CITE DU VATICAN, Vendredi 18 avril 2003 (ZENIT.org) – Jean-Paul II a évoqué Jérusalem, comme « ville-symbole de l’humanité en ce début dramatique du IIIe millénaire », au cours de la messe des Rameaux, comme le rappelle le titre de L’Osservatore Romano en langue française (cf. http://www.vatican.va).
Dans la matinée du dimanche 13 avril 2003, Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur et XVIII Journée mondiale de la Jeunesse, le Pape Jean-Paul II a présidé une concélébration eucharistique sur la Place Saint-Pierre. Au terme de la Messe, avant la prière de l’Angelus, les jeunes de Toronto ont remis la Croix de la Journée mondiale de la Jeunesse aux jeunes de Cologne, qui ont également reçu du Pape l’icône de Marie « Salus Populi Romani ». Le prochain rassemblement international aura lieu, en effet, en 2005 dans la ville allemande de Cologne. Au cours de la Messe, le Saint-Père a prononcé l’homélie suivante:
1. « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! » (Mc 11, 9).
La liturgie du Dimanche des Rameaux est comme une porte d’entrée solennelle dans la Semaine Sainte. Elle associe deux moments opposés entre eux: l’accueil de Jésus à Jérusalem et le drame de la Passion: « l' »Hosanna » joyeux et le cri plusieurs fois répété: « Crucifie-le! »; l’entrée triomphale et la défaite apparente de la mort sur la Croix. Elle anticipe ainsi l' »heure » où le Messie devra beaucoup souffrir, sera tué et ressuscitera le troisième jour (cf. Mt 16, 21), et elle nous prépare à vivre en plénitude le mystère pascal.
2. « Crie de joie, fille de Jérusalem / Voici que ton roi vient à toi » (Zc 9, 9). En accueillant Jésus, la Cité dans laquelle vit la mémoire de David se réjouit; la Cité des prophètes, dont un grand nombre subirent le martyre pour la vérité; la Cité de la paix, qui au cours des siècles a connu la violence, la guerre, la déportation.
D’une certaine façon, Jérusalem peut être considérée comme la Ville-symbole de l’humanité, en particulier en ce dramatique début de troisième millénaire que nous vivons. C’est pourquoi les rites du Dimanche des Rameaux acquièrent une éloquence particulière. Les paroles du prophète Zacharie retentissent de façon réconfortante: « Exulte avec force, fille de Sion! / Crie de joie, fille de Jérusalem! / Voici que ton roi vient à toi: / Il est juste et victorieux, / humble, monté sur un âne / … l’arc de guerre sera retranché. / Il annoncera la paix aux nations » (9, 9-10). Aujourd’hui nous sommes en liesse, car Jésus, le Roi de la Paix, entre à Jérusalem.
3. Alors, le long de la descente du mont des Oliviers, les enfants et les jeunes de Jérusalem accoururent à la rencontre du Christ, en l’acclamant et en agitant joyeusement des rameaux d’olivier et des palmes.
Aujourd’hui, ce sont les jeunes du monde entier qui l’accueillent, célébrant dans chaque communauté diocésaine la dix-huitième Journée mondiale de la Jeunesse.
Je vous salue avec une grande affection, chers jeunes de Rome, et vous aussi, qui êtes venus en pèlerinage de divers pays. Je salue les nombreux responsables de la pastorale des jeunes, qui participent au Congrès sur les Journées mondiales de la Jeunesse, organisé par le Conseil pontifical pour les Laïcs. Et comment ne pas exprimer une solidarité fraternelle aux jeunes de votre âge éprouvés par la guerre et la violence en Irak, en Terre Sainte et dans diverses autres régions du monde?
Aujourd’hui, nous accueillons avec foi et exultation le Christ, qui est notre « roi »: roi de vérité, de liberté, de justice et d’amour. Tels sont les quatre « piliers » sur lesquels il est possible de construire l’édifice de la paix véritable, comme l’écrivait il y a quarante ans dans l’Encyclique Pacem in terris le bienheureux Pape Jean XXIII. Je vous remets en esprit, jeunes du monde entier, ce Document historique, plus que jamais actuel: lisez-le, méditez-le, efforcez-vous de le mettre en pratique. Vous serez alors « bienheureux », car authentiques fils du Dieu de la paix (cf. Mt 5, 9).
4. La paix est un don du Christ, qui nous a été obtenu à travers le sacrifice de la Croix. Pour l’obtenir de façon efficace, il est nécessaire de monter avec le divin Maître jusqu’au Calvaire. Et qui, mieux que Marie, peut nous guider dans cette ascension, elle qui précisément sous la Croix nous a été donnée pour Mère à travers l’apôtre fidèle saint Jean? Afin d’aider les jeunes à découvrir cette merveilleuse réalité spirituelle, j’ai choisi comme thème du Message pour la Journée mondiale de la Jeunesse de cette année, les paroles du Christ mourant: « Voici ta mère! » (Jn 19, 27). En acceptant ce testament d’amour, Jean ouvrit sa maison à Marie (cf. Jn 19, 27), c’est-à-dire qu’il l’accueillit dans sa vie, partageant avec Elle une proximité spirituelle entièrement nouvelle. Le lien intime avec la Mère du Seigneur conduira le « disciple bien-aimé » à devenir l’apôtre de cet Amour qu’il avait puisé au Coeur du Christ à travers le Coeur immaculé de Marie.
5. « Voici ta Mère! » Jésus adresse ces paroles à chacun de vous, chers amis. A vous aussi, il demande de prendre Marie comme Mère « dans votre maison », de l’accueillir « parmi vos biens », car « c’est Elle qui, en accomplissant son ministère maternel, vous éduque et vous modèle jusqu’à ce que le Christ soit formé pleinement en vous » (Message, n. 3; cf. ORLF n. 11 du 18 mars 2003). Que Marie fasse en sorte que vous répondiez généreusement à l’appel du Seigneur, et que vous persévériez avec joie et fidélité dans la mission chrétienne!
Au cours des siècles, de nombreux jeunes ont entendu cette invitation et nombreux sont ceux qui continuent à le faire également à notre époque. Jeunes du troisième millénaire, n’ayez pas peur d’offrir votre vie comme réponse totale au Christ! Lui, Lui seul change la vie et l’histoire du monde.
6. « Vraiment cet homme était Fils de Dieu! » (Mc 15, 39). Nous avons à nouveau écouté la claire profession de foi, exprimée par le centurion, « voyant qu’il avait ainsi expiré » (ibid.). C’est de ce qu’il a vu, que naît le surprenant témoignage du soldat romain, le premier à proclamer que cet homme crucifié « était Fils de Dieu ».
Seigneur Jésus, nous aussi nous avons « vu » comment tu as souffert et comment tu es mort pour nous. Fidèle jusqu’au bout, tu nous a arrachés à la mort par ta mort. Avec ta Croix, tu nous a rachetés.
Toi, Marie, Mère qui souffres, tu es le témoin silencieux de ces instants décisifs pour l’histoire du salut.
Donne-nous tes yeux pour reconnaître sur le visage du Crucifié, défiguré par la douleur, l’image du Ressuscité glorieux.
Aide-nous à l’embrasser et à avoir confiance en Lui, afin de devenir dignes de ses promesses.
Aide-nous à lui être fidèles aujourd’hui et tout au long de notre vie.
Amen!
(©L’Osservatore Romano – 15 avril 2003)