Ps 89: "La bonté du Seigneur soit avec nous"

Audience du 26 mars

Share this Entry

CITE DU VATICAN, Vendredi 4 avril 2003 (ZENIT.org) – « La bonté du Seigneur soit avec nous », sous ce titre, L’Osservatore Romano en langue française du 1er avril présente sa traduction de l’italien de l’allocution de Jean-Paul II lors de l’audience générale du 26 mars.

Le pape commentait le Ps 89, dans le cadre de sa série de catéchèses liturgiques.

1. Les versets qui viennent de retentir à nos oreilles et dans nos coeurs constituent une méditation sapientielle, qui possède cependant également le ton d’une supplication. L’orant du Psaume 89 place, en effet, au centre de sa prière l’un des thèmes les plus explorés de la philosophie, les plus chantés de la poésie, les plus ressentis par l’expérience de l’humanité de tous les temps et de toutes les régions de notre planète: la caducité humaine et l’écoulement du temps.
Nous pensons à certaines pages inoubliables du Livre de Job, dans lesquelles notre fragilité est placée au premier plan. En effet, nous sommes comme « des hôtes de ces maisons d’argile, posées elles-mêmes sur la poussière. On les écrase comme une mite; un jour suffit à les pulvériser. A jamais ils disparaissent, car nul ne les ramène » (Jb 4, 19-20). Notre vie sur la terre passe « comme une ombre » (cf. Jb 8, 9). Job confesse encore: « Mes jours passent, plus rapides qu’un coureur ils s’enfuient sans voir le bonheur. Ils glissent comme des nacelles de jonc, comme un aigle fond sur sa proie » (Jb 9, 25-26).

2. Au début de son chant, qui est semblable à une élégie (cf. Ps 89, 2-6), le Psalmiste oppose avec insistance l’éternité de Dieu au temps éphémère de l’homme. Voilà la déclaration la plus explicite: « Car mille ans sont à tes yeux comme le jour d’hier qui passe, comme une veille dans la nuit » (v. 4).
En conséquence du péché originel, l’homme, sur un ordre divin, retourne à la poussière dont il a été tiré, comme on l’affirme déjà dans le récit de la Genèse: « Car tu es glaise et tu retourneras à la glaise » (3, 19; cf. 2, 7). Le Créateur, qui modèle dans toute sa beauté et sa complexité la créature humaine, est également celui qui « fait revenir le mortel à la poussière » (Ps 89, 3). Et la « poussière » dans le langage biblique est également l’expression symbolique de la mort, des enfers, du silence sépulcral.

3. Dans cette supplication, le sentiment des limites humaines est très fort. Notre existence a la fragilité de l’herbe née à l’aube; elle perçoit immédiatement le sifflement de la faux qui la transforme en un tas de foin. Bien vite, la fraîcheur de la vie laisse place à la sécheresse de la mort (cf. vv. 5-6; cf. Is 40, 6-7; Jb 14, 1-2; Ps 102, 14-16).
Comme il arrive souvent dans l’Ancien Testament, le Psalmiste associe le péché à cette faiblesse radicale: en nous existe un caractère limité, mais également la faute. C’est pourquoi la colère et le jugement du Seigneur semblent aussi peser sur notre existence: « Par ta colère, nous sommes consumés, par ta fureur, épouvantés. Tu as mis nos torts devant toi […] Sous ton courroux tous nos jours déclinent » (Ps 89, 7-9).

4. A l’aube du nouveau jour, la Liturgie des Laudes nous détourne, avec ce Psaume, de nos illusions et de notre orgueil. La vie humaine est limitée – « la vie de nos années, quelque soixante-dix ans, quatre-vingt, si la vigueur y est » – affirme l’orant. En outre, la fuite des heures, des jours et des mois est rythmée par « peines et mécomptes » (cf. v. 10) et ces années elles-mêmes se révèlent semblable à « un soupir » (cf. v. 9).
Voilà alors la grande leçon: le Seigneur nous enseigne à « compter nos jours » car, en les acceptant avec un sain réalisme, « nous viendrons de coeur à la sagesse » (cf. v. 12). Mais l’orant demande quelque chose de plus à Dieu: que sa grâce soutienne et réjouisse nos jours, si peu nombreux et marqués par l’épreuve. Qu’il nous fasse goûter la saveur de l’espérance, même si la vague du temps semble nous emporter au loin. Seule la grâce du Seigneur peut conférer consistance et pérennité à nos actions quotidiennes: « La douceur du Seigneur soit sur nous! Confirme l’ouvrage de nos mains! » (v. 17).
Par la prière, nous demandons à Dieu qu’un reflet de l’éternité pénètre dans notre brève existence et dans notre action. Avec la présence de la grâce divine en nous, une lumière brillera sur la fuite des jours, la misère deviendra gloire, ce qui paraît privé de sens acquerra une signification.

5. Nous concluons notre réflexion sur le Psaume 89 en laissant la parole à l’antique tradition chrétienne, qui commente le Psautier en gardant en arrière-plan la figure glorieuse du Christ. Ainsi, pour l’auteur chrétien Origène, dans son Traité sur les Psaumes, qui nous est parvenu dans la traduction latine de saint Jérôme, c’est la résurrection du Christ qui nous donne la possibilité, entrevue par le Psalmiste, d' »exulter et de nous réjouir tous les jours » (cf. v. 14). Et cela parce que la Pâque du Christ est la source de notre vie après la mort: « Après nous être réjouis de la résurrection de notre Seigneur, à travers laquelle nous croyons désormais avoir été rachetés et pouvoir ressusciter nous aussi un jour, nous passons à présent les jours de notre vie qui nous restent dans la joie, nous exultons de cette confiance et, à travers des hymnes et des cantiques spirituels, nous louons Dieu à travers Jésus-Christ notre Seigneur » (Origène – Jérôme, 74 homélies sur le livre des Psaumes, Milan 1993, p. 652).
© L’Osservatore Romano

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel