CITE DU VATICAN, Jeudi 24 octobre 2002 (ZENIT.org) – « Allez, soyez courageux! » : telle est l’invitation du Pape Jean-Paul II à tous les missionnaires du monde. Voici le texte de l’homélie de Jean-Paul II dans la traduction de L’Osservatore Romano du 22 octobre (cf. www.vatican.va)
Dans la matinée du dimanche 20 octobre 2002, le Pape Jean-Paul II a présidé sur la Place Saint-Pierre une Messe de béatification, au cours de laquelle il a élevé aux honneurs des autels six nouveaux bienheureux: Daudi Okelo et Jildo Irwa, catéchistes; Andrea Giacinto Longhin, Evêque; Marcantonio Durando, prêtre; Marie de la Passion, fondatrice des Soeurs Franciscaines missionnaires de Marie; Liduina Meneguzzi, missionnaire. Au cours de la célébration, le Saint-Père a prononcé l’homélie suivante:
1. « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit » (Mt 28, 19).
Jésus ressuscité quitte ainsi les Apôtres, avant de retourner au Père: « Allez! ». Sa dernière parole est une invitation à la mission, qui est dans le même temps une promesse, un testament et un engagement. Le Christ confie aux disciples son message de salut et leur demande de le diffuser et de le témoigner jusqu’aux extrémités de la terre.
Telle est la signification de la Journée mondiale des Missions d’aujourd’hui. Par une coïncidence providentielle, c’est précisément en cette journée que sont proclamés plusieurs nouveaux bienheureux, qui ont accompli de façon singulière le mandat d’annoncer et de témoigner l’Evangile. Il s’agit de Daudi Okelo et Jildo Irwa, Andrea Giacinto Longhin, Marcantonio Durando, Marie de la Passion et Liduina Meneguzzi.
Dans le contexte de la Journée mondiale des Missions, leur béatification nous rappelle que le premier service à rendre à la mission est la recherche sincère et constante de la sainteté. Nous ne pouvons pas témoigner avec cohérence de l’Evangile si, auparavant, nous ne le vivons pas fidèlement.
2. Mes pensées se tournent avant tout vers les deux jeunes catéchistes d’Ouganda, Daudi Okelo et Jildo Irwa. Ces deux témoins courageux n’étaient que des enfants lorsque, avec simplicité et foi, ils versèrent leur sang pour le Christ et son Eglise. Avec un enthousiasme juvénile pour leur mission et l’enseignement de la foi à leurs concitoyens, ils partirent en 1918 pour le Nord de l’Ouganda. C’est là, alors que l’évangélisation venait juste de commencer dans cette région, qu’ils décidèrent d’embrasser la mort plutôt que d’abandonner la région et faillir à leurs devoirs de catéchistes. Nous pouvons véritablement voir dans leur vie et dans leur témoignage qu’ils étaient « aimés et choisis de Dieu » (cf. 1Th 1, 4).
Daudi et Jildo sont élevés aujourd’hui à la gloire des autels. Ils sont présentés à la communauté chrétienne tout entière comme exemples de sainteté et de vertu, et comme modèles et intercesseurs pour les catéchistes à travers le monde, en particulier dans les lieux où les catéchistes souffrent en raison de leur foi, et doivent parfois affronter l’exclusion sociale et même le danger personnel. Puissent la vie et le témoignage de ces deux serviteurs dévoués de l’Evangile inspirer de nombreux hommes et femmes – en Ouganda, en Afrique, et partout ailleurs – à répondre avec générosité à l’appel à devenir catéchistes, en transmettant la connaissance du Christ aux autres et en renforçant la foi des communautés qui ont récemment reçu l’Evangile du salut.
3. « Je t’ai appelé par ton nom » (Is 45, 4). Les paroles avec lesquelles le prophète Isaïe indique la mission confiée par Dieu à ses élus expriment bien la vocation d’Andrea Giacinto Longhin, l’humble capucin qui a été pendant trente-deux ans Evêque du diocèse de Trévise, au début du siècle dernier, du XX siècle. Il a été un pasteur simple et pauvre, humble et généreux, toujours disponible envers son prochain, selon la plus authentique tradition capucine.
