Is 42: Hymne au Seigneur victorieux et sauveur

Audience du 2 avril

Share this Entry

CITE DU VATICAN, Mercredi 9 avril 2003 (ZENIT.org) – « Hymne au Seigneur victorieux et sauveur » , c’est le titre donné par l’Osservatore Romano en langue française au commentaire du cantique d’Is 42 donné par Jean-Paul II lors de l’audience de mercredi dernier 2 avril. Voici la traduction intégrale de l’allocution de Jean-Paul II en italien (cf. www.vatican.va).

Lecture: Is 42, 10, 10.15-16

1. Dans le livre qui porte le nom du prophète Isaïe, les chercheurs ont identifié la présence de plusieurs voix, toutes placées sous le nom du grand prophète qui vécut au VIII siècle av. J.-C. C’est le cas du puissant hymne de joie et de victoire qui vient d’être proclamé comme une partie de la Liturgie des Laudes de la quatrième semaine. Les exégètes l’attribuent à celui que l’on appelle le Second Isaïe, un prophète qui vécut au VI siècle av. J.-C., au temps du retour des juifs de l’exil de Babylone. L’hymne s’ouvre par un appel à « chanter à Yahvé un chant nouveau » (cf. Is 42, 10), précisément comme c’est le cas dans d’autres Psaumes (cf. 95, 1 et 97, 1).

La « nouveauté » du chant auquel invite le prophète fait certainement référence à l’ouverture des horizons de liberté, qui constituent un changement radical dans l’histoire d’un peuple qui a connu l’oppression et le séjour en terre étrangère (cf. Ps 136).

2. Dans la Bible, la « nouveauté » a souvent la saveur d’une réalité parfaite et définitive. C’est presque le signe de la naissance d’une ère de plénitude salvifique qui scelle l’histoire tourmentée de l’humanité. Le Cantique d’Isaïe possède ce ton élevé, qui s’adapte bien à la prière chrétienne.

C’est le monde dans son ensemble, incluant la terre, la mer, les îles, les déserts et les villes (cf. Is 42, 10-12), qui est invité à élever au Seigneur un « chant nouveau ». Tout l’espace y participe, dans ses limites horizontales les plus extrêmes, qui comprennent également l’inconnu, et dans sa dimension verticale, qui part de la plaine désertique, où se trouvent les tribus nomades de Qédar (cf. Is 21, 16-17), et qui s’élève jusqu’aux montagnes. Sur ces hauteurs, on peut placer la ville de Sela, que beaucoup identifient avec Petra, sur le territoire des Edomites, une ville située entre des pics rocheux.
Tous les habitants de la terre sont invités à former comme un immense chœur pour acclamer le Seigneur avec exultation et lui rendre gloire.

3. Après l’invitation solennelle au chant (cf. vv. 10-12), le prophète fait entrer le Seigneur en scène, représenté comme le Dieu de l’Exode, qui a libéré son peuple de l’esclavage égyptien: « Yahvé, comme un héros, s’avance » (v. 13). Il sème la terreur parmi ses adversaires, qui oppriment les autres et qui commettent des injustices.

Le cantique de Moïse dépeint lui aussi le Seigneur au cours de la traversée de la Mer Rouge comme un « guerrier » prêt à étendre sa droite puissante et à tailler en pièce l’ennemi (cf. Ex 15, 3-8). Avec le retour des juifs de la déportation de Babylone va s’accomplir un nouvel exode et les fidèles doivent être sûrs que l’histoire ne se trouve pas entre les mains du hasard, du chaos, ou des puissances de l’oppression: la dernière parole revient au Dieu juste et fort. Le Psalmiste chantait déjà: « Porte-nous secours dans l’oppression: néant, le salut de l’homme! » (Ps 59, 13).

4. Une fois entré en scène, le Seigneur parle et ses paroles véhémentes (cf. Is 42, 14-16) mêlent jugement et salut. Il commence par rappeler que « longtemps il s’est tu », c’est-à-dire qu’il n’est pas intervenu. Le silence divin est souvent un motif de perplexité pour le juste et même de scandale, comme l’atteste le long cri de Job (cf. Jb 3, 1-26).

Toutefois, il ne s’agit pas d’un silence qui indique une absence, comme si l’histoire était abandonnée aux mains des pervers et que le Seigneur restait indifférent et impassible. En réalité, ce silence débouche sur une réaction semblable au travail de la femme qui enfante, qui s’essouffle, soupire et hurle. C’est le jugement divin sur le mal, représenté par des images de sécheresse, de destruction, de désert (cf. v. 15), qui a pour objectif un résultat vivant et fécond.

En effet, le Seigneur fait naître un monde nouveau, une ère de liberté et de salut. A celui qui était aveugle les yeux sont ouverts, afin qu’il puisse jouir de la lumière qui resplendit. Le chemin se fait aisé et l’espérance fleurit (cf. v. 16), permettant de continuer à avoir confiance en Dieu et dans son avenir de paix et de bonheur.

5. Chaque jour, le croyant doit savoir distinguer les signes de l’action divine, même lorsque celle-ci est cachée par l’écoulement, apparemment monotone et sans but, du temps. Comme l’écrivait un auteur chrétien moderne estimé, « la terre est envahie par une extase cosmique: il y a en elle une réalité et une présence éternelle qui, cependant, dort normalement sous le voile de l’habitude. La réalité éternelle doit à présent se révéler, comme une épiphanie de Dieu, à travers tout ce qui existe » (R. Guardini, Sagesse des Psaumes, Brescia 1976, p. 52).

Découvrir, avec les yeux de la foi, cette présence divine dans l’espace et dans le temps, mais également en nous-mêmes, est une source d’espérance et de confiance, même lorsque notre cœur est troublé et agité « comme les arbres de la forêt sous le vent » (Is 7, 2). En effet, le Seigneur entre en scène pour diriger et juger « le monde en justice et les peuples en sa vérité » (Ps 95, 13).

© L’Osservatore Romano

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel