CITE DU VATICAN, Jeudi 10 octobre 2002 (ZENIT.org) – Le cardinal français Paul Poupard, président du conseil pontifical de la Culture a évoqué aujourd’hui au micro de Radio Vatican l’ouverture, il y aura quarante ans demain, du Concile Vatican II, et la préparation même du Concile: il était alors à Rome au service de la Secrétairerie d’Etat. Il a vécu « l’aggiornamento » et la « crise ». Nous traduisons de l’italien (cf. Radio Vatican).
« J’étais un jeune collaborateur de Jean XXIII à la Secrétairerie d’Etat où arrivaient les suggestions et les propositions pour le Concile de la part des évêques du monde entier. Le scénario, ici, à Rome, se renouvelait chaque jour, étant donné que les évêques allaient travailler dans les différentes commissions pré-concilaires de préparation au Concile, jusqu’à la grande ouverture: je me souviens du 11 octobre 1962. Il y avait un beau soleil d’automne, place Saint-Pierre, cette procession ininterrompue de milliers d’évêques du monde entier, de toute couleur, race et culture, et le « Papa Buono », profondément recueilli en prière et son discours d’ouverture au terme d’une cérémonie impressionnante.
« J’ai vécu toute la période conciliaire en contact avec pères conciliaires, les évêques, les experts, et – nouveauté absolue – la présence des frères séparés, la présence des auditeurs laïcs. Pour les Français, nos amis Jean Guitton, le philosophe, et Marie-Louise Menet, fondatrice de l’Action catholique des Milieux indépendants (ACI). Ce furent des années très riches, vécues surtout dans l’enthousiasme mais aussi avec des moments de tension, comme il est normal qu’il advienne dans un concile.
« Et puis, juste après le concile, une crise qui continue encore aujourd’hui. Cette crise a engendré le doute chez certains à propos du concile: il est toujours nécessaire de bien distinguer ce qu’a fait le concile et ce qui s’est produit dans le monde. Et sur ces événements, l’Eglise, hélas, n’a pas le pouvoir d’intervenir, en dépit de son désir. L’Eglise voulait s’ouvrir au monde, mais le monde, dans sa culture dominante, avait au contraire de moins en moins envie de s’ouvrir à l’Eglise.
« Et cela a fait que tout dialogue possible s’est transformé, si l’on peut dire, en monologue et certains ont vécu cette situation nouvelle avec une véritable angoisse. N’oublions pas que Newman, au siècle précédent, disait qu’il n’y avait jamais eu de concile qui ne fût suivi d’une crise. Et pour le dire en termes imagés: le concile représente toujours une sorte de dégel, mais arrivent ensuite les signes annonciateurs du printemps. Et c’est ce « petit printemps », comme le disait Jean XXIII, « l’aggiornamento », cette expression devenue mythique, qui signifiait pour lui le retour aux origines, à la Parole de Dieu et à l’Eglise, pour la rendre capable d’annoncer la Bonne Nouvelle au monde en accomplissant les adaptations nécessaires mais que certains ont cru comprendre comme une remise en question de la structure même de l’Eglise.
« Il y a eu, en particulier, la crise des prêtres, la remise en question du statut du prêtre et la diminution brutale des vocations sacerdotales, et religieuses. Et aujourd’hui encore, nous nous retrouvons dans la même situation, même avec un élément neuf et extrêmement important: l’émergence de nouveaux mouvements laïcs et religieux, et nous voyons aussi un nombre toujours croissant de jeunes, non seulement dans les grandes manifestations dont parlent les moyens de communication, mais ceux qui dans le silence trouvent la voie de la prière et de l’engagement dans ces nouveaux mouvements qui les accueillent.
« En conclusion, je pourrais dire qu’aujourd’hui, nous vivons le temps de l’espérance. Le Saint Père nous invite à revenir au concile comme unique objectif, en rappelant que le concile Vatican II, dans la pensée de celui qui l’a ouvert, Jean XXIII, et de son continuateur, Paul VI, et de tous les évêques qui y ont participé, a été considéré comme un signal pour notre monde, lancé par une Eglise présente dans le monde, non en vue de sa subversion mais de sa conversion ».