On l’appelait l’Evêque des choses essentielles. A une époque marquée par des événements dramatiques et douloureux, il s’est révélé un père pour les prêtres et un pasteur zélé de son peuple, toujours présent aux côtés de ses fidèles, en particulier dans les moments de difficulté et de danger. Il anticipait ainsi ce que devait souligner le Concile oecuménique Vatican II, en indiquant dans l’évangélisation « l’un des principaux devoirs des Evêques » (Christus Dominus n. 12; cf. Redemptoris missio, n. 63).
4. « Nous nous rappelons […] l’activité de votre foi, le labeur de votre charité, la constance de votre espérance » (1 Th 1, 2-3). Les paroles de l’Apôtre dessinent le portrait spirituel du Père Marcantonio Durando, de la Congrégation de la Mission et digne fils de la terre piémontaise. Il vécut de la foi et d’un ardent élan spirituel, en refusant toute forme de compromis ou de tiédeur intérieure.
A l’école de saint Vincent de Paul, il sut reconnaître dans l’humanité du Christ l’expression la plus grande, et dans le même temps la plus accessible et désarmante, de l’amour de Dieu envers chaque homme. Aujourd’hui encore, il nous indique le mystère de la Croix comme le moment culminant où nous est révélé le mystère insondable de l’amour de Dieu.
5. « Nous le savons frères bien-aimés de Dieu, vous avez été choisis par lui » (1 Th 1, 4). Marie de la Passion s’est laissée saisir par Dieu, capable de combler la soif de vérité qui l’habitait. Fondant les Soeurs Franciscaines Missionnaires de Marie, elle brûlait de communiquer les flots d’amour qui bouillonnent en elle et veulent se répandre sur le monde. Au coeur de l’engagement missionnaire, elle place l’oraison et l’Eucharistie, car pour elle adoration et mission se fondent en une même démarche. Nourrie de l’Ecriture et des Pères de l’Eglise, mystique et active, passionnée et intrépide, elle se donne avec une disponibilité intuitive et audacieuse à la mission universelle de l’Eglise. Chères soeurs, à l’école de votre fondatrice, en communion profonde avec l’Eglise, accueillez l’invitation à vivre, dans une fidélité renouvelée, les intuitions de votre charisme fondateur, pour que nombreux soient ceux qui découvrent Jésus, celui qui nous fait entrer dans le mystère d’amour qui est Dieu.
6. « Rapportez à Yahvé, familles des peuples, rapportez à Yahvé gloire et puissance » (Ps 95, 7). Les paroles du Psaume responsorial expriment bien l’aspiration missionnaire, qui a envahi soeur Liduina Meneguzzi, des Soeurs de saint François de Sales. Au cours de son existence, brève mais intense, soeur Liduina se prodigua en faveur de ses frères les plus pauvres et qui souffraient, en particulier à l’hôpital de la mission de Dire-Dawa, en Ethiopie.
Avec un zèle apostolique fervent, elle cherchait à faire connaître à chacun notre unique Sauveur, Jésus. A l’école de celui qui est « doux et humble de coeur » (cf. Mt 11, 29), elle apprit à diffuser la charité, qui naît d’un coeur pur, en surmontant toute médiocrité et inertie intérieure.
7. « Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Telle est la promesse que le Christ fit à ses disciples, en s’apprêtant à quitter le monde pour revenir au Père.
Je suis avec vous pour toujours! Je suis avec toi, dit Jésus, Eglise qui est en pèlerinage dans le monde. Je suis avec vous, jeunes communautés ecclésiales en terres de mission. N’ayez pas peur d’établir un dialogue avec tous. Apportez à chacun le message du salut! Soyez courageux!
Que Marie, Etoile de l’évangélisation, et les nouveaux bienheureux protègent et accompagnent vos pas sur les routes du monde. Amen!
© L’Osservatore Romano