CITE DU VATICAN, Jeudi 10 octobre 2002 (ZENIT.org) – « Justice doit être rendue sur l’homicide de Mgr Gerardi parce qu’ils n’ont certes pas tué un chien! », confie à l’agence missionnaire italienne Misna Misna, Mgr Rodolfo Quezada Toruño, archevêque de Guatemala Ciudad, après le verdict d’acquittement rendu par la Cour d’Appel dans le procès Gerardi.
Les accusés condamnés en première instance, le colonel Byron Lima Estrada, son fils, le capitaine Lima Oliva, l’ancien garde du corps présidentiel José Obdulio Villanueva (condamnés à 30 ans de réclusion) et le Père Mario Orantes, ancien secrétaire de la victime (condamné à 20 ans de réclusion) sont donc libres.
« Les juges se sont comportés comme Pilate » s’est insurgé Mgr Quezada Toruño, « ils pouvaient confirmer la condamnation des accusés, mais ils ne l’ont pas fait pour ne pas mécontenter les militaires. Ils auraient donc pu les libérer, mais ils ne l’ont pas fait. Ils ont renvoyé le tout à un autre procès. Maintenant, il faudra tout recommencer depuis le début. Nous avons le droit de savoir qui a assassiné Mgr Gerardi, nous avons le droit de connaître la vérité. L’Eglise et la famille de Mgr Gerardi sont prêtes à pardonner, à condition que justice soit rendue » a conclu le prélat.
Le commentaire rapporté par Misna, de Mgr Rios Mont, évêque auxiliaire de la ville de Guatemala et responsable du Bureau des Droits de l’Homme de l’archidiocèse, va dans le même sens: « Nous poursuivrons notre engagement tant que nous ne trouverons pas la vérité, c’est tout ce que nous voulons », a-t-il souligné. « Nous respectons le parcours de la justice et s’il y avait des vices de forme dans le procès, nous respectons la décision de la Cour d’Appel, mais nous voulons que le monde et le Guatemala sachent que nous n’avons aucune intention de céder.
Nous ne permettrons pas que les coupables de la mort de Mgr Gerardi restent sans nom », a continué Mgr Rios.
« Ce sera une bataille longue et difficile, nous luttons d’ailleurs contre des éléments de l’armée qui, on le sait, jouissent de nombreux privilèges. Il y a quelques jours, les forces armées avaient déploré la grande attention que la presse nationale et internationale a réservé à l’affaire Gerardi, affirmant que ce fait pouvait se transformer en une sorte de pression sur les juges. Nous pensons que la présence des militaires au tribunal contribue à mettre déjà suffisamment sous pression le système judiciaire de ce pays », a précisé l’évêque auxiliaire.
« La vérité sera découverte, nous ignorons quand, mais nous savons que cela adviendra. Ce qui s’est produit n’est pas une nouveauté et il est inutile de trop se plaindre, il faut agir avec constance et continuer. Continuer jusqu’à ce qu’il y ait un véritable état de droit, qui se limite pour l’instant à des paroles et à des documents officiels. Cette situation changera, tôt ou tard, pour le bien du Guatemala ».
Mgr Gerardi fut assassiné 48 heures après avoir officialisé le dossier « Guatemala nunca más » (« Guatemala, plus jamais ça ») relatif aux crimes commis durant la guerre civile (1960-1996), dans le cadre du projet diocésain REMHI (Récupération de la Mémoire Historique et Justice). Le dossier fait état de plus de 55 mille cas de violation des droits humains documentés et de 200 mille cas de meurtres ou de disparitions. Le même dossier attribue 80 % des cas à l’armée.