Chemin de Croix au Colisée signé Wojtyla: "Le signe de contradiction"

« La terre est devenue un cimetière »

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CITE DU VATICAN, Jeudi 3 avril 2003 (ZENIT.org) – « Le signe de contradiction »: Les méditations du Chemin de Croix au Colisée seront cette année dues à la plume de Karol Wojtyla: ce sont les méditations proposées en 1976 au pape Paul VI et à la curie romaine lors de la retraite de carême qui seront proposées urbi et orbi lors de cette veillée retransmise par les télévisions et les radios du monde le 18 avril prochain vers 21 h.

Le Christ, « Prince de la Paix » est signe de contradiction. Jean-Paul II, « obéissant à la mission reçue du Christ, a cherché à conjurer l’éclatement de la guerre », il est signe de contradiction, explique en substance Mgr Piero Marini, maître des célébrations liturgiques pontificales, sur le site du Vatican (http://www.vatican.va/news_services/liturgy/documents/index_notifications_it.html). « Le Saint-Père, écrit Mgr Marini, a désiré proposer ces textes pour la veillée du Vendredi Saint au Colisée, sans modifications ».

« La terre est devenue un cimetière »
Mgr Marini souligne l’actualité dramatique de ce texte: « La terre est devenue un cimetière ». Il replace ce Chemin de Croix 2003, « signe de contradiction » dans le cadre de ce carême marqué par la guerre et explique: « Tandis que le Saint-Père pensait au Chemin de Croix 2003, le monde était troublé par les nouvelles, devenues de plus en plus précises, de la menace imminente d’un conflit guerrier ».

« De nouveau, écrit le maître des célébrations pontificales, Jésus, le « Prince de la Paix » (Is 9, 5), devenait « signe de contradiction »: à son offrande d’amour, le monde a répondu par la haine, à sa lumière vivifiante, il oppose aux ténèbres homicides, à sa proposition de la vérité, et de la liberté, il préfère le mensonge et l’oppression. Le Saint-Père, obéissant à la mission reçue du Christ, a cherché à conjurer l’éclatement de la guerre, de sa voix forte et libre, par de multiples initiatives diplomatiques, surtout par le jeûne, la prière, et le recours confiant à la Vierge ».

« Mais l’avertissement angoissé du Saint-Père n’a pas été accueilli, constate Mgr Marini: le 20 mars, la guerre a éclaté, dévastatrice. Le texte de 1976 n’a pas été modifié. Il était, et il est tragiquement actuel: « La terre est devenue un cimetière. Autant d’hommes, autant de sépulcres. Une grande planète de tombes [ … ]. Parmi les tombes éparses sur les continents de notre planète il en est une dans laquelle le Fils de Dieu, l’homme Jésus Christ, a vaincu la mort par la mort. « Ô mort! J’étais ta mort! » (1ère antienne des laudes du Samedi Saint). Mais les nouvelles tombes non plus, toujours plus nombreuses, ouvertes par le conflit guerrier en cours, ne pourront tuer l’espérance ni empêcher la victoire du Christ sur la mort ».

Si le pape ne porte plus la croix pendant les différentes stations, comme lorsqu’il était dans la force de l’âge, cependant, en 25 ans de pontificat, souligne Mgr Marini, Jean-Paul II n’a jamais manqué le Chemin de Croix du Colisée, le Vendredi saint.

Le Chemin de Croix des Jubilés
Par le passé, le pape a lui-même composé les méditations de l’année sainte de la Rédemption, 1983-1984 – pour le 1950e anniversaire de la Mort et de la Résurrection du Christ -, et pour le Grand Jubilé de l’an 2000 – 2000e anniversaire de l’Incarnation et de la Naissance du Christ -.

En 1984, le pape écrivait que le texte du Chemin de Croix est une invitation adressée à tout homme pour qu’il « entre dans la profondeur du mystère de la Rédemption ». Les oraisons sont « très brèves », comme « d’intenses oraisons jaculatoires » pour exprimer ce paradoxe inouï: « le sommum de l’injustice, Jésus, le Juste, condamné à une mort infamante, devient pour nous source de vie et de grâce ».

En l’an 2000, continue Mgr Marini, « les oraisons sont plus amples, les références bibliques plus nombreuses, les oraisons plus articulées ». « Les méditations et les prières sont un commentaire pertinent de la « station » qui fait l’objet de la contemplation, mais la pensée du Saint-Père se tourne alors vers l’événement qui domine l’an 2000: la célébration du bimillénaire de la naissance du Christ. Jésus est né pour être l’Agneau sans tache qui sera immolé pour l’expiation de nos péchés (cf. 1Jn 2, 2; Rm 3, 25). Il est né pour être le Grand Prêtre qui offrira sur l’autel de la Croix le sacrifice rédempteur. Mais l’an 2000 est l’aube d’un nouveau millénaire c’est pourquoi Jean-Paul II tourne spontanément sa pensée également vers le troisième millénaire de l’ère chrétienne, à peine commencée. Lui aussi devra être marqué du « signe de l’amour sauveur de Dieu pour l’homme »: ainsi seulement, « en transmettant au nouveau millénaire le signe de la Croix, nous serons d’authentiques témoins de la rédemption ».

