique latine! « Que se rompe cette chaîne de la haine. Qu’elle se rompe!!! » Tel est le Message de Pâques du pape Jean-Paul II, lancé d’une voix forte et insistante, suppliante et autoritaire à la fois comme un exorcisme lancé contre toutes les sources de la violence.
« Paix à vous », la première salutation du Ressuscité, répété aujourd’hui au monde entier, rappelait le pape. Le « message consolant » de Pâques, « spécialement pour les petits et les pauvres », c’est « l’espérance de la paix, de la paix véritable fondée sur les solides piliers de l’amour, de la justice, de la vérité, de la liberté », affirmait Jean-Paul II depuis le parvis de la basilique Saint-Pierre où il venait de célébrer la messe du dimanche de Pâques sous la pluie.
Jean-Paul II a transmis au monde le message du bienheureux pape Jean XXIII, celui de Pacem in Terris, en soulignant son « actualité ». D’une voix forte, en haussant le ton, le pape s’est écrié: « Paix en Iraq », salué par les applaudissements.
« Avec le soutien de la Communauté internationale, puissent les Iraquiens devenir les acteurs d’une reconstruction solidaire de leur pays ! » insistait Jean-Paul II. Applaudissements.
Avec émotion, le pape poursuivait: « Paix dans les autres régions du monde, où les guerres oubliées et les conflits larvés provoquent des morts et des blessés dans le silence et l’oubli d’une part importante de l’opinion publique ! Avec une peine profonde, je pense à la succession de violence et de sang qui ne semble pas devoir finir en Terre Sainte. Je pense à la situation tragique de nombreux pays du Continent africain, qui ne peut pas être abandonné à lui-même. Je n’oublie pas les foyers de tension et les attentats contre la liberté de l’homme, dans le Causase, en Asie et en Amérique latine, ces régions du monde qui me sont également chères ».
Comme pour prononcer un solennel exorcisme pascal, le pape disait d’une voix forte: » Que se brise la chaîne de la haine, qui menace le développement ordonné de la famille humaine! »
Il insistait sur le dialogue entre les religions comme moyen de propager la paix: « Puisse Dieu nous permettre d’être libérés du danger de l’affrontement dramatique entre cultures et religions, que de récents événements risquent malheureusement de déclencher ! » Que la foi et l’amour envers Dieu rendent les croyants de toutes les religions, artisans courageux de compréhension et de pardon, capables de tisser patiemment un fructueux dialogue interreligieux, qui donnera naissance à une ère nouvelle de justice et de paix ! »
« Si Lui est avec nous, pourquoi avoir peur ? », interrogeait le pape en désignant le Ressuscité, lui qui a commencé son pontificat en prononçant le fameux: « Nayez pas peur! » Nouveaux applaudissements.
En montant d’un ton, le pape affirmait l’espérance des peuples. « Si obscur que puisse apparaître l’avenir de l’humanité, nous célébrons aujourd’hui le triomphe éclatant de la joie pascale. Si un vent contraire fait obstacle à la marche des peuples, si la mer de l’histoire devient houleuse, que personne ne cède à la frayeur ou au découragement ! Le Christ est ressuscité; le Christ est vivant au milieu de nous; réellement présent dans le sacrement de l’Eucharistie, Il s’offre dans le Pain du salut, le Pain des pauvres, la Nourriture des pèlerins ».
Puis, comme en méditation profonde, il contemplait le Christ, lui parlait: « Ô divine présence de l’amour », le Christ, « viatique » et « gage » de vie éternelle. La foule répondait en applaudissant.
Puis il évoquait Marie, « premier tabernacle de l »histoire », comme il l’a dit récemment dans son encyclique. « Aujourd’hui, le Seigneur est ressuscité du tombeau, il est ressuscité celui qui pour nous a été pendu à la croix, il est ressuscité, le Christ notre Paix. Il est ressuscité, Alléluia! » Cris et applaudissements, l’enthousiasme grave du pape entraînait les fidèles.
Puis il adressait ses voeux de Pâques dans 58 langues, des cinq continents, des salutations scandées par des applaudissements. Jean-Paul II n’hésitait pas à s’arrêter et écouter, attentif, lorsque les jeunes l’interrompaient, en particulier pendant sa salutation en allemand. Au salut des jeunes espagnols: « Juan Pablo segundo te quiere todo el mundo » (Jean-Paul II, le monde entier t’aime), il répondait en espagnol avec humour : « Puede ser… » (Peut être…). Les Philippins présents place Saint-Pierre se manifestaient presque autant que les Espagnols, mais moins que les Polonais, qui emportaient ce concours des manifestations de joie pascale.
En français, Jean-Paul II disait: « Le Christ est ressuscité. Sainte fête de Pâques ! Que pour vous ce mystère soit source de bonheur et de paix profonde ! »
Et pour la première fois en 25 ans, le pape chantait finalement ses voeux en latin, avant de concéder à tous les fidèles présents où à l’écoute par la radio où à la télévision, l’indulgence plénière « aux conditions habituelles établies par l’Eglise ». En tout, le pape était été interrompu 13 fois, par l’enthousiasme et l’affection des fidèles présents.
Sur le parvis de la basilique, le jardin de Pâques, ou plutôt dix jardins, préparés pour la 18e fois par une entreprise hollandaise, colorait, parfumait et réjouissait la liturgie: jacinthes, narcisse, pensées, azalées, gerberas, rhododendrons, genêts, cythises, cerisiers japonais, tulipes,… autant d’évocations du jardin biblique des origines et du jardin où la première des Apôtres, Madeleine, rencontre le Christ ressuscité. La volée d’escaliers, l’autel et le balcon se paraient aux couleurs du pape, de jaune et de blanc.
Le dernier mot était laissé aux hymnes du Vatican et de l’Italie sonnés réciproquement par les fanfares de la Garde Suisse et d’un bataillon des différentes armes de l’armée italienne, tandis que le pape souriant saluait l’assemblée.