CITE DU VATICAN, Mardi 15 avril 2003 (ZENIT.org) – L’élection de l’évêque catholique « officiel » de Pékin à la vice-présidence du Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire est diversement appréciée, selon « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (eglasie.mepasie.org), dans son bulletin n° 373.
A l’issue de la dernière session de l’Assemblée nationale populaire (ANP), qui s’est tenue à Pékin du 5 au 18 mars dernier, Mgr Michael Fu Tieshan, évêque « officiel » du diocèse catholique de Pékin, a été élu pour être l’un des quinze vice-présidents du Comité permanent de l’ANP. Agé de 62 ans, Mgr Michael Fu, qui est par ailleurs président de l’Association patriotique des catholiques chinois et vice-président de la Conférence épiscopale « officielle », assistera désormais le président de l’ANP dans son travail quotidien. Premier catholique à occuper une telle fonction en Chine populaire, il occupe un poste dont le mandat est de cinq ans, renouvelable une fois. Que ce soit à l’intérieur ou en-dehors de la Chine continentale, l’élection de l’évêque « officiel » a été diversement appréciée.
Du côté de l’Association patriotique des catholiques chinois, Anthony Liu Bainian, vice-président de cette institution souvent présentée comme étant la courroie de transmission du pouvoir chinois dans la partie « officielle » de l’Eglise catholique de Chine, a déclaré, le 26 mars dernier, que cette élection reflétait la confiance du peuple chinois dans l’Eglise catholique et était une manifestation de la politique de liberté religieuse suivie par le gouvernement chinois. Il a ajouté qu’elle contribuerait à la visibilité de l’Eglise en Chine, participant ainsi à l’évangélisation en réfutant l’idée que le catholicisme est une religion étrangère. « C’est une décision divine », s’est-il même exclamé.
Pour Mgr Li Jiantang, évêque « officiel » de Taiyuan, diocèse du Shanxi, l’élection de Mgr Michael Fu peut se révéler favorable au développement de l’Eglise dans le pays mais elle comporte aussi le risque de voir la personne de l’évêque de Pékin trop étroitement liée au régime. Pour un prêtre de la partie « clandestine » de l’Eglise dans la province de l’Anhui, les fidèles craignent l’utilisation que Mgr Michael Fu pourrait faire de son nouveau statut pour réprimer les catholiques qui refusent l’affiliation à l’Association patriotique. Dans le Hebei, un diacre « clandestin » a évoqué les récentes critiques de Mgr Michael Fu à l’adresse de l’évêque de Hongkong, l’évêque de Pékin ayant conseillé à son homologue de Hongkong de ne pas se mêler de politique et de « rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (1). Pour ce diacre, le problème est que « nous ne savons pas si Mgr Fu est du côté de Dieu ou du côté de César ».
A Hongkong, selon Kwun Ping-hung, spécialiste de l’Eglise catholique de Chine, l’élection de Mgr Michael Fu souligne son importance au sein de l’Eglise et, ce faisant, peut gêner à court terme une éventuelle évolution des rapports entre le Vatican et la Chine populaire ; mais elle « laisse une certaine latitude aux deux parties pour parvenir à un accord sur certains points », dans l’hypothèse où le dialogue reprendrait. Etant donné que l’Eglise ne considère pas favorablement l’engagement direct de son clergé en politique, l’élection de Mgr Michael Fu au Comité permanent de l’ANP pourrait être le prélude à une « érosion du statut religieux de Mgr Fu » au cas où les relations entre le Vatican et Pékin s’améliorent.
Avant Mgr Michael Fu, seules deux personnalités religieuses ont occupé un poste de vice-président de l’ANP : le panchen lama Erdeni Chosgyi Gyantsen, décédé en 1993, et l’actuel dalaï lama, qui a occupé un tel poste de 1954 à 1959, date de son exil en Inde. Selon Anthony Liu Bainian, l’élection de Mgr Fu et celles des deux responsables bouddhistes ne sont pas exactement comparables étant donné que les deux lamas peuvent être autant considérés comme des personnalités religieuses que des représentants de la minorité tibétaine. Plus récemment, l’évêque protestant, Mgr Ding Guangxun (K.H. Ting), a siégé au Comité permanent de l’ANP mais seulement en tant que membre et non en tant que vice-président. Et le moine Zhao Puchu, responsable bouddhiste aujourd’hui décédé, s’il a été un temps vice-président de la Conférence consultative politique du peuple chinois, n’était que simple député à l’ANP.
(1) Voir EDA 371
© Eglises d’Asie