Ce chemin de croix est traversé, note encore Mgr Marini, « de souvenirs de la culture et de la piété populaire polonaise: citations de cantiques de carême, réflexion de penseurs, références à des images chères aux fidèles, dont la Tristesse Bienfaisante (Smetna Dobrodziejka) vénérée dans l’église des Franciscains de Cracovie. Et surtout, la mémoire de la Vierge des douleurs revient souvent, aux stations IV, VIII, XII, XIII et XIV ».

En cette année du 25e anniversaire du pontificat de Jean-Paul II, ce jubilé du pontificat « assume spontanément des connotations d’action de grâce à Dieu pour le don à l’Eglise du Pasteur Jean-Paul II, et de la supplication afin que le Seigneur le réconforte, le soutienne, l’éclaire dans sa sollicitude quotidienne et inlassable pour toutes les Eglises ».

Or, ces méditations n’ont pas été composées pour un « troisième jubilé » au sens « juridique », explique Mgr Marini, mais pour la retraite de carême au Vatican que le cardinal Karol Wojtyla, alors archevêque de Cracovie, a prêchée à la demande de Paul VI, en la capelle Mathilde, aujourd’hui la chapelle Redemptoris Mater du Vatican. Ce sont ces méditations qui ont été publiées sous le titre de « Le signe de contradiction ».

Une Nation qui ne dit « oui » qu’à Dieu, à l’Eglise, à Marie
Le cardinal Stefan Wyszynski, alors archevêque de Varsovie, primat de Pologne « et héroïque témoin de la foi », raconte dans la préface de la première édition, souligne Mgr Marini, que le cardinal Karol Wojtyla était réticent, mais qu’il a finalement accepté l’invitation de Paul VI, « en se confiant à la Vierge parce qu’il se sentait fils « de cette Nation qui a l’habitude de dire « oui » seulement à Dieu, à l’Eglise du Christ et à sa Mère ».

Mgr Marini rappelle que cette pratique de la Via Crucis s’inscrit dans la fidélité à une tradition polonaise que Jean-Paul II a connue dès l’enfance dans sa paroisse de Wadowice et dans les « choix pastoraux de la Pologne ». Dans ce « corps – cette terre – blessé, divisé, dépouillé par des puissances étrangères, s’est prolongé le mystère de la Passion du Christ ».

« On comprend donc, continue Mgr Marini, comment le pieux exercice du Chemin de Croix, qui avait déjà pris sa forme actuelle dans la première moitié du XVIIIe siècle et avait été approuvé par le Siège apostolique, s’est répandu rapidement en Pologne, en s’enracinant solidement dans l’humus de la piété populaire ».

Mgr Marini souligne d’autre part le lien particulier que Jean-Paul II voit entre « Jérusalem, la ville où Jésus, chargé de la Croix, a accompli la dernière étape de sa vie; Cracovie, autrefois son siège épiscopal, dont la cathédrale se dresse sur la colline de Wawel, cœur de la monarchie et de l’Eglise pendant de nombreux siècles, et comme un emblème de la Pologne glorieuse et déchirée ; et Rome, siège du Successeur de Pierre, auquel Jésus a confié la tâche d
e confirmer ses frères dans la foi (cf. Lc 22, 3l), de paître ses agneaux et ses brebis (cf. Jn 21, 15-17), et auquel il a adressé cette ultime, et péremptoire invitation: « Toi, suis-moi » (Jn 21, 22) ».

Marie ravive l’espérance de la Paix
Enfin, en cette année du rosaire (16 octobre 2002-19 octobre 2003), les prières de ce Chemin de Croix sont particulièrement adaptées parce qu’elle sont tout « imprégnées de la présence de Marie, la Reine de la Paix », souligne encore Mgr Marini.

Le pape dit en effet dans la prière initiale de ce Chemin de Croix, indique Mgr Marini: « La Sainte Vierge Marie et aussi avec nous. Elle était au sommet du Golgotha en tant que Mère de son Fils mourant, Disciple du Maître de vérité, nouvelle Eve près de l’Arbre de vie, Femme de douleur associée à « l’homme des douleurs qui connaît la souffrance » (Is 53, 3), Fille d’Adam, notre Sœur, Reine de la Paix. Mère de miséricorde, elle se penche vers ses enfants, encore exposés aux dangers et aux angoisses, pour voir leurs souffrances, entendre le gémissement qui s’élève de leur misère, pour apporter le réconfort et raviver l’espérance de la Paix ».

Les autres années, Jean-Paul II a confié la rédaction de ces méditations à des évêques d’Eglises particulièrement éprouvées, comme le cardinal Puljic, archevêque de Sarajevo, ou à des personnalités importantes des autres confessions chrétiennes, comme le défunt Catholicos arménien Karékine Ier, ou le théologien orthodoxe français Olivier Clément.

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ZENIT Staff

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