Savoir et sainteté, pour combattre la fausse sagesse

Rentrée des universités ecclésiastiques

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CITE DU VATICAN, Mercredi 30 octobre 2002 (ZENIT.org) – Jean-Paul II a recommandé l’équilibre entre le savoir de la foi et la sainteté de la vie pour combattre la fausse sagesse de notre époque, dans son homélie pour la messe du vendredi 25 octobre, en la basilique Saint-Pierre, à l’occasion du début de l’année académique des Universités ecclésiastiques romaines.

La concélébration était présidée par le Card. Zenon Grocholewski, préfet de la Congrégation pour l’Education catholique.

Voici la traduction de l’italien publiée par L’Osservatore Romano du 29 octobre:

– Homélie de Jean-Paul II –

1. « C’est la race de ceux qui recherchent ta face, Dieu » (cf. Ps 23, 6).
Les paroles que nous avons chantées comme refrain au Psaume responsorial revêtent une signification particulière aujourd’hui, dans cette Basilique. En effet, elle voit réunis les Recteurs, les professeurs et les étudiants des Universités ecclésiastiques romaines pour la traditionnelle célébration du début de la nouvelle Année académique.
J’adresse à tous un salut cordial. J’étends une pensée de gratitude particulière au Cardinal Zenon Grocholewski, qui préside la Célébration eucharistique, ainsi qu’à ses collaborateurs pour le travail quotidien qu’ils accomplissent au sein de la Congrégation pour l’Education catholique.

2. En tournant mon regard vers vous, très chers frères et soeurs, je pense avec reconnaissance: voilà, Seigneur, « c’est la race de ceux qui recherchent ta face ». En effet, qu’est-ce que l’étude de la théologie, sinon une façon particulière de rechercher la face de Dieu? Il en est de même pour l’engagement dans les autres sciences, enseignées dans vos Universités, qui n’est rien d’autre que de s’approcher de la réalité de l’homme, de l’Eglise, de l’histoire dans laquelle Dieu se révèle lui-même, ainsi que son mystère insondable de salut.

« A Yahvé sa terre et sa plénitude, le monde et tout son peuplement » (Ps 23, 1): quelle que soit la perspective sous laquelle il regarde la réalité, le croyant sait qu’il marche, pour ainsi dire, sur « une terre sainte » (cf. Ex 3, 5), car il n’est rien de positif, à l’intérieur ou à l’extérieur de l’homme, qui ne reflète de quelque façon la sagesse divine. « Yahvé, notre Seigneur, qu’il est puissant ton nom par toute la terre! » (Ps 8, 2.10).

3. Le passage évangélique qui vient d’être proclamé nous parle de deux degrés de « sagesse »: un premier dergé consiste dans la capacité de « discerner le visage de la terre et du ciel » (Lc 12, 56), c’est-à-dire de saisir des liens de cause à effet dans les phénomènes naturels. A un autre degré, plus profond, se situe au contraire la capacité à juger le « temps » dans lequel se développe l’histoire du salut, le temps où Dieu oeuvre et attend la collaboration de l’homme.
Dans la « plénitude du temps », rappelle saint Paul (Ga 4, 4), Dieu envoie son Fils unique. L’Evangéliste Jean observe toutefois qu’il « est venu chez lui et les siens ne l’ont pas accueilli » (Jn 1, 11). La présence du Verbe incarné confère au temps une qualité particulière: elle le rend « décisif » dans le sens où se décide en lui le destin éternel de chaque homme et de l’humanité tout entière. Au don suprême de Dieu correspond la responsabilité suprême de l’homme.

4. L’observation sévère adressée par le Christ à la foule s’applique bien à notre époque, dans laquelle l’humanité a développé une très grande capacité à analyser et à lire les phénomènes pour ainsi dire « en superficie », mais tend à éviter les interrogations les plus profondes sur les significations ultimes, sur le sens de la vie et de la mort, sur le bien et sur le mal dans l’histoire.

L’accusation cinglante « Hypocrites! » (Lc 12, 56), issue des lèvres de Jésus, dit clairement qu’il ne s’agit pas seulement ici de ne pas savoir juger ce qui est juste (cf. Lc 12, 57), mais également de ne pas vouloir l’accepter. L’hypocrisie consiste donc en une fausse sagesse, qui se complaît de nombreuses connaissances, mais qui se garde bien de se compromettre avec des questions délicates sur le plan religieux et moral.

5. La première lecture d’aujourd’hui, tirée de l’Epître de saint Paul aux Ephésiens, présente une admirable synthèse entre foi et vie, entre théologie et sagesse évangélique: il s’agit de la perspective de l’unité. Celle-ci se nourrit de certaines vertus que l’Apôtre énumère: humilité, douceur, patience, tolérance mutuelle dans la charité (cf. Ep 4, 2). L’exhortation morale de Paul est entièrement fondée sur la contemplation du mystère et sur sa traduction dans le comportement concret des membres de la communauté.

L’antidote contre l’hypocrisie est donc un mouvement circulaire constant entre ce que l’on sait et ce que l’on vit, entre le message de vérité reçu en don avec la vocation chrétienne et les comportements concrets personnels et communautaires. En d’autres termes, entre le savoir de la foi et la sainteté de la vie.

6. Ces réflexions, inspirées par la Parole de Dieu, interpellent en particulier ceux qui travaillent dans les Universités ecclésiastiques. Professeurs et étudiants sont appelés à exercer une attention constante pour interpréter les signes des temps en relation au Signe central de la Révélation divine, le Christ Seigneur. Et celles-ci sont plus particulièrement appelées à se placer de façon toujours renouvelée au service de l’unité de l’Eglise. Cette unité, ouverte de par sa nature sur la dimension catholique, trouve ici à Rome, le milieu idéal pour être crue, étudiée et servie.

Chers frères et soeurs, l’unité du Corps ecclésial se conserve et s’édifie au moyen du lien de la paix, dans la vérité et la charité (cf. Ep 4, 3). Il est donc nécessaire que vos Universités soient avant tout des lieux d’authentique sagesse chrétienne, dans lesquels chacun s’engage en personne à accomplir une synthèse cohérente entre foi et vie, entre les contenus étudiés et la conduite pratique.

Que les Saints soient en cela des maîtres pour vous, en particulier les Docteurs de l’Eglise et ceux qui ont consacré leur vie à l’étude et à l’enseignement. Ceux-ci sont, au sens le plus profond, la « race de ceux qui recherchent la face [de Dieu] » (Ps 23, 6) et, précisément pour avoir été des contemplateurs passionnés de la face de Dieu, ils ont su également transmettre aux autres les reflets lumineux de vérité, de beauté et de bonté qui en découlent.

Que la Très Sainte Vierge Marie, Siège de la Sagesse, veille toujours sur vos communautés académiques et sur chacun de vous. Qu’elle obtienne de l’Esprit Saint une abondance de sagesse, de science et d’intelligence, afin que, comme dit saint Paul dans l’Epître aux Ephésiens, vous puissiez « comprendre avec tous les saints, ce qu’est la Largeur, la Longueur, la Hauteur et la Profondeur, [et connaître] l’amour du Christ, qui surpasse toute connaissance, et vous entrerez par votre plénitude dans toute la Plénitude de Dieu » (Ep 3, 18-19).
Amen!

© L’Osservatore Romano

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ZENIT Staff

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