CITE DU VATICAN, Mardi 22 octobre 2002 (ZENIT.org) – » Nos pratiques du diagnostic prénatal, ne s’orientent-elles pas vers un eugénisme de convenance ? », s’est interrogé le Dr Xavier Mirabel, au cours du congrès sur l’embryon (www.theembryo.com) qui s’est déroulé à Bruxelles samedi 19 et dimanche 20 octobre (cf. ZF021021).
– Résumé de l’intervention du Dr Xavier Mirabel –
Les pratiques de diagnostic prénatal se sont rapidement développées depuis une quinzaine d’années, suivant des progrès rapides de la médecine mais aussi une demande extrêmement forte des familles et des soignants aboutissant à un processus de surenchère. Aujourd’hui, elles retentissent fortement sur le vécu de la grossesse qui se trouve de plus en plus médicalisée dans un contexte extrêmement anxiogène, mais aussi sur les personnes handicapées. Certaines de ces personnes handicapées ont traduit ces pratiques comme un regard d’incompréhension posé sur leur existence par nos sociétés.
Nos pratiques du diagnostic prénatal, ne s’orientent-elles pas vers un eugénisme de convenance ? On peut sans doute déceler dès maintenant des signes qui doivent nous interroger : désengagement de la recherche et de la solidarité pour des maladies qui demain ne devraient plus exister ; tentatives de reconnaissance d’un « droit » à ne pas naître handicapé (affaire Perruche en France) ; rejet de plus en plus systématique par les familles des naissances non valides …
Le regard que je pose sur le fœtus et sur l’embryon n’est pas seulement une affaire de convictions personnelles. A l’échelon de la société, la pratique du dépistage prénatal a des retentissements importants dont on ne peut occulter la dimension violente.
Il ne s’agit plus d’alerter contre un risque de dérive eugénique mais d’ouvrir les yeux sur la réalité d’un eugénisme dont le caractère plus ou moins individuel ne réduit ni les risques ni l’aspect totalitaire. On peut d’ailleurs facilement constater que cet eugénisme qu’on dit individuel est finalement promu par des politiques de santé.
Par ailleurs, les pratiques de sélection prénatale vont se développer rapidement vers le diagnostic pré-implantatoire. Certains affirment que ces pratiques seraient moins douloureuses pour le vécu des familles, ce n’est peut-être pas si simple. Pour les personnes handicapées, le sentiment de rejet risque d’être accru.
Un jour, des personnes handicapées pourront nous demander : «L’embryon portant la même déficience que moi que tu rejettes, est-ce moi que tu rejettes ? ». Plus largement, le regard que je pose sur l’embryon, d’accueil et d’affection ou de rejet et d’exclusion, c’est le regard que je pose sur l’autre.
Si nous sommes en difficulté, c’est sans doute parce que nous ne savons plus reconnaître l’homme, ni dans la personne handicapée, ni dans le malade en fin de vie, ni dans l’embryon ou le foetus.
© theembryo.com